14 juillet : le deuil persiste

Mme Trump ce matin à l’hôpital Necker
(Photo AFP)

Les cérémonies du 14 juillet seront triomphales à Paris, avec la présence du président américain à Paris et endeuillées à Nice où le souvenir de l’attentat épouvantable de l’année dernière demeure vif et douloureux.

A QUOI s’ajoute l’impair commis par « Paris-Match » qui publie ce jeudi des photos de l’attentat au camion, ce qui a provoqué la colère des familles des victimes. Le parquet a demandé le retrait des exemplaires de l’hebdomadaire, tandis que la direction du journal continue à défendre « le droit à l’information ». Il ne faut pas oublier que le terrorisme compte sur ce que j’appellerai la permanence de l’horreur pour que l’effet traumatisant de ses crimes de masse dure aussi longtemps que possible. Souvent accusés à tort et à travers, les journaux ne doivent pas tomber dans le piège de la course à l’information. « Paris-Match », en définitive, a seulement réussi à rejoindre la presse à sensation, ce qui ternira sa réputation.

L’argument « gaulliste ».

De son côté, le président de la République a réservé un accueil somptueux à son homologue américain, ce qui lui vaut, comme il fallait s’y attendre, les vives critiques de la France insoumise, pas gênée pour revendiquer le gaullisme et sa fermeté diplomatique, parfois excessive, à l’égard d’une puissance qui a été notre alliée en toute circonstance et dont les vertus et les tares ne se résument jamais à un président élu pour un temps limité. 2017, c’est le centième anniversaire de l’entrée en guerre des Américains contre l’Allemagne lors de la guerre de 14-18, et ce renfort a été décisif dans la victoire des alliés. En ces temps troublés, nous avons la mémoire courte. Sans les États-Unis, la Première Guerre mondiale aurait pu durer plus longtemps et ne pas se terminer à notre avantage. Or ce conflit fut une énorme boucherie, en faisant des millions de morts chez les divers belligérants.
La question n’est pas de savoir s’il faut remercier aujourd’hui les Etats-Unis pour ce qu’ils ont fait il y a un siècle. Elle porte sur ce qui a réuni Français et Américains lors des deux guerres mondiales, sur les liens de sang que nous avons noués et que personne, même pas M. Trump, ne peut distendre. Ce que fait M. Macron est simple : il montre que M. Trump ne peut pas échapper au poids du passé, qu’il ne peut pas renier le sacrifice de centaines de milliers de ses compatriotes, ni l’absolue nécessité d’une intervention américaine dans les deux effroyables guerres du XXè siècle. Ses idées isolationnistes et protectionnistes ne résistent pas à la démonstration par la célébration de ces anniversaires ; car l’épreuve commune unit les peuples bien mieux que les affinités politiques ou culturelles.

L’illusion isolationniste.

Je me souviens que, lorsque j’ai commenté avec une certaine virulence le Brexit l’année dernière, quelques lecteurs ont cru bon de me rappeler ce que nous devons aux Britanniques, comme si je l’ignorais. C’est justement au nom des sacrifices que nous avons faits ensemble pendant les deux guerres mondiales que les Britanniques n’auraient pas dû rejeter l’Europe, et donc la France. Paniqués par l’immigration, ils ont complètement oublié combien des leurs sont morts pour délivrer l’Europe du joug totalitaire.
Il en va de même pour les États-Unis. À Londres, Theresa May sait déjà que ses jours politiques sont comptés parce que son pays s’est lancé aveuglément dans une mésaventure dont les effets négatifs sont difficiles à définir mais réels. À Washington, les très faibles théories de M. Trump n’ont pas d’avenir parce qu’elles sont en contradiction totale avec ce qui fait la grandeur de l’Amérique, cette grandeur que le président américain croit servir en la projetant dans une voie si étroite qu’il l’affaiblira à coup sûr. M. Macron n’a pas d’autre objectif que de lui rappeler quels événements essentiels dans l’histoire des relations entre l’Amérique et l’Europe, entre l’Amérique et la France, ont rapproché les deux continents et créé entre eux des relations insolubles. On trouvera toujours des gens pour vilipender les États-Unis. L’anti-américanisme primaire est un fonds de commerce pour les ultras nationalistes et pour l’extrême gauche, toujours contente de végéter dans l’archaïsme.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à 14 juillet : le deuil persiste

  1. Michel de Guibert dit :

    Oui, il est juste d’inviter le président des États-Unis d’Amérique, quoi que l’on pense de ce président, pour commémorer le 100ème anniversaire de l’entrée en guerre de nos alliés.
    Je serai beaucoup plus critique quand l’heure viendra l’heure de commémorer le traité de Versailles, qui a fait le lit de la Deuxième Guerre mondiale.

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