Sur l’émeute de Nantes

Un centre médical dévasté
(Photo AFP)

A Nantes hier soir, dans le quartier dit « sensible » de Breil, un jeune homme de 22 ans, arrêté par la police pour un contrôle d’identité, a tenté de s’échapper en blessant un policier et a été abattu. Il s’en est suivi une série d’attaques au cocktail Molotov contre un centre commercial qui abritait un centre médical, lequel a été dévasté.

LES émeutes se sont ensuite propagées aux quartiers des Desvallières et de Malakoff. Le calme est revenu après minuit. Ces incidents graves répondent désormais à un enchaînement classique : les policiers affirment avoir agi en légitime défense quand le jeune homme, par sa manoeuvre, a blessé l’un des leurs. Les émeutiers, comme de coutume, et sans tenter d’en savoir plus sur l’affaire, s’en sont pris alors à tout ce qui leur tombait sous la main. Toujours en vertu du même scénario, les partis politiques se sont crus obligés de prendre position sur la question, soit en soulignant la fatigue extrême des forces de l’ordre, soit en stigmatisant les conditions de vie dans les cités, soit en dénonçant la violence policière, soit en prenant parti pour les émeutiers. On peut aussi dire, pourquoi pas, que la chaleur qui règne en France depuis plus d’une semaine est une explication.

Un délit.

Il demeure que ne pas se soumettre à un contrôle de police constitue un délit sérieux. Le jeune homme, qui est mort en arrivant à l’hôpital, avait de bonnes raisons de ne pas sortir de son véhicule : il s’agit d’un repris de justice. Bien entendu, il n’est pas question, ici, d’offrir une version des faits qui ne pourra être corroborée que par les enquêteurs. Bien entendu, il eût été préférable de ne pas utiliser une arme à feu, quitte à rechercher plus tard celui qui a cru bon de se soustraire à la loi. La seule question porte sur la responsabilité individuelle et sur le cycle de violence qu’impliquent les délits passés d’un homme, situé de facto hors la loi. Pour éviter une émeute, on ne peut pas à la fois exiger que la population soit protégée contre le banditisme et laisser un homme faire usage de la force. La réaction des casseurs et incendiaires qui ont dévasté quelques quartiers est pour le moins disproportionnée. La confrontation entre délinquants et policiers est l’éternel prétexte des mises à sac des cités.

21 millions d’heures non payées.

Les moyens d’empêcher qu’un incident dégénère sont structurels. Un rapport parlementaire vient d’indiquer l’état de fatigue alarmant des forces de l’ordre, contraintes d’effectuer plusieurs missions nationales à la fois. Non seulement le matériel et les locaux sont souvent dans un état proche de la déliquescence, mais l’Etat doit aux policiers plus de 21 millions d’heures supplémentaires qui n’ont pas été payées. Pis encore, le taux de suicides chez les policiers et gendarmes est le double du taux dans la population générale. Ajoutez à cela les banlieues qui, quoi qu’il arrive, accusent toujours les forces de l’ordre, les trafics de drogue et les quartiers de non-droit, et vous avez tous les ingrédients d’un dérapage. Avant d’envoyer les enquêteurs aux policiers impliqués dans ce drame, il faudrait qu’on  traite leur métier avec respect, qu’on crée de bonnes conditions d’exercice et qu’on leur paie ce qu’on leur doit.

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2 réponses à Sur l’émeute de Nantes

  1. PICOT François dit :

    Et qu’on s’excuse d’avoir traité de violeur le policier qui, soi-disant, a agressé le sieur Théo. Nous allons attendre longtemps.

  2. Lods dit :

    Qui sont ces populations de garde du corps de nos nombreux élus? Pourrait on avoir des précisions? Merci.

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