Une victoire pour tous

Le baiser de Mbappé
(Photo AFP)

La liesse nationale qui a suivi notre exceptionnelle victoire à la coupe du monde de football est celle de tous les citoyens français. En ce sens, elle a apporté un stimulant rare et précieux à la cohésion du pays.

LES PEUPLES ne se réjouissent pas du plein emploi, des équilibres budgétaires et des excédents commerciaux. À cette aune,  l’Allemagne serait championne du monde. La France vient d’accrocher une deuxième étoile à son maillot et, spontanément, une foule innombrable a envahi non seulement les Champs-Élysées et la place Charles-de-Gaulle, mais plusieurs quartiers de Paris et des centres-villes. On peut s’étonner d’un enthousiasme aussi intense et durable, il n’est pas question de le minimiser, de le relativiser ou de l’ignorer. Il fait du bien aux Français, comme aucune autre bonne nouvelle ne pourrait les embraser. Même si des incidents ont été relevés ici et là, dans l’ensemble nous avons assisté à une communion nationale comme rarement la France si divisée en classes et en convictions contradictoires peut en produire. Le phénomène est bien plus durable pour l’avenir du football français, qui a trouvé ses marques et crée un climat de confiance indissoluble, que pour l’harmonie des groupes antagonistes. Mais personne, pas même ceux qui font métier de nous dresser les uns contre les autres ne niera que, quelles que soient nos différences, nous avons été emportés par la saine bourrasque d’une fierté indicible. Elle a tout balayé, nos préventions, nos inquiétudes, nos malaises, nos récriminations, et, plus encore, cette agressivité qui nous fait tant de mal.

La politique à l’écart.

Il faut se placer ici sur le plan purement national et éviter toutes les récupérations politiques qui n’ont pas tardé à se manifester, par exemple sous la plume de François Hollande, lequel n’a jamais été aussi actif politiquement que depuis qu’il a quitté le pouvoir. On n’empêchera pas le président en exercice d’honorer les champions du monde et de leur témoigner notre gratitude. Même si l’acquisition du trophée tant désiré relève du miracle, il n’a été possible que grâce au talent des joueurs et surtout de leur coach, Didier Deschamps, remarquable général dont la stratégie a eu raison, comme ce fut le cas avec Aimé Jacquet il y a vingt ans, de toutes les critiques et de toutes les opinions contraires. La finale n’a pas été une partie de plaisir et la moindre des choses est de rendre hommage à une équipe croate qui n’a pas démérité. Mais, si le foot soulève un peuple de joie, c’est du foot et il ne doit rien aux politiques gouvernementales. Ce soir, nos héros à peine fatigués défileront sur les Champs-Élysées et seront reçus à l’Élysée. Le rapport entre sport et politique s’arrête là.

Bonne thérapie.

Il me semble que, jusqu’à présent, le président de la République n’en a pas trop fait, dans le sens de la récupération. Quant à ses opposants, ils sont à court de mots, car qui prononcerait autre chose que des éloges ou ignorait le bonheur national serait aussitôt massacré. Mais bien sûr, même si l’effet coupe du monde ne dure pas trop longtemps, il sera, il est déjà, bénéfique au pouvoir qui,  plutôt enlisé ces jours-ci dans le marais de ses erreurs, a soudainement une chance de plus. C’est une équipe qui gagne, c’est la France qui triomphe, c’est Macron qui ramasse la mise. Voilà pourquoi M. Hollande a mis son grain de sel dans la liesse collective. Si, en plus, le foot pouvait nous épargner tous ces calculs politiciens, sa capacité thérapeutique serait décuplée.

RICHARD LISCIA

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3 réponses à Une victoire pour tous

  1. admin dit :

    LL dit :

    On trouve aussi dans le New York Times l’opinion que cette nouvelle victoire témoigne d’une France au travail: productive, efficace et différente de la France traditionnelle, râleuse, accrochée à ses privilèges et cynique. Qu’en penser ?

    Réponse
    La France, assurément, change. Mais pas grâce au foot.
    R.L.

  2. Viel dit :

    Ras-le-bol de tout mesurer à l’aune du raz-de-terre : un ballon et… des millions !
    On change le nom des stations de métro (qui paye ?) et on ne fournit pas de douches aux migrants (qui ne paye pas ?).
    Ce n’est, ce n’était qu’un jeu, et cela le restera. Le Colisée avait ses lions pour exciter le peuple, le XXIe siècle a des paires de jambes qui courent sur un terrain vert. Moins dangereux mais toujours aussi « politique ».
    Réponse
    Ou comment gâcher la fête.
    R.L.

  3. CHRETIEN dit :

    A tel point que Marianne titre aujourd’hui : « Deschamps président « !

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