Juives martyres

Une ex-otage prend le thé avec une soldate
(Photo AFP)

La libération au compte-gouttes des otages israéliens, l’espoir d’une prolongation de la trêve à Gaza, la recherche d’une solution diplomatique sont autant de signes d’une détente relative au Proche-Orient. Mais le 7 octobre a été une journée hallucinante que l’opinion mondiale a tendance, déjà !, à oublier.

LA COMPILATION des récits proposés par la presse française fait apparaître une provocation laborieusement mise au point, avec de claires conséquences géopolitiques. L’hypothèse des deux États, le rôle diplomatique de Qatar, la fin probable du gouvernement de Benjamin Netanyahu, tous ces éléments préparent le grand tournant auquel la sauvagerie du 7 octobre nous exposait. Cependant, il n’est pas impossible d’ouvrir une page neuve au Proche-Orient sans le concours du Hamas. C’est même préférable. Car sa participation aux efforts de paix serait un scandale. Dans la journée d’hier, on assistait à la bienveillance et à la déférence des miliciens du Hamas pour les otages qu’ils étaient en train de remettre à la Croix-Rouge (non sans avoir failli faire capoter le projet pour des raisons qu’ils étaient les seuls à connaître). Et pendant ce temps, nous étions encore sous le coup de ce que nous avions lu sur le pogrom du 7 octobre.

Des femmes déchiquetées.

Tout le monde sait qu’une femme musulmane ne vaut pas grand chose pour les musulmans mâles. Mais les monstres du Hamas ont littéralement déchiqueté les femmes juives qui leur sont tombées sous la main, les ont torturées, violées en réunion, assassinées sous les yeux de leurs maris ou abattu leurs maris avant de s’en prendre à elles et de les violer sous les yeux de leurs enfants.  Des otages libérés ? Je ne crois pas que l’on doive remercier le Hamas pour son immense indulgence. Qui sait combien de temps il faudra à la psychothérapie pour soigner et guérir les victimes ? Les traumatismes subis dureront plusieurs années et handicaperont la vie des ex-otages. Et bien entendu, allez chercher les monstres qui ont commis ces crimes dans les gravats de Gaza.

Le juif des États.

Depuis quelque semaines, chacun, en France ou ailleurs, y va de son couplet sur la présence de Netanyahu au pouvoir, sur les bombardements toujours « disproportionnés », sur les colons en Cisjordanie et sur la palette de tribunaux spéciaux qui pourraient juger Israël, son peuple et ses dirigeants. Ce sont les mêmes qui n’ont jamais discuté le sort fait aux femmes en Iran, en Afghanistan ou en Arabie saoudite. Les mêmes qui n’ont jamais prononcé un mot en faveur des Ouïghours ou des Rohingyas, jamais dénoncé les vols de fusées lancés par la Corée du nord, jamais critiqué les menées de la Chine. L’autre jour, un lecteur jugeait bizarre l’utilisation de l’expression État juif. Israël, en tout cas, est le juif des États, le pays du monde qui a la plus sale réputation, pire que la Russie, pire que la Corée du Nord, pire que l’Iran, que la Hongrie, que la Turquie, et j’en passe. 7 octobre, tournant historique ? Oui, dans le sens où il est devenu indispensable de se débarrasser du Hamas, avec lequel il ne peut y avoir de dialogue constructif.

Hamas, ennemi de la Palestine.

Dans « le Point », Bernard-Henri Lévy explique pourquoi il soutient Israël malgré le nombre élevé de victimes palestiniennes à Gaza. À sa place, je n’aurais pas pris cette peine. Les faits parlent d’eux-mêmes, ce sont les mémoires qui ne font pas le travail. On peut bien sûr entrer dans les détails, rappeler que Tsahal est la seule armée au monde qui avertisse une population de l’offensive qu’elle va lancer, ce qui est un handicap stratégique consenti au nom de l’éthique. Mais non, Israël commet des crimes de guerre, contre l’humanité ; Israël tue des civils, ce que les Alliés n’ont pas fait, n’est-ce pas ? en bombardant les côtes normandes, en déversant sur Dresde des bombes au phosphore, en lançant les deux premières bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki. Oui, bien sûr, il faut protéger les civils palestiniens. Oui, il faut leur donner un État. Mais leur pire ennemi n’est pas Israël, c’est le Hamas.

RICHARD LISCIA

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La première libération

Les rapatrier maintenant ? Bien sûr ….
(Photo AFP)

La trêve entre Israël et le Hamas a commencé ce matin à 6 heures. Dans la journée, 13 otages, dont des femmes et des enfants, seront remis aux forces israéliennes. D’autres libérations, jusqu’à un total de 50, auront lieu dans les quatre jours qui viennent. La guerre recommencera au terme de la trêve.

CEUX QUI se réjouissent sont nombreux: les familles, y compris celles qui n’ont pas été informées qu’elles retrouveraient leurs proches dans le premier groupe et qui continueront à  nourrir un espoir jusqu’au bout, le gouvernement israélien, qui peut produire son premier résultat et les Occidentaux, notamment les États-Unis qui ont lutté avec acharnement pour lancer ce début de détente. Il n’est donc pas question de critiquer l’accord (assorti de la libération de 150 Palestiniens détenus dans les geôles israéliennes), car il n’y a pas d’alternative, sinon l’unique recours à la force, source de chaos qui mettrait en danger la vie des otages.

L’accord le moins mauvais.

Mais il n’est pas possible qu’Israël, son gouvernement et sa population, se réjouissent d’un accord avec leur pire ennemi, au lendemain d’un carnage historique qui a modifié la donne au Proche-Orient. Il est évident en effet que, pour la libération des hommes israéliens et surtout des soldats de Tsahal, le Hamas jouera la surenchère et exigera plus tard que des centaines, des milliers de détenus palestiniens puissent regagner Gaza. Non seulement la nature de l’ennemi n’a pas changé mais le Hamas aura pour premier réflexe de renvoyer au combat les terroristes qu’il aura récupérés.  Bien entendu, les familles israéliennes ou étrangères concernées par le  kidnapping ne s’embarrasseront par de telles considérations. Et il est peu probable, dans ces conditions, que le Hamas soit anéanti par Tsahal. Disons que l’accord, s’il va au bout des espoirs qu’il a soulevés, est le moins mauvais possible.

Sur la valeur d’une vie.

Le gouvernement israélien, dont on se demande pourquoi il est encore dirigé par Benjamin Netanyahu, principal responsable de la déroute du 7 octobre, doit donc se concentrer désormais sur la sécurité de la population israélienne qui est en danger partout, au nord, au sud, en Cisjordanie. J’ai souvent entendu sur les plateaux de télévision des journalistes qui insistaient sur le fait qu’une vie palestinienne valait bien une vie israélienne. Ce n’est pas tout à fait vrai quand, à partir d’aujourd’hui, on échange un Israélien contre trois Palestiniens.

Ah ! le Qatar…

Le Proche-Orient est le lieu unique de toutes les hypocrisies. On dénonce le dénuement des Palestiniens de Gaza, mais on apprend que le Hamas gagne un milliard d’euros par an, somme qu’il ne consacre guère au bien-être de ses compatriotes, dont il est un ennemi plus féroce qu’Israël. La recherche acharnée du centre nerveux du Hamas à Gaza par Tsahal nous semble dérisoire quand nous voyons les chefs des terroristes, dont Ismaïl Hanyeh, plastronner dans les grands palaces de Doha, pendant que Gaza est réduite en cendres. Enfin, les louanges qui pleuvent sur le Qatar, qui a si bien mené la négociation, qui a tant fait plaisir à Joe Biden, qui est un État admirable de tous les points de vue relève d’un optimisme outrancier.

Pantalonnade.

En effet, tous ces pays du Proche-Orient ont des liens étroits avec les pires terroristes, liens bien utiles quand il s’agit de récupérer des otages. Que font les Qataris pour parvenir à leurs fins ? Ils cajolent le Hamas ou bien ils le menacent ? Ils sont de quel côté ? Du leur exclusivement. Ils ont vu dans cette atroce affaire une occasion historique à saisir. Ils le font très bien. Vous me direz que Netanyahu agit de la même manière, quand il fait des concessions produisant des résultats positifs. Bref, tout ce que je dis, c’est qu’il vaut mieux avoir un regard lucide quand on participe à une pantalonnade.

RICHARD LISCIA

 

 

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La Hollande bascule

Geert Wilders hier
(Photo AFP)

Aux Pays-Bas, le Parti de la liberté (PVV), formation d’extrême droite, a remporté les élections législatives en obtenant 35 sièges sur 150. Pour autant le chef du parti, le célèbre Geert Wilders, n’est pas assuré de devenir Premier ministre.

LA HOLLANDE est un pays éminemment démocratique qui, pendant 13 ans, a été dirigé par un  centriste, Mark Rutte. Les forces centrifuges auxquelles l’Union européenne sont soumises ont assuré la monté des extrêmes droites en France, en Italie, aux Pays Bas, en Allemagne, dans un contexte dominé par le problème de l’immigration. Le Royaume-Uni a quitté l’Union européenne pour cette raison, l’Italie a mis l’extrême droite au poivoir. Mais les démolisseurs de l’UE et leurs pouvoirs n’ont rien changé à la crise migratoire. Les Hollandais ont préféré la mésaventure proposée par Gert Wilders au sérieux de Rutte. Ils s’en repentiront aussi sûrement que les Britanniques.

D’autres coalitions sont possibles.

Le triomphe de Wilders est relatif. Les autres partis, dans cette représentation nationale très morcelée, ne sont pas pressés de faire alliance avec lui. Les écologistes obtiennent 25 sièges, le centre droit 24. Comme on le voit, d’autres coalitions sont possibles. La victoire de Wilders, qui s’est agité comme un beau diable pour être enfin reconnu, risque de retomber comme un soufflé. De toutes façons, les démocraties se gouvernent au centre. Pieux : quand l’extrême droite arrive au pouvoir, comme en Italie, elle fait des choix centristes.

De l’eau dans le vin extrémiste.

En réalité, et même si les électeurs néerlandais finissent par consacrer une autre coalition que celle dirigée par Geert Wilders, c’est l’invasion lente mais sûre de l’Europe occidentale par les extrêmes qui inquiète. L’immigration est constamment montée en épingle, alors que Georgia Meloni, présidente du conseil des ministres italien démontre tous les jours qu’elle n’est pas plus efficace dans la crise migratoire que ses prédécesseurs.  L’autre réalité, c’est que,  quand ils accèdent au pouvoir, les régimes de type autoritaire se plient à la discipline européenne et restent liés à l’OTAN.  Or, s’il n’y a pas de fracture au lendemain des élections, la présence de l’extrême droite au pouvoir risque d’être balayée par les élections suivantes.

À quoi sert-elle ?

C’est vrai pour la France, même si le raisonnement semble traduire l’illusion d’une continuité. Marine Le Pen a déjà renoncé à la récupération des instruments de la souveraineté française. Cela revient à augmenter ses chances de conquérir le pouvoir en 2027. Mais si son projet ne se distingue pas de celui d’Emmanuel Macron, elle ne fera qu’un mandat. Elle nie complètement être rentrée dans le rang. Ce qui ne l’empêchera pas d’appliquer les directives européennes. Dans ce cas, on sera en droit de se demander en quoi elle est différente de la droite classique. Elle a certes la possibilité de conquérir le pouvoir pour, ensuite, trahir son propre discours. Elle ne serait pas la première à annoncer un politique pour en faire une autre, une fois qu’elle aura été élue. Tout cela est bien compliqué.

RICHARD LISCIA

 

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Il y a 60 ans, Kennedy…

Jackie et son mari à leur arrivée à Dallas le 22 novembre 1963
(Photo AFP)

Le lecteur sait que je commente rarement les anniversaires qui, en général, n’apportent rien de neuf sinon, peut-être, une leçon d’histoire. Le cas de Kennedy a ceci de particulier qu’il reste d’actualité dans un monde d’une violence inouïe.

JOHN F. KENNEDY a emballé toute une génération de jeunes qui voyaient en lui un symbole de renouveau. Il n’en a pas moins été un politicien classique et il s’est battu contre ses adversaires avec férocité. Élu avec seulement 100 000 voix d’avance sur Richard Nixon, il n’a vraiment acquis se légitimité que lorsqu’il a empêché Khrouchtchev d’acheminer des missiles nucléaires à Cuba en 1962.Le 22 novembre 1963, Kennedy s’est rendu à Dallas (Texas) pour préparer sa campagne électorale en vue d’un second mandat. La mort l’y attendait.

Le rôle de Johnson.

On ne saurait évoquer Kennedy sans parler de Lyndon Johnson, son vice-président, qui a prêté serment dans l’avion qui ramenait la dépouille de Kennedy à Washington. Johnson, loin d’avoir la popularité de son patron, a tout de même appliqué à la lettre son programme, notamment sur le plan des inégalités, favorisant l’accès de millions de Noirs à la fonction publique et dans l’éducation, notamment au moyen du busing, méthode qui consistait à transporter les élèves noirs vers les écoles réservées aux Blancs. Cela ne s’est pas fait sans mal. Les Wasps (White Anglo-Saxon Protestants) se sont rués vers les écoles privées, mais, depuis, la mixité est devenue la normale. Le racisme n’est pas mort. En revanche, les instruments mis à la disposition des Noirs sont nombreux et efficaces, pour peu qu’ils ne tombent pas dans la délinquance.

Image d’Épinal.

Kennedy fut à son zénith quand il lança son ultimatum à Khrouchtchev : pas d’ogives nucléaires à Cuba, l’Amérique était prête à une guerre atomique à propos d’un épisode complètement fabriqué par les Russes. C’est à ce moment là que l’Occident fut rassuré et que Kennedy endossa son costume de héros. L’opinion mondiale commença à l’oublier quand on apprit, après sa mort, qu’il était malade, suite à une blessure de guerre et qu’il avait une affection aux glandes surrénales. Surtout, les révélations sur ses exploits d’alcôve ont mis un terme au souvenir émerveillé d’un président jeune, beau et riche qui avait épousé une dame très distinguée  qui lui donna deux beaux enfants. L’image d’Épinal est depuis longtemps jaunie et oubliée, à part peut-être le souvenir du petit John-John qui fit le salut militaire (à quatre ans) devant la dépouille de son père.

Et Joe Biden ?

Ce qu’on a appris sur Kennedy après sa mort, on l’apprend aujourd’hui sur les présidents en exercice. Le privilège de manipuler la communication a disparu : les présidents doivent rendre des comptes pendant l’exercice de leur mandat. En somme, Kennedy ne mérite ni un excès d’outrages ni un excès de louanges. Il avait une idée très solide de l’ordre mondial mais il appartenait à une période où le silence était roi. Il n’a pas été le meilleur président depuis Roosevelt, pas plus que Barack Obama, encensé et réélu, mais qui laisse aussi un souvenir mitigé, celui d’un président qui ne savait pas prendre ses responsabilités. Il est à la fois curieux et logique qu’un président soit très populaire pendant son mandat mais qu’il soit discuté quand il a quitté ses fonctions. Vous aurez sûrement remarqué que Biden est contesté, moqué, et récusé. Quand il sera parti, qu’il soit réélu ou non, on s’en souviendra comme le meilleur président des États-Unis depuis 1945.

RICHARD LISCIA

 

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Accord sur les otages

De la farine pour les civils palestiniens
(Photo AFP)

Le Hamas annonce un accord avec Israël sur la libération d’une quarantaine d’otages en échange de quelques centaines de détenus palestiniens. Le gouvernement israélien ne dit mot, mais Joe Biden, président des États-Unis, confirme l’existence de l’accord. 

L’ÉCHANGE de prisonniers aurait lieu à la faveur d’une pause dans la bataille de Gaza. Il montrerait que la libération des otages demeure l’objectif principal de l’État hébreu. L’application  de cette mesure entraînerait une forme de détente, avec un cessez-le-feu très provisoire et le rappel de la nécessité de trouver une solution politique. Les réactions seront variées. Les Israéliens seront soulagés mais poursuivront leur campagne pour la libération de tous les otages. Les « durs » du gouvernement à Jérusalem exigeront que la campagne se termine par une victoire de leur pays.

Un mélange de guerre et de diplomatie.

On n’en est pas là. S’il semble que l’apurement du contentieux Israël-Hamas peut être liquidé, la présence de Benjamin Netanyahu à son poste de Premier ministre deviendra de plus en plus fragile. Il est trop tôt pour ce genre de spéculations, mais il paraît clair que les instruments de la guerre et de la diplomatie sont étroitement mêlés. Le Hamas a bien sûr intérêt à présenter comme une victoire la libération de détenus palestiniens. En revanche, M. Netanyahu ne pourrait se prévaloir d’aucune avancée majeure, étant entendu que, pour les familles israéliennes, ce qui compte, c’est le rapatriement de tous les otages.

Un Hamas sauvage mais politique.

Il est temps d’admettre que la sauvagerie du Hamas repose aussi son rôle politique. Il a remis sur la scène politique mondiale le sort des Palestiniens de Cisjordanie, il a infligé à l’État juif des dommages de nature historique et il sait que, pour Israël, rien ne sera plus comme avant. Cependant, le Hamas ne sortira pas de l’affrontement sans dommages considérables. Le conflit lui a coûté très cher, la défiance des Palestiniens commence à croître, de sorte qu’il aura œuvré à son insu à la remise en scène de Mahmoud Abbas et du Fatah. Les relations entre Hamas et Fatah sont mauvaises depuis au moins deux décennies et des affrontements entre les deux groupes se sont soldés par la mort de nombreux combattants palestiniens. Or le projet qui fait consensus, c’est une entité Cisjordanie-Gaza dirigé par Mahmoud Abbas après des élections.

Le Hezbollah neutralisé.

En dehors d’une violence exceptionnelle et d’un nombre très élevé de victimes, la géopolitique a fortement évolué : Israël, l’Iran, les États musulmans s’inscrivent dans un rapport de forces qui non seulement peut déclencher un nouveau conflit mais risque d’aller, du côté iranien, à la menace du recours à l’arme atomique. Des systèmes militaires ont été en place par les États-Unis pour contrecarrer l’agitation en Iran et au Yémen, de sorte que, pour le moment, le Hezbollah libanais, qui prend ses ordres à Téhéran, est neutralisé.

L’effacement du droit.

2023 a modifié les rapports de force, renforcé les régimes autoritaires et les dictatures et plus rien ne se produit dans le monde qui ne résulte d’une guerre ou d’une bataille. Laboratoire de l’avenir immédiat, Israël se défend contre l’adversité en s’inspirant du cynisme et de l’indifférence de ses ennemis ou adversaires. Nous sommes tous prévenus : nous avons affaire, depuis l’invasion de l’Ukraine, inséparable de la guerre de Gaza, à un effacement complet du droit international. De ce point de vue, il n’est pas logique de ne blâmer qu’Israël, État qui se voit contraint et forcé de s’adapter à un contexte particulièrement violent.

RICHARD LISCIA

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La frustration des maires


David Lisnard au meilleur de sa forme
(Photo AFP)

Le cent-cinquième Congrès des maires de France est ouvert depuis ce matin à Paris sous la présidence de David Lisnard, maire LR de Cannes, qui brigue un deuxième mandat. Dix mille élus se sont donc retrouvés pour se plaindre de ce que, malgré leur immense popularité, ils soient le lieu géométrique de tous les abus et de toutes les violences. 

BIEN qu’ils soient dotés d’une incontestable autorité grâce à la proximité avec leurs électeurs, les maires de France sont contestés, parfois menacés, souvent frappés pour diverses raisons liées à la montée de la violence dans la société française et au besoin des administrés de trouver un bouc émissaire. Le comportement des gilets jaunes n’est pas étranger à l’agressivité des attitudes, de même que les intercommunalités, qui ont pour effet de réduire le respect que les maires inspiraient naguère.

« Vous êtes flic ? »

Les exemples de violence anti-maire sont nombreux : pour une question de tapage nocturne ou de vol dans un magasin, on appelle le maire, qui n’est pas un policier. Un maire, récemment, qui tançait un ivrogne sur la voie publique, a répondu à la question : « Vous êtes flic ? » et, comme il disait qu’il était maire, il a été tabassé.  Une flambée de violence causée par la mort d’un jeune homme a valu l’incendie de sa maison à un maire. Des centaines d’édiles ont démissionné, et le Congrès fera la somme des difficultés qui ont déclenché le mécontentement général.

Absence de Macron.

Emmanuel Macron a décidé de ne pas se rendre au Congrès, ce qui augmente le désarroi des maires, convaincus que son absence sera comprise comme une preuve d’indifférence de la magistrature suprême à l’égard de leur travail. C’est d’autant plus regrettable que, lors des manifestations de gilets jaunes, les grandes réunions organisées par l’Élysée autour du président de la République ont été beaucoup plus prisées par les maires que par le public en général.

Le maire, c’est le tissu social.

Le maire, aujourd’hui, marche sur une corde raide. Il est aimé par ses électeurs mais blâmé et méprisé par les spécialistes du désordre. Il sait qu’il ne mérite pas d’être ainsi brimé, et il cherche des soutiens institutionnels qui le mettraient à l’abri des violences. Il est vrai que dans le domaine de la décentralisation, le chef de l’État a beaucoup donné et que crises et guerres dans le monde retiennent davantage son attention. Mais le maire, c’est le tissu social. S’il ne va pas bien, c’est sa commune qui en souffrira.

Évitons de croire à des solutions miracles, du genre mettre des policiers partout. C’est impossible. La seule chose qui soit utile, c’est l’amélioration du financement des communes. Autre cercle vicieux : le déficit budgétaire et le montant de la dette publique ne favorisent guère les largesses.

RICHARD LISCIA

 

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Pourquoi la guerre dure

À Tel-Aviv, une manifestation pour la libération des otages
(Photo AFP)

Je dois d’emblée aux lecteurs une explication : la publication régulière de ce blog a été brutalement interrompue pendant cinq jours par une panne d’ordinateur dont je ne suis venu à bout que grâce à l’aide de mes proches. Je vous demande donc la plus grande indulgence. Premier constat : la guerre de Gaza a fort peu évolué pendant mon absence.

IL EST courant de dire qu’Israël est en train de gagner la guerre militairement mais qu’il a perdu celle de la communication. Ce jugement est prématuré, comme beaucoup d’autres. C’est justement parce qu’elle n’a pas atteint tous ses objectifs que Tsahal doit continuer à combattre. Un consensus mondial, attisé par les ennemis d’Israël, lui octroie la responsabilité exclusive de la tragédie qui se poursuit, sans se référer à ce qui a déclenché le conflit : l’assaut du Hamas le 7 octobre dernier et la prise de quelque 240 otages, dont quatre seulement ont été libérés. Pendant que des voix s’élèvent partout dans le monde pour exiger un châtiment contre Israël, la nécessité, pour l’État juif, de remporter une victoire décisive contre le Hamas rappelle à ses détracteurs que c’est une question de survie.

Diffamation.

De ce point de vue, la position du président de la République, qui réclame un cessez-le-feu immédiat, alors que des otages français ne sont pas toujours libérés, peut surprendre. Pratiquement, les Occidentaux se sont rangés dans le camp de la raison et de la prudence, sans tenir compte de la nature irréductible de l’ennemi. En France, le débat entre ceux qui veulent punir Israël et ceux qui continuent à le défendre est très animé. Pour ma part, je note une chronique dans « le Point » de Sylvain Tesson, qui refuse de s’associer à la curée. Subtilement, il s’interroge sur les attaques contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, qui servent de prétexte à la diffamation d’Israël.

Le comble de l’hypocrisie.

Il ne s’agit pas ici d’exonérer l’État hébreu de ses erreurs ou de ses fautes. L’expression « dommages collatéraux » est ignoble parce qu’elle atténue la perte de vies humaines. Il n’empêche que le Hamas, qui se niche dans la population, est le principal responsable du destin tragique du peuple palestinien, lequel sert de bouclier humain aux terroristes, trop heureux de pouvoir, tous les jours, gonfler les listes des victimes innocentes. Le comble de l’hypocrisie est atteint par Vladimir Poutine, le boucher de l’Ukraine, qui n’a jamais éprouvé autant de compassion pour les Palestiniens dont il parle les larmes aux yeux, exactement de la même manière que nous quand nous apprenons, coup sur coup, que deux otages israéliennes ont été assassinées.

Un pays en danger.

La description d’un Israël dominateur et sûr de lui (confer De Gaulle) n’est pas appropriée.  Israël joue son va-tout dans une région où il n’est entouré que par des ennemis potentiels, y compris ceux qui ont signé des traités avec lui, mais font les moutons de Panurge en rejoignant le chœur des indignés.  Le consensus anti-israélien prépare autre chose  qu’un procès spectaculaire. Il ouvre la voie vers la disparition de l’État juif. Quoi ? Israël rayé de la carte ? C’est une crainte légitime, à la fois à cause de la haine qu’il inspire et des erreurs qu’il commet.

RICHARD LISCIA

 

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Une guerre d’usure

À Ramallah, le soutien au Hamas
(Photo AFP)

On mesure avec difficulté les développements de la guerre de Gaza. D’un côté, Israël annonce la déroute du Hamas tout en reconnaissant avoir perdu 44 soldats, ce qui est beaucoup pour un conflit dont on distingue mal la signification politique ; de l’autre, le Hamas semble fuir vers le sud de la bande de Gaza.

LES MÉTHODES auxquelles le Hamas continue à recourir sont à la mesure de sa barbarie. Il s’abrite dans les hôpitaux, il empêche les civils palestiniens d’en sortir, il fuit vers le sud au moment précis où il envoie des tirs de sommation contre les autres fuyards. Ce n’est pas toutefois un triomphe pour Tsahal : il n’y a pas eu de libération des otages, même si l’on en annonce une qui serait imminente mais partielle. La polémique continue au sujet des bombardements aveugles contre les civils palestiniens. Emmanuel Macron a demandé un cessez-le-feu, position en pointe en Europe, ce qui a irrité Benjamin Netanyahu. Le président français a appelé le Premier ministre  israélien pour « clarifier » sa position. Comme toujours, le problème ne vient pas d’Israël, mais du Hamas, qui fait des civils un bouclier humain très confortable.

Dommages collatéraux.

Le grand souci, c’est les otages. On peut dire qu’ils connaissent le même sort que les Palestiniens. Ils subissent ce qu’il est convenu d’appeler des dommages collatéraux, ce qui veut dire qu’on peut mourir même si on est civil et innocent. Cela rend redoutable toute analyse du conflit car c’est la certitude qu’il était possible d’éviter le carnage, que le Hamas ne serait pas moins malheureux s’il ne s’était pas livré à cette boucherie du 7 octobre. Quelqu’un devrait lui murmurer à l’oreille : « Essayez le bonheur ». L’adrénaline que déclenche la haine ne dure que quelques secondes. Mais ce groupe d’hommes assoiffés de sang se distingue par une double barbarie. Non seulement il veut le scalp de tous les juifs du monde, mais il n’éprouve que mépris pour les gens qu’il est censé défendre.

La mort qu’il nous proposent.

Une vidéo des massacres du 7 octobre va  être montrée à des élus français. Il y a eu tant d’efforts pour relativiser les souffrances d’Israël, tant de mensonges et tant de désinformation qu’il faut mettre sous le regard indifférent et las des gens le spectacle du carnage. Ce n’est pas l’habileté militaire du Hamas qui préoccupe, c’est son sadisme, c’est ce niveau de pensée où la mort est exactement l’égale de la vie, qu’entre les deux étapes, il n’y aurait pas de transition. Si la mort n’existe pas, on ne peut tuer personne et la culpabilité de l’assassin disparaît. Si tel est l’enfer sur terre, il n’est pas distinct de l’au-delà. Le discours ardent des terroristes est fondé pourtant sur la perspective d’un paradis que l’on ne peut pas gagner si on n’observe pas les ordres du Coran.

Encore a-t-il fallu que l’on donne du Coran les interprétations les plus xénophobes et racistes, ce qui est nécessaire pour se jeter dans la bataille, mais présente l’inconvénient de faire beaucoup de victimes. Parlant au nom de Dieu, nos pires ennemis croient appliquer la justice de Dieu alors que leur credo et leurs actes ne représentent rien d’autre qu’un blasphème permanent. C’est à la fois absurde, grand-guignolesque et effrayant. C’est la vie-mort qu’ils nous proposent.

RICHARD LISCIA

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Une marche réussie

Paris, hier
(Photo AFP)

Ce n’était pas un soulèvement populaire, mas une série de défilés rassemblant juifs et  non-juifs, 182000 en ajoutant quelques grandes villes à la capitale. Interrogés, les manifestants sont tous convenus qu’ils voulaient protéger les institutions républicaines et empêcher « l’importation en France du conflit israélo-palestinien ».

LANCÉ PAR les présidents de la Chambre et du Sénat, le projet a résisté en vain à la décision de LFI de ne pas y participer et à la volonté de Marine Le Pen d’en être. Il était aussi stupide de refouler les manifestatnts du Rassemblement national que de supplier la France insoumise, arc-boutée sur son analyse, selon  laquelle le Hamas n’est pas un  mouvement terroriste mais d’émancipation. En tout cas, pour la première fois les juifs d’Israël et de France ne se sont pas sentis seuls. Le défilé s’est déroulé à Paris dans un ordre parfait et quand les premiers manifestants sont arrivés à destination, les derniers prenaient le départ aux Invalides.

L’absence de Macron.

On le dit fréquemment, l’antisémitisme n’est pas le problème des juifs mais celui des antisémites. Façon de dire que les juifs ne savent jamais de quoi ils seront victimes la prochaine fois. Une bonne thérapie consisterait à bavarder avec un antisémite pour le guérir de ses fantasmes, tâche interminable et fastidieuse s’il en est. Bref, l’affaire aura été très politique : pourquoi le RN y assistait-il et pourquoi LFI n’y était pas?

Des civils, boucliers humains.

Mais le débat le plus lancinant aura été l’abence du président de la République, trop occupé ans doute à obtenir un cessez-le-feu de Netanyahu, qui s’est mis en colère. Des pauses humanitaires, oui, un cessez-le-feu, non. Ce n’est pourtant pas difficile de se mettre dans la peau des Israéliens. Nous aussi avons connu le terrorisme. Nous aussi sommes émus par le sort des Palestiniens. Mais il faut en finir avec la propagande de Hamas.  Il a fait un bouclier humain des civils. Il se sert des hôpitaux pour stocker des armes et lancer des roquettes.

Le sort des otages.

On ne cesse pas de demander à Netanyahu son projet politique. Il est aisé de vous donner la réponse : récupérer les otages et quitter Gaza, non sans avoir privé Hmas de tous ses moyens militaires.  Le Premier ministre israélien affirme qu’il contribue à une négociation pour obtenir la libération d’une partie des otages. Il n’est pas impossible non plus que Macron participe à cet effort diplomatique, ce qui expliquerait son refus de se rendre au défilé.

Vengeance, oui.

Nous souhaiterions tous nous réveiller demain et assister à une paix durable. Mais le Hamas a déclenché une guerre si dure qu’il va falloir du temps pour trouver des accords. On a sous-estimé (mais on s’est racheté hier) le traumatisme subi par les Israéliens. Les termes diplomatiques expriment une « réaction disproportionnée » quand il ne s’agit pas de crimes de guerre. Et il est établi que Tsahal est allée à Gaza pour venger Israël. Venger ? Quel mot immonde ! Que n’ont-ils, les Israéliens, tendu l’autre joue et expié leurs propres crimes coloniaux ? Bref, on a fait de la vengeance le mot cardinal de la discussion.

Si c’était en France…

Le 7 octobre, a eu lieu un pogrom qui correspond à un tournant historique. L’affaire dépasse, et de loin, l’épisode d’une guerre jamais vraiment interrompue entre le Hamas et Israël. Mais si en France, un attentat avait fait 2 300 morts, il y aurait eu un consensus pour éliminer les agresseurs. On ne parlerait ni de vengeance, ni de projet politique ni de considérations humanitaires. Le peuple exigerait l’extermination des terroristes. De la même manière, s’il est normal qu’à terme Benjamin Netanyahu démissionne et qu’enfin Israël soit dirigé par une coalition du centre et de la gauche, il sera temps de parler d’une négociation sur le fond, la répartition des territoires et la création d’un État palestinien. Il faut forcer la main des Israéliens, mais ne vous faites pas d’illusions : les Palestieniens seront encore plus durs à persuader.

RICHARD LISCIA

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Des otages introuvables

Manifestation pour la libération des otages
(Photo AFP)

Il est inquiétant que, malgré la progression des forces israéliennes au cœur de Gaza et des contacts discrets avec le Qatar, seulement quatre otages sur 240 aient été libérés.

LES PESSIMISTES les croient morts, les optimistes estiment qu’ils vont bien et attendent l’arrivée de leurs libérateurs. Il y a plus d’un mois qu’ils sont aux mains du Hamas et le poursuite du conflit soulève la question de leur sort dans la violence des combats. On n’apprend pas que des centaines de kilomètres de tunnel ont été obturés ou détruits sans se demander s’il n’y avait pas des otages dans ces caches. Le gouvernement israélien a la patience que n’ont pas ses ressortissants, soumis à un régime précaire et de constants bombardements. Un peu comme si sa revanche avait plus d’importance que le sort de ses concitoyens.

Le seul espoir.

La libération des otages ou, au contraire, leur disparition , déterminera le cours des événements politiques pour l’après-guerre. Benjamin Netanyahu est le seul responsable de la prise d’otages et leur mort alourdirait le contentieux qu’il a avec le peuple israélien. Il espère retrouver les otages mais, comme le temps passe, il risque de se retrouver dans une double impasse, militaire et humanitaire. Le seul espoir, c’est la diplomatie. Il y a autant de suivis de l’affaire qu’il y a de ressortissants étrangers parmi les détenus du Hamas.

Humanitaire à deux vitesses.

Il est également étonnant que le Hamas ne libère pas ses prisonniers, ce qui rendrait crédible l’exigence d’un cessez-le-feu. Il a été réclamé à plusieurs reprises et par plusieurs parties concernées, mais Israël a refusé en excipant de raisons humanitaires : libérez les otages, et on retiendra l’idée d’un cessez-le-feu. On navigue entre deux extrêmes, le pire, l’exécution de ses prisonniers par le Hamas avant qu’il ne déguerpisse et le meilleur, une libération suivie d’un cessz-le-feu. Dans tous les cas, on aura une évaluation sceptique du rôle joué par des organisations comme la Croix-Rouge et par Amnesty International, incapables qu’elles sont de dire que le Hamas est une organisation terroriste mais qui n’ont pas hésité à accoler le mot génocide aux actions israéliennes.

Une Shoah tous les 80 ans.

Nihil novi sub sole. Depuis des siècles, tout a été fait pour décrire le peuple juif comme marqué par une ou plusieurs tares et qui est puni par les sociétés où il vit pour les crimes qu’il aurait commis. Des siècles que l’on s’en prend à lui quand il est bafoué, battu, assassiné, au lieu de punir ses agresseurs. Cet état d’esprit, constamment nourri par de nouvelles crises, ne cesse de croître et devenir, en quelque sorte, l’instrument qui déterminera l’attitude des non-juifs à l’égard des juifs. La Shoah a été l’occasion, pour le monde, d’une effroyable prise de conscience. Mais on ne peut pas faire une Shoah tous les 80 ans, un peu comme on ferait une injection de rappel, pour réveiller les consciences.

Il est impératif que le Hamas libère ses prisonniers. Il est vrai que, dans leur attente désespérée, les familles finissent par voir le Hamas comme une organisation alliée qui aurait au moins le mérite d’avoir gardé les otages en vie. Quand tout s’effondre, on se raccroche aux branches.

RICHARD LISCIA

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