Macron l’Africain

Macron à Ouagadougou
(Photo AFP)

Emmanuel Macron a commencé son périple en Afrique par un séjour au Burkina-Faso qui restera dans les annales. Il y a prononcé quelques déclarations qui, comme d’habitude, ont déclenché la hargne des opposants professionnels. Aujourd’hui et demain, il participe au sommet Union africaine-Union européenne à Abidjan.

LE PRESIDENT de la République refuse de changer de  style et parle avec désinvolture, même quand on lui demande la prudence et la modération. L’extrême droite feint de découvrir chaque jour une phraséologie qui serait non pas spécifique de son caractère, mais liée à son inexpérience. Comme il l’a fait en Algérie, avant d’être élu, il a formulé un jugement sans appel contre les « crimes de la colonisation ». S’exprimant devant des jeunes qui l’ont successivement hué et applaudi, il s’est permis de rappeler que la démographie africaine menace le développement du continent. « Vous faites trop d’enfants ! ». On peut certes le dire d’une autre manière, mais, à raison de sept à huit enfants par femme, l’excédent de naissances en Afrique est un problème lourd que les dirigeants africains doivent corriger d’urgence par une politique de planning familial.

La fin de la Françafrique.

Mais, d’une façon générale, M. Macron a exposé longuement son chaleureux soutien aux peuples africains. Il a annoncé la fin de la « Françafrique », la mise en oeuvre d’une politique débarrassée du paternalisme et consacrée au développement d’un continent « qui n’est ni perdu ni sauvé » , ou tout reste à faire. Les jeunes Burkinabé qui l’écoutaient se sont plaints du mauvais fonctionnement de la climatisation dans la salle. « Mais je ne suis pas le président du Burkina, a répondu M. Macron, je ne suis pas venu réparer la clim’ ! » Il a fait mine ensuite d’aller chercher le président burkinabé, Roch Kaboré, qu’il n’a pas trouvé, ce qui l’a amené à dire que son homologue était déjà allé s’occuper de la réparation. On peut en rire ou s’en fâcher, il n’y a pas là de quoi fouetter un chat. Mais bien sûr, les perdants des élections, incapables de digérer leur défaite, se jettent sur le moindre mot du président avec l’espoir de le disqualifier, comme si, en affaiblissant le gouvernement par leurs propos, ils avaient la moindre chance de s’emparer du pouvoir. Le vice-président du Front national, Nicolas Bay, a dénoncé ce matin une « attitude assez scandaleuse » (pourquoi assez, pourquoi pas très ?) et l’inénarrable Nicolas Dupont-Aignan, chef de « Debout la France », dont le discours accumule les épithètes à mesure que sa formation s’enfonce inéluctablement dans l’infiniment petit, croit avoir compris que M. Macron « est à la limite du racisme ». L’hôpital qui se moque de la charité. Aujourd’hui encore, un sondage indique une hausse de quatre points de la popularité du chef de l’Etat.

Le nerf de la guerre.

Aujourd’hui et demain a lieu le sommet euro-africain à Abidjan, Côte d’Ivoire, qui réunit 83 chefs d’Etat ou de gouvernement, 55 pays africains, 28 pays européens et 5 000 personnes au total. Parler de l’avenir de l’Afrique, c’est prendre des décisions au sujet de l’immigration, de la lutte contre les djihadistes islamistes, des énormes efforts accomplis par la France seule sur le plan militaire, du développement économique. Une force regroupant les combattants de cinq Etats africains, Mali, Niger, Mauritanie, Burkina Faso et Tchad, doit être mise en place prochainement. L’Union européenne a promis de contribuer, à hauteur de 50 millions d’euros, à la constitution de cette force, pour un budget, total mais insuffisant, de 240 millions dont la moitié seulement a été réunie. Aborder sérieusement la question de la sécurité en Afrique, la mise au pas des esclavagistes de Libye, la lutte contre Daech en Afrique occidentale, c’est accepter le financement d’une armée capable de vaincre les terroristes. Et ça coûte cher.  Cette force doit voir le jour, car la France ne peut pas accomplir indéfiniment son effort de guerre en Afrique. Le problème est aigu et urgent. Il doit être résolu par l’adoption d’un budget approprié.

RICHARD LISCIA

 

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2 réponses à Macron l’Africain

  1. Michel de Guibert dit :

    L’Afrique est sous-peuplée ; le problème de son développement économique passe d’abord par la lutte contre la corruption et le pillage de ses ressources, et par les conflits armés qui la déchirent en trop de pays.

  2. Dominique Hauteville dit :

    Crimes de la colonisation !… Et Laveran en Algérie , Yersin au Viet-Nam , la lutte contre les grandes endémies en Afrique sub-saharienne ! Notre président manque de connaissances en histoire .

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