Permanence du terrorisme

Gérard Collomb
(Photo AFP)

Un attentat conçu par deux hommes d’origine égyptienne a été déjoué. C’est le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, qui l’a annoncé, après l’attentat au couteau qui a fait un mort et quatre blessés dans le quartier de l’Opéra il y a près d’une semaine.

NORMALEMENT, les pouvoirs publics ne sont pas censés donner le moindre écho aux attentats déjoués, dont ils se contentent de fournir le nombre en fin d’année. M. Collomb, cette fois, a voulu en finir avec la polémique, encore une et pas du meilleur goût, au sujet des « fichés S », nomenclature dont le public et surtout l’opposition, jamais à court d’une critique, croient ou feignent de croire que cette qualification vaut répression. Non. La fiche S sert à répertorier des milliers d’individus selon leur dangerosité et à surveiller leur comportement. On ne peut pas arrêter les gens parce que leur cerveau est encombré de miasmes, on peut seulement observer ce qu’ils font. La semaine dernière, un agresseur d’origine tchétchène, cette semaine des terroristes égyptiens, on se perd en conjectures sur la diversité des nationalités des personnes (ou de leurs parents) qui sont accueillies en France, et, souvent, acquièrent la nationalité française ; et puis n’ont plus qu’un objectif, détruire la démocratie qui les a reçus, alors qu’ils n’auraient pas pu, eux ou leur famille, arriver sur notre sol si, malgré le problème que posent les migrations, notre société ne leur avait pas ouvert les bras.

Le choix entre deux positions.

La gratitude n’étant pas, apparemment,  de ce monde, nous avons tous un choix : soit, comme la droite et l’extrême droite, nous tirons à boulets rouges sur une situation qui n’est pas satisfaisante, à savoir qu’elle produit infailliblement, à intervalles réguliers, de nouveaux attentats, mais c’est du même coup mettre en cause l’efficacité de nos services ou celle du gouvernement, qui ne donnerait pas à nos services de sécurité tous les moyens de liquider les terroristes ; soit, au contraire, nous comprenons que nous sommes en train de livrer une longue et dure bataille et que le maintien de l’ordre ne relève pas des opinions des uns et des autres, mais de la tâche confiée à des hommes et des femmes dont personne ne doute de leur dévouement et de leur acharnement au travail, sans compter le danger auquel elles sont exposées. On admettra que l’opposition n’est pas là pour donner un blanc-seing aveugle à la majorité, mais, en plaçant la question de l’insécurité au centre du débat politique, sans même nous prouver que, si les censeurs étaient au pouvoir, ils obtiendraient de meilleurs résultats, elle accroît la fragilité de la démocratie française.

Immigration et terrorisme.

Le projet de loi asile-immigration est combattu par la droite et par la gauche pour des raisons diamétralement opposées, de sorte qu’il peut apparaître comme une forme de compromis entre l’indispensable fermeté à l’égard d’une immigration non contrôlée et le minimum d’humanisme dont notre pays doit faire preuve. Je sais bien que, en renvoyant sans cesse la droite et la gauche au mandat et à la majorité obtenus par Emmanuel Macron, on réduit le débat à zéro, qu’il s’agisse de l’immigration ou de la réforme de la SNCF. Cela n’est pas souhaitable et il est vrai que, dans plusieurs cas, la majorité ne tient pas compte suffisamment des observations de l’opposition. L’opinion publique, pour sa part, ne lit pas les textes de loi avant de juger. Elle s’étonnera probablement de ce que nous soyons si favorables à l’arrivée en France de Tchétchènes ou d’Égyptiens, dont les pays d’origine sont des lieux de chaos. Mais un immigrant n’est pas condamné par le pays d’où il vient, c’est l’inverse. C’est à cause de la violence et de l’injustice de la société où il est né  qu’il obtient (rarement) le droit d’asile.  Nous n’avons fini de nous poser ces questions qui font de la priorité à la lutte anti-terroriste le meilleur moyen de nous protéger.

RICHARD LISCIA

 

 

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