SNCF : la contre-attaque

Sud-Rail, le 7 mai
(Photo AFP)

L’intersyndicale de la SNCF a décidé de procéder à une consultation des cheminots, du 14 au 21 mai, pour qu’ils se prononcent pour ou contre la réforme. Le 14 mai est censé être une journée sans trains.

L’INTERSYNDICALE s’est probablement inspirée du référendum d’Air France qui s’est traduit par une majorité à 55 % contre les propositions salariales de la direction. La démission de Jean-Marc Janaillac, le P-DG, a cependant entraîné un malaise qui, jusqu’à présent, a conduit les syndicats de la compagnie aérienne à ne pas lancer un appel pour un nouvel épisode de grève. De la même manière, le mouvement à la SNCF a commencé à s’effriter  : le nombre de grévistes a diminué et le nombre de trains en circulation a augmenté. Les syndicats s’appuient sur une mobilisation des conducteurs suffisamment forte pour empêcher le retour à la normale.

Inventivité syndicale.

Interrogée ce matin sur RTL, la ministre des Transports, Elisabeth Borne, a déclaré que la consultation ne bloquerait pas la réforme, contenue dans un texte adopté en première lecture à l’Assemblée nationale et qui, à la faveur de la navette avec le Sénat, peut encore être amendé sur certains points, étant entendu que le gouvernement restera intraitable sur le statut des cheminots et sur la mise en concurrence de la SNCF à l’horizon 2020. L’idée de la consultation est de donner au point de vue syndical une légitimité par le vote mais elle reste en contradiction avec l’adoption de la loi et avec ce que l’on sait d’une majorité de l’opinion, qui pense que la réforme doit être menée à son terme. En outre, l’inventivité des syndicats, qui, chaque semaine, trouvent des moyens nouveaux pour empêcher la fin de la grève, consultation, journée morte, concentration sur les conducteurs grévistes, comporte le risque de soulever chez les usagers un ras-le-bol contre les cheminots. A quoi il faut ajouter que l’opinion publique, lassée par cette grève interminable, peut aussi exiger du gouvernement qu’il sorte de son immobilisme et de sa raideur légitimiste et commence à nuancer ses positions.

Casse-tête fiscal.

D’une certaine façon, le Premier ministre, Edouard Philippe, a commencé à le faire en recevant lundi dernier, séparément et successivement, les syndicats représentés à la SNCF. Du coup, il a réanimé la CFDT, syndicat considéré comme réformiste, mais plutôt fâché avec le gouvernement qui, soucieux de tenir tête à la CGT, a abandonné la CFDT en rase campagne, et ne l’a pas associée à son plan d’action. Bien que le propos de M. Philippe ait essentiellement porté sur la dette de la compagnie ferroviaire, le chef de la CFDT, Laurent Berger, croit maintenant qu’il est possible, grâce au débat au Parlement, de modifier le projet de loi dans un sens plus conforme aux exigences syndicales. M. Berger sait pourtant que le gouvernement ne cèdera ni sur la réforme du statut de cheminot, qui sera remplacé par une nouvelle convention professionnelle ni sur la mise en concurrence de la SNCF. Le Premier ministre a promis qu’une partie substantielle  de la dette, évaluée à quelque 50 milliards d’euros, serait progressivement reprise par l’Etat d’ici à 2020. Un autre casse-tête fiscal, car les pouvoirs publics, cette semaine, se sont engagés à supprimer la taxe d’habitation pour tous les ménages d’ici à 2021. Deux décisions qui, cumulées, représentent une somme énorme, dont le financement serait assuré non par une hausse des impôts mais par une réduction de la dépense publique, aussi drastique qu’improbable.

Pour le moment, on en est là. Pour les usagers, la galère continue, avec un point d’orgue le 14 mai : il sera pratiquement impossible, pour les salariés, de se rendre à leur lieu de travail. La grève de la SNCF est devenu un cas d’école. Les syndicats ne se contentent plus de revendiquer, ils se sont jetés dans une bataille politique et ont repris à leur compte l’action de l’opposition de gauche. Ils tentent de créer une légitimité alternative en procédant à un référendum qui concurrence les décisions de la représentation nationale. Ils se placent dans le sillon du conflit social à Air France, qui n’a aucune commune mesure avec celui de la SNCF. Ils espèrent obtenir l’adhésion d’une opinion pourtant exaspérée par leur stratégie, dont les effets pénalisent uniquement les usagers et affaiblit l’économie au moment même où ils refusent de remettre de l’ordre dans les comptes déficitaires de la compagnie.

Ce contenu a été publié dans Non classé. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

4 réponses à SNCF : la contre-attaque

  1. Eve M. dit :

    Vendredi 18 ? Lundi 21 ?
    Réponse
    D’après un lecteur extrêmement efficace, le 18 est un vendredi. La correction vient d’être faite.
    R.L.

  2. Jacques Pernès dit :

    Juste pour dire que le 18 mai n’est pas un lundi mais un vendredi.

    • admin dit :

      Réponse
      Ce sera le lundi 14 mai, selon une confirmation obtenue de la CFDT. La correction est faite.Ce qui ne veut pas dire qu’aucun train ne roulera.

  3. Chretien dit :

    L’Etat paiera, avait déjà dit Francois Hollande !
    Nihil novi sub sole. Les (ex) socialistes et les énarques (EM et ÉP) ne connaissent que les impôts !

Répondre à Jacques Pernès Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.