Des djihadistes encombrants

Macron et Collomb à l’hyper casher
(Photo AFP)

Le débat autour des djihadistes français détenus en Syrie ou en Irak ou libres, mais désireux de rentrer en France, quitte à passer en jugement, ne cesse de s’amplifier. Pas seulement parce que leurs avocats insistent sur leurs droits mais parce que, dans l’esprit d’une partie de l’opinion, traîne l’idée qu’ils seraient des justiciables comme les autres.

LA NATURE même de cette discussion, entretenue par des juristes très attachés au traitement par les règles de droit pénal des crimes les plus abominables, révèle une sorte de pusillanimité publique face au terrorisme. On pouvait espérer que l’affaire était entendue, qu’il n’existe pas de pardon possible pour les auteurs d’attentats, que les djihadistes avaient choisi leur destin en toute responsabilité et qu’ils avaient quitté leur pays avec la certitude de vaincre ou de mourir. Dès lors qu’ils ont perdu la bataille mais sauvé leur vie, voilà qu’ils se transforment en cas juridiques compliqués et que nous aurions, collectivement, le devoir de les rapatrier à nos frais, de les détenir et de les faire juger en toute sérénité. C’est le paradis sur terre auquel ils se convient eux-mêmes après avoir cru qu’ils iraient dans celui où 70 vierges attendent chacun des combattants.

Le plan B du djihadisme.

Bientôt, leurs avocats nous les présenteront comme des cas « humanitaires » que nous ne pourrions négliger qu’aux dépens du droit français et des libertés dont bénéficie tout citoyen. Qu’on me permette de rappeler que le djihadisme est l’opposé absolu de la citoyenneté française. Qu’ils aient ou non déchiré leurs papiers d’identité, ils ont pris les armes contre divers pays mais ils sont entrés dans la guerre en abjurant la société d’où ils viennent et contre laquelle ils se sont battus avec acharnement. Dimanche, on commémorait le troisième anniversaire des attentats contre « Charlie-Hebdo » et l’hyper-casher. On ne peut laisser libre cours à la compassion pour les victimes que si l’on n’est pas décidé à se dresser par tous les moyens dont on dispose pour vaincre leurs bourreaux. Tout se passe comme si, au contraire, le djihadisme avait un plan B. Si je gagne, j’aurai détruit l’ennemi, si je perds, je rentre à la maison.

Eh bien, non. Un procès et une détention seraient, dans leur cas, une bien modeste punition. On célèbre les anniversaires les plus sinistres, mais on semble oublier de quoi ils nous parlent. Il s’agit de crimes massifs, commis de sang-froid contre des civils innocents, avec une lâcheté insigne. Il s’agit de morts par dizaines, de sang, de vies brisées, de corps paralysés, de séquelles interminables. Il s’agit non pas de combattants exposés aux risques de la guerre, mais d’assassins voués à tuer le plus de civils possible. Je veux bien que le profil de chacune de ces personnes soit différent ou unique ; je veux bien que leurs enfants, innocents, soient rapatriés ; je veux bien que certaines des femmes djihadistes se sont contentées d’être des épouses ou des mères. Mais il faut quand même respecter le choix de ces gens, qui n’ignoraient pas qu’ils brûlaient les ponts avec la France quand ils ont décidé de la trahir, d’en renier le droit, le drapeau et les moeurs.

Le cas d’Emilie König.

On monte en épingle la cas  d’Emilie König, pasionaria du niqab, qui a abandonné deux fils pour aller concevoir trois enfants au Proche-Orient, qui s’est fait filmer par des journalistes français, qui a participé à diverses actions de propagande et a fréquenté le mouvement Forsane Alizza. Elle est détenue  par les Kurdes en Syrie et on se demande si elle ne doit pas être rapatriée. Je ne vois pas pourquoi son choix du nihilisme devrait être compensé par notre choix de lui rendre justice. Il suffit de l’abandonner à son sort.

Autrement, on va faire des procès ponctuels sur des cas individuels,  alors que les victimes françaises du djihadisme ont été brisées par un mouvement « romantique » qui fait que les embrigadés portent la culpabilité de l’ensemble des crimes commis au nom de l’islamisme. On va permettre aux djihadistes d’expliquer en long et en large leurs convaincantes motivations. Ils vont nous expliquer pourquoi la société qu’ils appellent de leurs voeux passe nécessairement pas la destruction de la nôtre. Ou bien quoi ? Qu’ils regrettent ? Qu’ils se sont fourvoyés ? Qu’ils méritent la seconde chance qu’ils n’ont jamais accordée à leurs victimes ? Qu’ils ont le « droit » de rester vivants après avoir assassiné, décapité, humilié des innocents dans des scènes sataniques complaisamment filmées pour épouvanter des peuples entiers ? Ils se sont déshumanisés avec un soin, une minutie, une persévérance qui excluent toute idée de repentance. Leur défaite ne les absout pas.

RICHARD LISCIA

 

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8 réponses à Des djihadistes encombrants

  1. phban dit :

    Entièrement d’accord avec vous. Ces individus ont trahi leur pays, pris les armes contre lui, en situation de guerre. Ils méritent la peine de mort, donc, à défaut, qu’on les laisse où ils sont ou que, s’ils ont le culot de rentrer en France, qu’ils croupissent à perpétuité en prison.

  2. gegau dit :

    Approbation à mille pour cent.

  3. Alan dit :

    Excellent et courageux article, merci M. Liscia pour ce discours clair, c’est important.

  4. JV dit :

    Approbation ; et pourtant vous êtes classé parmi les modérés. Même les conjoints, en partie complices, et la progéniture, pourraient représenter de potentielles bombes à retardement (sans jeu de mots) pour notre république. Il paraît logique donc, de les laisser à leur sort comme vous dîtes. Les enfants nés sur place n’ont d’ailleurs pas la nationalité francaise, et les parents devraient être déchus de la leur. Difficile aussi à prouver si les papiers ont été brulés comme leurs vaisseaux. On dit que des commandos spéciaux font de l’élimination ciblée extra-judiciaire sur place pour gérer ces problèmes.

  5. DOCBOB dit :

    Grandeur de la France. Nous soignons dans nos hôpitaux les djihadistes blessés au combat de retour au pays avant qu’ils ne perçoivent l’allocation adulte handicapé.

  6. bruter dit :

    Hallucinants, ces terroristes qui veulent détruire notre société et ses valeurs, et qui, quand ils ont été pris, veulent se réfugier derrière ses lois ! Qu’ils restent où ils ont été pris et en subissent les conséquences.

  7. ostré dit :

    On va donc refuser les migrants dits économiques innocents et victimes pour accepter des terroristes actifs ou passifs!

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