Trump : le parti de Poutine

La confiance règne
(Photo AFP)

Faut-il s’en étonner ? Donald Trump croit Vladimir Poutine, mais n’accorde aucun crédit à ses propres services. La rencontre entre les deux hommes à Helsinki aura été le plus récent épisode d’une farce qui se poursuit allègrement, devant un congrès américain médusé.

TRUMP l’a dit et répété : il ne croit plus du tout à cette histoire d’ingérence russe dans les élections présidentielle et législatives américaines de 2016. « La dénégation de Vladimir Poutine a été forte et puissante », a-t-il juré devant les journalistes, conformément à une attitude qui l’a conduit à féliciter Kim Jong-un pour son « autorité » naturelle. Avec son aplomb habituel, Poutine, un expert en hypocrisie, a dit de son côté : « La Russie ne s’est jamais ingérée dans un processus électoral et ne le fera jamais ». Sauf que les preuves s’accumulent sur le bureau du procureur spécial Robert Mueller : une ressortissante russe a été arrêtée lundi. L’homme du Kremlin ne pouvait attendre plus de ses entretiens avec le président des États-Unis. Il a trouvé la rencontre utile. Le problème, c’est que la complicité entre les deux hommes ressemble plutôt à une forme de chantage : si Poutine est si beau aux yeux de Trump, c’est que le Russe détient, au sujet de l’élection de son partenaire, des informations qui suffiraient à le détruire politiquement si elles étaient publiées.

La colère des élus.

Les attaques contre Trump ne viennent pas seulement de la presse. Il lui est facile de les dénoncer comme des « fake news », alors qu’il est le premier producteur de ce genre d’ingrédient. Elles viennent aussi des élus, non seulement démocrates, mais républicains. L’ancien directeur de la CIA, John Brennan, a même accusé Trump de « trahison ». « La Maison Blanche est maintenant confrontée à une seule et sinistre question : qu’est-ce qui peut bien pousser Donald Trump à mettre les intérêts de la Russie au-dessus de ceux des États-Unis ? » demande le sénateur démocrate de New York Charles Schumer, pendant que le républicain Lindsey Graham ajoute : « Le président a raté une occasion de tenir la Russie clairement responsable pour son ingérence (…) et de lancer un avertissement ferme pour les prochaines élections ». Effectivement, les électeurs américains craignent que les résultats des législatives de mi-mandat, en novembre prochain soient faussés par des attaques cybernétiques russes.

La sécurité sacrifiée.

Le problème est aigu parce que Trump a décidé, pour se protéger contre l’enquête de Robert Mueller, de sacrifier partiellement la sécurité des États-Unis. La Russie ne se contente pas d’interférer dans le processus démocratique américain (elle l’a fait aussi pour le référendum britannique sur le Brexit), elle cherche à diviser les Européens et à briser les liens atlantiques. Trump est devenu un élément négatif dans l’équilibre Est-Ouest. Il est trop tôt pour affirmer que le candidat Trump a coopéré avec les Russes pour s’assurer son élection et tant que M. Mueller n’a pas la preuve de cette collusion, il est préférable de ne pas compter sur une destitution du président. En revanche, sa politique, encore applaudie dans certains cercles conservateurs et par ceux qui ont voté pour lui en 2016, rend perplexe son propre camp. Aussi fascinants que soient le populisme et l’agitation ubuesque du chef de la première puissance mondiale, la vérité, assénée par les élus et par cette majorité de médias américains qui refuse de s’inféoder au pouvoir, finira par l’emporter. M. Trump peut multiplier les provocations, il est quand même le premier président américain à jouer avec la sécurité de son pays. Il l’a montré après son entretien avec Kim Jong-un, il le montre encore après sa rencontre avec Poutine. Or rares sont les Américains qui croient que la Russie est un pays affable, prêt à coopérer avec les États-Unis. La plupart la considèrent comme une adversaire. Jusqu’à quand Trump leur fera-t-il prendre des vessies pour des lanternes ?

RICHARD LISCIA

 

 

 

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4 réponses à Trump : le parti de Poutine

  1. Michel de Guibert dit :

    Seriez-vous partisan d’un retour à la guerre froide ?
    La réalité, c’est que Trump n’a que mépris pour l’Europe, et que nous n’avons aucun intérêt à nous laisser entraîner dans le sillage de la politique américaine.
    Quant aux fake-news, la plus grosse et la plus lourde de conséquence a été celle sur les armes de destruction massive en Irak ayant conduit à la guerre et à la déstabilisation de tout le Moyen-Orient.

    Réponse
    Je suis pour la disparition politique de Trump. Il vient de trahir son pays. Quant à votre jugement sur l’Irak, je regrette de devoir vous dire qu’il est historiquement faux : c’est le « printemps arabe » qui a déstabilisé le Moyen Orient, pas l’invasion de l’Irak, aussi catastrophique qu’elle ait pu être. Il serait peut-être temps d’analyser le présent au lieu de se référer constamment au passé.
    R. L.

  2. Picot dit :

    Les preuves s’accumulent sur le bureau du procureur? Et depuis le temps aucune n’a été révélée ? Comme c’est bizarre.
    Réponse
    Vous semblez ignorer le fonctionnement de la justice. Il y a encore des lois en Amérique. Je vous suggère de vous renseigner sur le droit. Mais peu importe : vous êtes libre d’adorer le pire des présidents que les Etats-Unis ont jamais eu.
    R.L.

  3. Max93 dit :

    Après Klaus Barbie, Pinochet, l’Irak j’en passe et des meilleures pourquoi il faudrait croire sur parole la CIA? Vous êtes fous$ ou quoi? Depuis quand sommes nous sommés de croire la CIA? C’est des amis à vous? Pour moi c’est un ramassis de nazis… Vous connaissez l’histoire d’Allen Dulles? De la United Fruit? Non vous vous faites juste de la propagande pour le compte de la CIA. Certains médias sont complètement noyautés par les anglo-américains. Honte à vous!
    Réponse
    Fou, non, mais vous ?
    R.L.

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