Un nouveau plan Hulot

Hulot : déterminé
(Photo AFP)

Ministre de l’Environnement, Nicolas Hulot annonce, dans « Libération » de nouvelles mesures contre la pollution. Il confirme ainsi que le gouvernement ne se laissera pas détourner d’une tâche qu’il considère comme essentielle : la création d’un réseau assez serré de dispositions pour contraindre les Français à changer leurs habitudes et lutter plus efficacement contre le réchauffement climatique.

M. HULOT accorde une prime de 2 500 euros pour l’achat d’un véhicule électrique ; l’acquisition d’une voiture moins polluante (même d’occasion) donnera lieu au doublement de la prime, de 500 à 1000 euros. Un chèque énergie sera accordé à 4 millions de foyers pauvres et son montant sera compris entre 48 et 227 euros ; le Cite, crédit d’impôt pour la transition énergétique, sera versé immédiatement après la fin des travaux d’isolation d’un logement ; la transformation d’une chaudière au fuel (en chaudière à bois ou à pompe à chaleur) donnera lieu à une contribution de l’État plafonnée à 3 000 euros. Il s’agit d’une partie seulement d’un vaste plan d’ensemble qui contient aussi la fermeture d’un certain nombre de réacteurs nucléaires (jusqu’à 17) et l’amélioration des transports en commun. À ce jour, toutefois, aucune fermeture n’a été décidée, même pas celle de Fessenheim. Nicolas Hulot semble disposer d’une certaine autonomie au sein du gouvernement, mais sa détermination est assortie d’une certaine prudence. Il fait ce qu’il veut et multiplie les initiatives personnelles. Il ne sort pas d’un périmètre au-delà duquel il ne peut rien décider sans l’accord formel du président ou du Premier ministre.

Où trouver l’électricité ?

On notera néanmoins qu’il existe une contradiction entre la volonté de passer au tout-électrique et celle de réduire la production d’électricité par des centrales atomiques. L’achat d’un automobile électrique pose déjà) la question de la recharge des batteries. Peu de conducteurs opteront pour la filière zéro pollution s’ils ne sont pas assurés de disposer d’un maillage serré de stations-service pour recharger. Les constructeurs en sont à l’aube de l’automobile électrique et non pas, comme ils l’affirment, dans une ère nouvelle, avec une adhésion massive de la population. La voiture électrique n’est viable que si son prix correspond au budget du client, si la recharge est assurée à tout moment, si l’on parvient à produire massivement de l’électricité avec des sources non-polluantes (soleil, vent, mer), et, enfin, si la technologie des batteries s’améliore grâce à la miniaturisation et à la simplification. Aujourd’hui, on utilise des métaux rares que l’on extrait seulement en Chine et dont le minerai n’est pas renouvelable. L’actuelle expérience des batteries est donc limitée dans le temps : ou bien on met au point une source électrique beaucoup plus légère et durable, ou bien le moteur hybride (électricité-essence) s’imposera. A moins que l’on explore une autre filière, par exemple celle de l’hydrogène dont certains experts affirment qu’elle produit de la vapeur d’eau qui contribue à l’accumulation des gaz à effet de serre.

Le pétrole a encore de beaux jours.

Le tout-électrique ne représente donc pas, au niveau de la planète, une solution pour l’automobile de demain. La technologie de ce type de véhicule en est à ses balbutiements ; la quantité d’électricité à produire dans un monde où l’amélioration du niveau de vie, par exemple, en Chine, mettra des centaines de millions de conducteurs supplémentaires sur les routes, est tout simplement inimaginable. On a peut-être conçu un véhicule électrique qui fonctionne bien. On n’a pas prévu l’immense logistique sans laquelle il ne remplacera pas le moteur à explosion. Exposer les contradictions contenues dans les efforts des gouvernements pour réduire l’émission de gaz et de polluants ne traduit pas une quelconque hostilité à la sauvegarde de l’environnement. C’est seulement un moyen de rester lucide avant d’accomplir une tâche peut-être insurmontable. L’auto du particulier se situe à la fin d’une chaîne de production qui remonte à l’existence du pétrole, à la relative facilité avec laquelle on s’en procure et à son prix, considéré comem élevé mais qui, en réalité, est imbattable.

RICHARD LISCIA

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4 réponses à Un nouveau plan Hulot

  1. mathieu dit :

    Encore un grand dessein de ce gouvernement, fondé sur un concept vertueux inattaquable… qui risque de se briser sur le mur des réalités. Et puis, 60 millions d’individus vertueux, malgré tous leurs méritoires efforts, ne peuvent refroidir ni épurer l’atmosphère respirée par 6 milliards. Une question : que devient le rail dans le plan Hulot ? les trains (électriques) sont remplacés par les bus (Macron, au gazoil!) et par le fret routier, chaque jour plus expansif et envahissant nos autoroutes, avec un ratio de pollution et de dette carbone de 100 pour un (une loco électrique vs 50 poids lourds au fuel pour une même quantité transportée)… Ce gouvernement est, décidément, encore en CP, il faut qu’il saute vite beaucoup de classes pour se mettre au niveau!

  2. VJ dit :

    Il y a peu d’années encore, un système expérimental « idéal » avait été mis au point et réalisé dans trois petits pays; il était intitulé « Better Place », copiait les anciens relais de diligence, avec un système d’échange quasi-instantané des batteries dans un maillage serré de stations-services. Il a mis la clef sous la porte, sous l’action des lobbies pétroliers qui ne veulent pas lâcher si vite leurs poules aux œufs d’or.
    Gageons que ces mêmes lobbies feront tout pour gêner l’avènement de la voiture électrique. Quant à M. Hulot, il n’est pas à une contradiction près concernant la production d’électricité alternative, car entre un moulin à vent et une centrale nucléaire, il n’y a pas photo. Ni même à une contradiction écologique près, si l’on songe aux centrales allemandes au charbon, qui selon les vents, créent -parfois- les fameux pics de pollution parisienne, dont on a vite fait d’en punir les automobilistes bien opportunément diabolisés.

  3. Harald SONTAG dit :

    Les Suisses, gens pragmatiques, ont résolu partiellement le problème de la pollution engendrée par des milliers de camions qui traversent leur territoire : ils ont installé les camions sur des trains réguliers et fréquents ; une liaison existe entre Bettencourt ( frontière luxembourgeoise) et Narbone pour le transport des camions qui n’ont plus à polluer la France et permettent aux chauffeurs de se reposer. Cette solution est combattue par les cheminots SNCF, car c’est une compagnie privée qui opère ce transport. D’où une réussite mitigée, alors que ce serait une vraie révolution si on multipliait les trains à partir de Lille, Strasbourg ou dans l’autre sens, ce qui en diminuerait aussi le coût. Cette solution n’est pas très difficile à mettre en place.

  4. Domurado dit :

    « Une autre filière, par exemple celle de l’hydrogène dont certains experts affirment qu’elle produit de la vapeur d’eau qui contribue à l’accumulation des gaz à effet de serre. »
    1. Que la combustion de l’hydrogène produise de la vapeur d’eau, tous les « experts » (et pas seulement « certains ») … qui ont suivi UN cours de chimie vous le diront.
    2. Que la vapeur d’eau soit un gaz à effet de serre est bien connu, au moins des météorologues : c’est pour cela que la température baisse davantage les nuits où l’atmosphère est sèche.
    3. Par contre, que la vapeur d’eau « contribue à l’accumulation des gaz à effet de serre » est probablement la meilleure blague de l’année : il arrive qu’il pleuve ! Autrement dit que la vapeur d’eau retombe au sol.

    Réponse
    Donc ce que je dis est vrai : j’ai rapporté des propos que j’ai lus et entendus. Bravo : vous venez de révéler au monde que je ne suis pas chimiste. Aussi n’ai-je jamais prétendu l’être. Je suis ravi d’avoir publié votre commentaire dont l’arrogance et l’évidente supériorité scientifique n’échapperont pas au lecteur.

    R.L.

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