Le Pen à la peine

Marine Le Pen, hier, sur France 2
(Photo AFP)

Marine Le Pen est venue hier soir à France 2 pour corriger l’effet désastreux de son débat avec Emmanuel Macron entre les deux tours de la présidentielle. Certes, elle est plus à l’aise quand il s’agit de répondre aux questions, mais, avec seulement une audience de 1,7 millions de personnes, on ne peut pas dire qu’elle ait attiré les foules.

SA SÉPARATION d’avec Florian Philippot semble avoir réduit sa combativité. Elle a dit beaucoup de platitudes, comme c’est le cas chaque fois que l’on veut rogner les arêtes d’un discours. Soucieuse de se re-présidentialiser, elle a été plutôt ennuyeuse, même quand elle répondait aux questions de Laurence Parisot et de Gérald Darmanin, notamment sur les sujets économiques, pour lesquels elle fait rarement preuve de compétence. Sur l’abandon de l’euro par un gouvernement dirigé par le Front national, elle a eu cette réponse bouleversante : « Nous allons voir ». Ce parti, voué à la rupture avec toutes les gouvernances passées, ne sait pas vraiment ce qu’il veut ni ou il va. Mme Le Pen ne dira ni qu’elle renoncera à l’euro ni qu’elle n’y renoncera pas. « Je n’ai pas une vision idéologique de la monnaie », dit-elle. Mais de quoi parle-t-elle ? C’est la politique de l’incertitude, de l’improvisation, de l’ignorance et de l’esquive dans un domaine essentiel, qui concerne la vie de tous les jours.

Les raisons d’un divorce.

L’émission lui a offert l’occasion de rejeter une fois encore les activités sinistres de l’ultra-droite (11 personnes ont été interpellées que l’on soupçonne d’avoir envisagé de commettre des attentats), mais était-ce bien nécessaire de lui poser une question dont on connaissait la réponse à l’avance ? Le Front n’est pas un parti subversif et, s’il continue à dénoncer les institutions et leur fonctionnement, il s’y coulerait avec volupté dans le cas encore très hypothétique de son accession au pouvoir. Plus intéressante, son opinion sur Florian Philippot, qu’elle a stigmatisé avec vigueur, sans que l’on ait vraiment compris les raisons de leur divorce politique. Sur quoi n’étaient-ils pas d’accord, sinon sur l’euro et, comme chacun sait que M. Philippot fait du retour à la monnaie nationale l’étendard de son action politique, pourquoi Mme Le Pen n’a-t-elle pas dit hier sans la moindre réserve qu’elle ne veut plus sortir de l’euro ?

Toutes les options.

En même temps, elle craint de rejoindre les partis classiques et elle ne partage son rejet actuel de la monnaie unique qu’avec la France insoumise. Un parti, justement, qui se différencie beaucoup moins du Front national que M. Mélenchon le prétend. Après tout, le contenu des idées exprimées par le FN a une forte connotation sociale. Il est fondé sur la même générosité impossible à financer que celle de LFI. Au fond, à quoi le Front national sert-il sinon à faire un barrage (verbal) à l’immigration? Si Marine Le Pen croit à l’identité nationale, elle peut dialoguer avec Laurent Wauquiez ; si elle se pose en défenseur des pauvres et censeur des grandes entreprises , elle peut passer avec armes et bagages dans le camp de l’extrême gauche ; et si tous les accommodements auxquels le FN semble chercher avec la construction européenne correspondent à une évolution sincère, elle peut rejoindre le centre.
En réalité, Marine Le Pen, qui a recueilli 34 % des suffrages au second tour de la présidentielle, ne dispose même pas d’un programme solide et convaincant, n’a pas réglé le problème posé par la défection de M. Philippot et avance entre deux eaux : la nécessité de singulariser le Front par un discours toujours provocateur, négatif, incendiaire, et celle de présenter une formation sérieuse, travailleuse, organisée, capable de gouverner. Le grand écart.

RICHARD LISCIA

Ce contenu a été publié dans Non classé. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Une réponse à Le Pen à la peine

  1. Chambouleyron dit :

    Madame Marine Le Pen ne m’intéresse pas. Votre chronique sur papier du 19 octobre 2017 beaucoup plus. Sur l’abus de pouvoir. Essentiellement des hommes puisque c’est eux qui l’ont ! Et le sexe est une arme pour eux. Depuis la nuit des temps ….et les religions monothéistes qui font de la femme le second de l’homme. Ce soudain déchaînement de pleurnicheries dans le genre de Fonda ou Tarantino est exaspérant et d’une hypocrisie sidérante. Weinstein prépare sa défense : il va se faire soigner et personne ne se tord de rire. Il est vrai que les sommes en jeu pour les cliniques de soins de l’addiction sexuelle le nouveau avatar du machisme ambiant dont ne sont pas exemptes les femmes. Oui des femme ont de très mauvaises opinions de leurs sœurs de sexe. Alors espérons que l’#balancetonporc qui soulage conduira, car c’est primordial, à une législation sévère aux décrets d’application effectifs et qu’une réinitialisasion de nos comportements qui durera des décennies permettra de sourire à une femme sans arrière pensée.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.