Le terrorisme vise l’enfance

Sous le choc
(Photo AFP)

Comme l’a dit la Première ministre, Theresa May, c’est un attentat « épouvantable » qui a eu lieu dans la nuit de lundi à mardi à Manchester, faisant 22 morts et 59 blessés.

UN ACTE épouvantable parce que, cette fois, ce sont des enfants et des adolescents qui étaient visés par le terroriste, porteur d’une bombe de grande puissance et qui est mort dans la déflagration. En effet, dans la Manchester Arena, une salle de 21 000 places, la chanteuse Ariana Grande venait de donner un concert. Ses chansons sont particulièrement appréciées des enfants, jeunes ou moins jeunes. Le terroriste s’est fait sauter dans le hall de l’Arena alors qu’en sortaient les spectateurs au terme du show. La chanteuse hésite à poursuivre sa tournée en Europe (elle est censée venir à Paris), la campagne électorale en Grande-Bretagne a été suspendue après un accord entre Mme May et le chef de l’opposition travailliste, les messages de soutien et de condoléances arrivent de toutes parts à Londres, notamment du président Macron, qui devait téléphoner à Mme May dans la journée et du Premier ministre, Edouard Philippe.

Le risque zéro n’existe pas.

C’est le plus gros attentat commis au Royaume-Uni depuis ceux de 2005 contre les transports en commun, qui avaient fait de très nombreuses victimes. La première leçon de ce crime odieux, c’est qu’il visait des enfants. La deuxième, c’est qu’il n’y a évidemment pas de fouille des spectateurs à la sortie et que le kamikaze, porteur d’une bombe dite artisanale mais affreusement efficace, a choisi le moment, la fin du spectacle, où il ne serait pas repéré. Cela entraîne un nécessaire accroissement de la sécurité et le contrôle de la sortie des salles de spectacle, et va singulièrement compliquer la tâche des forces de police. Les Anglais sont parfaitement aguerris dans la lutte contre le terrorisme, puisque chez eux, elle a commencé non pas avec les combattants islamistes mais avec l’IRA. Ces derniers mois, des attentats individuels ont eu lieu au Royaume-Uni, mais celui-ci est particulièrement meurtrier.
On peut compter sur les Britanniques pour garder leur sang-froid. Le message envoyé par Daech, qui n’a pas encore revendiqué le crime de Manchester, concerne évidemment toute l’Europe qui, au-delà de la solidarité qu’elle a naturellement exprimée, s’inquiète pour sa sécurité, tout en essayant de de maintenir les activités culturelles. Anne Hidalgo, maire de Paris, a confirmé ce matin qu’il n’est pas question de réduire le nombre des concerts ni de les annuler tous. Le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, a tenu une réunion pour renforcer les dispositifs de sécurité en France. Le gouvernement ne doit pas néanmoins céder à la peur. Il doit s’assurer que tous les plans sécuritaires sont en vigueur, mais la France n’a pas besoin de nouvelles lois pour la protéger. Il faut bien admettre que, si les Britanniques ont subi ce nouveau choc en dépit d’un système de protection exemplaire, c’est bel et bien que le risque zéro n’existe pas. Ce qui signifie qu’un surcroît de vigilance est nécessaire mais pas une hausse du nombre de dispositions. Quand un attentat a lieu, il faut se rappeler tous ceux qui ont été déjoués.

Trump : des « losers ».

La police britannique dit que l’auteur de l’attentat-suicide était seul. Il demeure que, pour préparer une bombe qui a fait autant de victimes, il fallait disposer d’une logistique considérable. L’enquête démontrera sûrement de quels soutiens matériels et humains le kamikaze bénéficiait. On peut s’attendre à une chasse à l’homme dans les prochaines heures. Au Proche-Orient, où il est en visite officielle, Donald Trump a dénoncé les « losers » (les perdants) qui continuent à accomplir en Europe des attentats meurtriers. Je veux bien que, d’un point de vue philosophique, ils aient perdu la bataille avant de l’engager. Mais leur ambition est satisfaite : tout ce qu’ils veulent, c’est rendre notre vie impossible et nous priver ainsi de nos libertés. Les sociétés occidentales sont d’autant plus fragiles qu’elles sont ouvertes et que, dans le monde civilisé, normalement, on ne fouille pas les spectateurs qui vont au concert ni les passagers qui prennent un avion. Nous avons tous déjà payé un lourd tribut au terrorisme, non seulement à cause du nombre des victimes et de leurs souffrances, mais parce que nous avons été contraints à faire de notre sécurité physique la toute première de nos priorités. Les assassins sont peut-être des « losers », ils représentent cependant bien plus qu’une nuisance.

RICHARD LISCIA

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2 réponses à Le terrorisme vise l’enfance

  1. Michel de Guibert dit :

    Ils n’aiment pas la musique, ils n’aiment pas la vie, ils ne savent que haïr…

  2. deregnaucourt dit :

    Le kamikaze ne « visait » peut être pas des enfants, mais pour les raisons que vous avez citées, il a ajouté à la lâcheté la facilité (d’accès).

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