À marche…forcée

Braun-Pivet et Larcher
(Photo AFP)

Il est tout de même curieux qu’une marche organisée pour dénoncer un antisémitisme alarmant donne lieu à une querelle à la Clochemerle entre les partis politiques.

L’INTENTION des présidents Braun-Pivet et Larcher était pourtant louable : il s’agissait de dresser la communauté nationale pour freiner l’ascension d’un antisémitisme maladif et nuisible pour la stabilité du pays. La marche n’a pas encore eu lieu que sont créées des différences entre les partis, tous, sauf LFI, étant prêts à participer à ce défilé entre l’Assemblée et le Sénat. Mais voilà : les démocrates ne marchent pas en compagnie du Front national qui sera rélégué en queue de défilé. La France insoumise, toujours convaincue que le Hamas est un mouvement de libération nationale, ne participera pas à la marche.

Loyauté au groupe.

Les manifestants ne seront pas obligés de porter un badge indiquant leur appartenance idéologique. On pourrait donc mélanger tous les courants pour donner une impression d’unité nationale. Il n’en est rien. Il est plus important de décrire son appartenance à gauche ou à droite que d’abattre un fléau contemporain. On porte ses convictions en bandoulière. Ce sont tous ces élus qui sont appelés à gouverner le pays. Ils sont, faut-il le préciser, moins bien organisés que les antisémites professionnels qui n’ont jamais autant fait parler d’eux. Là où il y a une grande cause à défendre, on ne trouve que disputes et méfiance. Là où se développe une crise qui ne fait guère honneur au pays, on se défausse sur la loyauté à l’idéologie.

Une action peu populaire.

Dans ces conditions; les Français juifs ne risquent pas d’espérer une amélioration de leur condition. Ils continueront d’être tagués, harcelés, interpellés,  bousculés et frappés. Ils se demanderont ce qu’ils font dans cette galère. Tout aussi isolés que les Israéliens, ils ne trouveront un peu de sollicitude qu’auprès du gouvernement, qui n’en est pas avare mais dont la popularité, hélas, ne croît guère quand il prend fait et cause pour nos concitoyens juifs.

Ce qui est nouveau.

Heureusement, toute crise révèle quelque chose de neuf. Le Rassemblement national s’est transformé en troupeau de moutons. Oui, ils seront là, en queue de défilé (statut quelque peu humiliant) et qu’importe. Les LR et la macronie ont trouvé des raisons de se rapprocher dans cette crise existentielle que déplorent tant de Français. Les communistes, qui ont jeté leurs vêtements staliniens, confirment qu’ils n’ont plus rien à voir avec l’antisémitisme. Quant aux écologistes, on ne sait pas trop où ils vont et eux non plus.

Un anachronisme qui a la peau dure.

Il n’est pas facile de démontrer que l’antisémitisme est un anachronisme qui a néanmoins pignon sur rue. De même qu’il n’est plus honteux de voter pour Marine Le Pen, de même il n’est plus choquant de parler des juifs en termes méprisants. Il y a  de quoi être pessimiste pour diverses raisons : on n’est jamais vacciné contre l’antisémitisme, il n’existe pas d’immunothérapie ; le fléau, depuis un siècle, accompagne toutes les défaites et victoires du pays, sans qu’il y ait entre l’issue de la bataille et l’antisémitisme une corrélation ; enfin, nous allons faire un bout de chemin, lui et nous. Il n’est pas sûr du tout que nous ne périrons pas avant lui ; il est plus probable que nous serons enterrés avant qu’il soit terrassé.

RICHARD LISCIA

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De Gaza à Paris

New York : manifestation pro-palestinienne
(Photo AFP)

Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, et  Gérard Larcher, président du Sénat convient la population à une grande marche qui aura lieu, symboliquement, dimanche entre le siège de l’Assemblée et celui du Sénat.

LE NIVEAU d’antisémitisme n’a jamais été aussi élevé depuis la Seconde Guerre mondiale, ce qui devient intolérable. L’initiative des deux présidents est donc la bienvenue. Elle participe à une prise de conscience de ce qui s’est passé le 7 octobre dernier en Israël et qui reste perçu par l’opinion publique comme un épisode de plus dans le conflit israélo-palestinien. Ce n’est pas un épisode, mais un tournant historique dans la vie d’Israël qui doit tout à la fois apporter une rétribution forte aux terroristes, changer de gouvernement, obtenir la libération des quelque 240 otages et rassurer les Israéliens sur leur sécurité, largement compromise depuis l’assaut du Hamas.

Israël n ‘a pas le choix.

L’État juif ne doit pas occuper Gaza. Le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, a envisagé cette hypothèse pour se faire rabrouer par les États-Unis. Tout le monde est impatient, comme le sont les Occidentaux au sujet de la guerre en Ukraine. Les deux questions, politique et militaire, marchent ensemble, mais il ne peut y avoir de retrait israélien à Gaza si le Hamas n’est pas démantelé et, surtout si les otages ne sont pas libérés au préalable. Le jeu de Netanyahu est clair. Face à ses censeurs israéliens qui réclament sa démission, il essaie de prolonger sa carrière politique en présentant des résultats militaires et humanitaires.

Abandon de souveraineté.

Mais son sort est scellé, d’autant que, pour Israël, une nouvelle stratégie géopolitique doit être trouvée et qu’est relancée durablement la solution à deux États. Il est absurde de penser que l’extrême violence du conflit contient une accélération du travail diplomatique. Les Palestiniens ne seront pas enthousiastes si on leur présente un plan de paix où ils auraient un territoire mais devront nécessairement accepter des abandons de souveraineté, par exemple, admettre de ne pas avoir d’armée et renoncer une fois pour toutes à la violence.

Souffrances palestiniennes.

Les autorités israéliennes ont diffusé auprès des journalistes une video qui raconte les horreurs commises par le Hamas. Il s’est trouvé des observateurs pour reprocher cette initiative à l’État hébreu. Mais, de même que la riposte militaire d’Israël ne s’est pas fait attendre et que le bilan humain est de plus en plus intolérable, de même Israël ne peut pas accepter que ce tournant historique soit présenté comme épisodique. Il est facile de critiquer Israël, mais lui conseiller de ne pas chercher les otages, de ne pas entrer à Gaza et de ne pas rappeler les atrocités commises par le Hamas, c’est tout simplement une façon de prendre les Israéliens pour des idiots en se contentant de dénoncer les conséquences de la guerre sur la population palestinienne, dont personne ne conteste les souffrances.

Du Bataclan à Sderot.

Cette guerre, ce n’est pas Israël qui l’a déclenchée, c’est le Hamas ; les forces de Tsahal peuvent commettre des bavures, elles ne visent jamais les civils, contrairement aux terroristes ; la prise d’otages est la saveur exquise d’un plat empoisonné ; ce n’est pas la Cisjordanie occupée qui a été attaquée, mais le territoire d’Israël dans les limites reconnues par les Nations unies.  Enfin, il ne se passe rien en Israël qui ne rappelle les attentats commis en Europe. Sderot ou le Bataclan, même combat. Les Israéliens se tuent à le répéter, il faudrait commencer à les écouter.

Appelez çà un crime.

Il est essentiel, en France, que s’unissent les forces démocratiques. Tous les partis politiques, sauf LFI, ont répondu « oui » à l’appel des deux présidents. La position inspirée par l’islamo-gauchisme est une tragédie qui inverse les principes sur lesquels notre société est organisée. LFI a déjà estimé que le Hamas est un mouvement de libération qui combat le colonialisme. Le voici qui, maintenant, veut faire bande à part pour entretenir le mensonge du siècle. Pendant que, pour un pitance honteuse (50 euros) des Moldaves ont posé des étoiles de David sur des murs parisiens (suivez mon regard jusqu’au Kremlin), nous n’avons pas pu obtenir un consensus sur le crime le plus terrifiant de ce siècle.

RICHARD LISCIA

 

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Un procès hors normes

Éric Dupond-Moretti hier au Palais de justice
(Photo AFP)

Depuis hier, Éric Dupond-Moretti, Garde des sceaux, comparaît devant la Cour de justice de la République (CJR) pour « prise illégale d’intérêts ». Ainsi élus et magistrats se livrent-ils à un exercice contesté dont le pays se serait bien dispensé.

POUR PLUSIEURS raisons : la CJR fonctionne mal et il a été envisagé de la supprimer ; l’initiative de celui que l’on appelle « Acquittator » aurait été mieux traitée par une instruction discrète qui aurait mis à égalité les protagonistes ; l’affaire a tout à voir avec un règlement de comptes entre avocats et magistrats et rien avec l’exercice serein de la justice. En outre, toute l’histoire se déroule dans un flou juridique dense d’où le pire peut sortir, à commencer par une perte d’inégibilité et une forte amende pour l’actuel ministre, lequel n’a pas jugé utile de quitter ses fonctions pendant la durée du procès et assure qu’il mènera de concert son procès et la gestion de son ministère.

« Une infamie ».

« Ce procès est une infamie », a déclaré d’emblée Éric Dupond-Moretti, ce qui laisse présager des débats plutôt houleux, déclaration qu’il a atténuée en ajoutant qu’il était « soulagé » de pouvoir se défendre. Dans l’affaire lancée par le parquet national financier, une enquête sur le financement de campagnes électorales, notamment celle de Nicolas Sarkozy, avait été étendue à ses avocats, ce qui, déjà, est parfaitement illégal, mais est allée jusqu’à écouter les conversations téléphoniques de M. Dupond-Moretti qui, lui, n’était nullement concerné par le scandale. L’avocat, à bon droit,  a explosé de colère, a porté plainte contre les magistrats, sans prévoir que, plus tard, il serait hissé au poste de ministre. Et sans pouvoir imaginer qu’il allait, de cette manière, créer  un sac de nœuds inextricable dont souffrent la justice, la magistrature et le pouvoir politique.

Une question lancinante.

Il serait surprenant que les juges de la CJR n’accordent pas un peu d’intérêt pour les arguments de l’intéressé. Mais, pour nous, demeure une question lancinante que Me Dupond-Moretti sera peut-être amené à développer : est-il seulement légal, pour des juges, d’écouter les conversations téléphoniques entre des accusés et leurs avocats ? Comment se fait-il que notre société, elle qui dispose de tous les instruments d’une justice égale pour tous et profondément démocratique, tolère sans broncher le viol de la relation accusé-avocat ? Nous sommes les meilleurs quand il s’agit de plaider, mais beaucoup moins bons quand il suffit de ne faire que ce que le droit permet.

Un avocat est sacré.

Les magistrats du parquet financier n’ont jamais répondu à cette question, bien qu’elle soit prépondérante. Ils se sont contentés d’émettre des borborygmes sur leurs propres méthodes qui, de toute évidence, ne les grandissent pas, affectant d’avoir tous les droits pour la recherche de la vérité, y compris celui de s’immiscer dans le rapport entre l’avocat et son client. Si c’était aussi simple, les enquêtes judiciaires seraient courtes et les avocats deviendraient bien inutiles. De fait, il feraient peur à leurs clients.

Question de démocratie.

Le procès de Me Dupond-Moretti ne manquera pas de soulever ces points litigieux, du moins on l’espère. Ils sont consubstantiels à la démocratie et pourtant considérés avec la plus grande indifférence par l’opinion publique qui, d’ailleurs, voit dans un procès une sorte de match où s’entretuent des personnages pourtant essentiels au fonctionnement de l’État. La démocratie, rappelons-le, est en recul dans le monde et cela affecte notre façon de vivre. Elle ne nous est pas tombée dessus comme une pluie de printemps. Il a fallu la gagner et, surtout, il faut se battre tous les jours pour la conserver.

RICHARD LISCIA

 

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Une loi sur les migrations

Macron à Plougastel vendredi dernier
(Photo AFP)

Le Sénat s’empare, à partir d’aujourd’hui, du projet de loi sur l’immigration. La majorité sénatoriale est hostile à l’article numéro 3 du projet qui donne aux étrangers qualifiés des emplois refusés par les Français.

LE TEXTE durcit des dispositions sur la présence d’étrangers bénéficiant de visas temporaires et qui, jusqu’à présent, parvenaient à rester indéfiniment sur le sol français. Au delà du Sénat, les Républicains considèrent, par conviction ou par opportunisme politique, que le document est trop favorable aux migrants qui font tout, pour leur part, pour ne pas être rapatriés. Cela dit, il n’est pas certain que l’opposition de LR dure très longtemps. Beaucoup des membres de ce parti estiment que le texte évoluera  et sera durci avec le temps.

Une longue procédure.

D’autant que le président de la République n’est pas hostile à l’organisation d’un référendum sur l’immigration dont il souhaite faciliter la procédure en diminuant, par exemple, le nombre de suffrages nécessaires à la tenue du vote. On comprend donc que les règles de l’immigration ne seront pas seulement écrites par le projet de loi et qu’elles évolueront encore à l’avenir. C’est d’autant plus important que l’économie donne des signes de faiblesse et qu’une hausse du taux de chômage vient d’être constatée.

Un durcissement.

Il existe donc une sorte de décalage structurel entre la pérennité d’une loi et une économie qui évolue tantôt vers le haut et tantôt vers le bas. La multiplicité des procédures ne favorisera pas pour autant la stabilité de l’immigration. Trop de facteurs conjoncturels en modifient constamment les perspectives. Le premier point de l’analyse, c’est la nécessité de règles non seulement édictées mais appliquées, par exemple le raccompagnement à la frontière ; le second point, c’est un consensus national, une majorité de Français étant favorable à un durcissement des conditions d’accueil.

Une chance.

Le sujet est à la fois politique et économique. Il est regrettable que LR y voie un moyen d’exercer de nouvelles pressions sor l’exécutif, au lien de penser uniquement à l’intérêt général. Et regrettable aussi que l’on ne comprenne pas l’utilité d’offrir à des migrants des emplois utiles, parfois même indispensables, pour renforcer la machine économique. L’immigration n’est pas une malédiction pour les pays d’accueil, mais une chance. Celle d’augmenter la force de la main d’œuvre et le produit intérieur brut (PIB). Ces considérations devraient faire l’objet d’un acord national entre les partis. Il n’en est rien, pour une raison simple : LR veut éterniser la question de l’immigration en s’appuyant sur la colère des Français, qui est déraisonnable.

Une lueur de sympathie.

Il en va de l’immigration comme du reste. Elle reste nécessaire mais elle doit être contrôlée. Il n’est pas question d’en minimiser l’importance ou de l’élargir imprudemment.  Une grande partie de la population française voudrait limiter les migrations pour des raisons de sécurité. Mais ceux qui arrivent chez nous affamés et assoiffés ne sont pas nécessairement des parasites. Ce sont des personnes qu’il faut recycler et respecter, qui doivent se conformer aux us et coutumes du pays et n’y parviendront que s’ils voient dans notre regard une lueur de sympathie.

RICHARD LISCIA

 

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Israël diffamé

Hassan Nasrallah, l’oracle du Liban
(Photo AFP)

Israël est-il en train de commettre un « génocide » dans la bande de Gaza ? Des « experts » anonymes de l’ONU l’affirment, infligeant ainsi une seconde mort aux victimes du 7 octobre et à celles de la Shoah. 

LE RÔLE de cette chronique est de redresser les informations ou analyses que nourrissent les fantasmes. Si un acte génocidaire a été commis, c’est bien celui du Hamas qui a assassiné des citoyens sans défense, des femmes et des enfants, et a pris près de 250 otages. C’est à cette organisation-là qu’on accorde le crédit de ses déclarations et communiqués dont le contenu n’est pas prouvé mais qui servent de toute évidence, à renverser la force de la preuve en faveur du terrorisme. Il serait, selon une ONU privée de toute raison, une façon de faire la politique. Menteurs de tous les pays, unissons-nous et dénonçons sans relâche, avec l’aide de la propagande, les exactions d’Israël.

Peuple colonial.

Et comme l’actuel gouvernement israélien est aussi celui de la colonisation en Cisjordanie, surtout ne l’épargnons pas. Traçons vite le raccourci : peuple colonial, tu dois disparaître. Voilà la meilleure argumentation : elle consiste à diffamer Israël jusqu’au moment où ses actes garantissent d’emblée une sorte de feu divin, de rétribution sacrée, la première religion révélée étant supplantée par une autre qui confisque Dieu au nom de qui on peut massacrer, brûler vifs, décapiter des bébés israéliens.

Le suspense Nasrallah.

Comme il existe un consensus autour d’une idée simple, à savoir que Benjamin Netanyahu est victime de son incompétence, qu’il n’a pas de projet, qu’il va partir de toute façon, alors il suffit d’énoncer ce à quoi aspirent tous les adorateurs de la paix : le problème sera réglé par l’affaiblissement notoire d’Israël. Quoi ? Il envahit Gaza . Il va chercher les assassins au fond de leurs tunnels et ce faisant, il augmente les pertes israéliennes, pendant que le Hezbollah attaque le Nord, et que le monde attend pieusement le discours que Hassan Nasrallah, l’homme stipendié par l’Iran, qui va nous dire à quelle sauce il va dévorer les Israéliens.

Satisfaire l’opinion mondiale.

Pourtant, il était logique, pour l’État juif, d’entrer dans Gaza, rendre coup pour coup et libérer les otages. Mais l’opinion mondiale en veut plus, elle veut un accord de paix. Avec qui ? Avec ceux qui l’ont déjà conclu, mais, fâchés de ce qu’Israël ose se défendre, ont repris leur signature. On constate sans difficulté que le processus politique ne peut pas reprendre si, au préalable, le Hamas n’est pas neutralisé.  Il ne s’agit pas, ici, de nier la nécessité d’un accord créant un État palestinien (démilitarisé) à côté d’Israël, avec des déplacements de colons et des échanges de territoires. Il s’agit seulement de protéger un peuple qui a construit de ses mains et malgré de nombreuses guerres un État viable et prospère.

La détresse des civils palestiniens.

Le gouvernement israélien, avec ou sans Netanyahu, ne peut pas négocier avec une bande de gangsters qui veulent rayer Israël de la carte ; mais il doit le faire avec ceux qui sont prêts à reconnaître la légitimité de l’État hébreu. Bien qu’il n’y ait aucun moyen sérieux de chiffrer les pertes civiles à Gaza, même les Israéliens les déplorent. Nous aussi. On n’a pas besoin du mot génocide pour décrire leur détresse, mais le Hamas, qui se sert des civils comme boucliers humains, en est plus responsable que Tsahal. Il est impossible de distinguer les civils des hordes combattantes vêtues exactement comme eux. C’est le Hamas qui réunit les atouts les moins respectueux des règles de la guerre, c’est Israël que l’on traîne dans la boue. Ne soyez pas surpris si l’État juif ne perd pas trop de temps à soigner sa réputation.

RICHARD LISCIA

 

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L’après-Macron

Macron à Samarcande
(Photo AFP)

Il serait prétentieux et très superficiel d’imaginer pour le président de la République en exercice jusqu’en 2027 un métier, une vocation ou un choix ferme dans la lignée de ses combats réformistes. Il en est quelques-uns, pourtant, qui ont commencé cet exercice.

L’INTÉRÊT, pour les commentateurs, est de dresser un bilan avant l’heure. Et cependant, le chef de l’État nous a déjà prouvé qu’il reste très actif pendant son second mandat, au point où on ne sait plus où il est, à Jérusalem, au  Caire ou à Astana. Ce n’est pas lui faire injure que de le dire plus à l’aise dans les grands projets que dans le remaillage forcené d’un tissu social dévasté. On sait l’ambition qui l’anime, la foi qu’il a dans un pays qu’il estime fort, l’attitude qu’il a adoptée en pilotant le navire au sein de l’Europe. Plus tard, mais sous une forme apolitique, il devrait logiquement poursuivre cette recherche haletante.

Il plie mais ne se rompt pas.

L’histoire retiendra de lui moins son caractère et sa méthode que sa manière de gérer les crises. Il a bien failli être évincé par les gilets jaunes ou la réforme des retraites. Mais il a su plier sans rompre. La cohérence de ses projets n’a pas échappé à une forme de contestation permanente qui en a modifié l’aspect. Macron aura été un survivant, un homme, par ailleurs inlassable, qui consacre du temps à inventer l’avenir et encore plus de temps à réparer ses erreurs. Objectivement, il n’a pas été gâté. Le Covid, les gilets jaunes, le recours au 49/3 ont fait de ses deux mandats une longue période de détresse et de divisions.

Une soupape.

D’aucuns répondront, non sans raison, qu’on ne demande pas à un président de se contenter de survivre. Mais il ne s’en est pas contenté. Au terme de chaque bataille, une réforme est passée et le paysage politique a énormément changé. 2017, qu’on le  croie ou pas, aura été une sorte de second 1968. Il fallait que le pays bougeât, qu’il protestât, qu’il sortît dans la rue. Cela aurait pu arriver avec n’importe quel président. Il fallait une soupape, un récipient pour tous les débordements, un appel à un supplément d’âme. Pourquoi ne pas dire la vérité et rappeler que les grands marathons oratoires auxquels Macron s’est livré au lendemain des gilets jaunes ont fini par apaiser les colères, et reconnaître en même temps que l’accalmie était très provisoire ?

Le Pen portée par l’anti-macronisme.

L’après-Macron dépendra complètement de son successeur qui, en bonne logique sondagière, devrait être Marine Le Pen ; laquelle, sans détruire les atouts de la France, s’efforcera par principe de présenter un programme différent de celui de son prédécesseur.  On reprochera à Macron, à n’en pas douter, de n’avoir pas pu empêcher l’avènement du Rassemblement national. Mais la France entière s’est coalisée pour vitupérer le moindre de ses gestes ou de ses mots, sans se soucier du fait qu’il était, contre Le Pen, le seul obstacle qu’elle ne pût franchir.

La fin du gaullisme.

Il fallait, pour éviter le désastre lepéniste, des femmes et des hommes courageux formés au macronisme dont on a ridiculisé les ambitions et les formules. On sera tellement content de son départ, puis tellement déçu par une femme incapable de se couler dans la social-démocratie !  Peut-être mon estimation est-elle présomptueuse, mais il a été le moins mauvais président depuis Charles de Gaulle. Il a tenté de s’accaparer son inspiration historique et même cosmique, sans jamais lui ressembler. Néanmoins, ceux qui se targuent d’être les descendants et les gardiens du gaullisme ne nous ont guère convaincus. Ils en sont à lui compter leurs voix comme s’ils avaient aujourd’hui la même influence qu’autrefois.

Heureusement, la macronie peut encore renaître de ses cendres et faire émerger un homme ou une femme capable de poursuivre les réformes dans un climat que l’on souhaite plus calme. Si, pour chacun d’entre nous ne comptait que l’intérêt général, nous n’aurions aucune raison de douter de nous-mêmes.

RICHARD LISCIA

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Le néo-antisémitisme

Netanyahu doit partir
(Photo AFP)

L’invasion de Gaza par les forces israéliennes a déclenché un regain d’antisémitisme dans le monde, la France n’étant pas épargnée par le phénomène qui s’exprime de diverses manières, par exemple des tags inscrivant des étoiles de David sur des murs, sorte d’appel lancé à la foule raciste afin qu’elle règle leur compte aux habitants d’un quartier. 

DANS CETTE EXPRESSION non contrôlée de l’antisémitisme, il y a bien sûr le conflit de Gaza, perçu indépendamment des attentats effroyables du 7 octobre, comme si la violence israélienne n’avait pas de raison particulière. La Colombie a rompu ses relations diplomatiques avec Israël, ce qui a été considéré par Jérusalem comme une capitulation face au terrorisme. Mais le bilan, pour Israël et le monde juif  en général, est désastreux.

Un chagrin obsédant.

L’État juif, en effet, a perdu d’un seul coup tous les gains diplomatiques qu’il avait engrangés ces dernières années, notamment les fameux accords d’Abraham, qui normalisaient les relations d’Israël avec plusieurs nations arabes. C’est dans ce contexte dégradé qu’une délégation de familles de personnes kidnappées par le Hamas est venue à Paris pour obtenir que la libération des otages soit une priorité mondiale. Le chagrin de ces familles aura été obsédant pour tous ceux qui ont pris la peine d’écouter leurs déclarations. Mais personne n’ira chercher les otages à la place de Tsahal. Peut-être qu’en négociant avec le Hamas, on pourrait obtenir de meilleurs résultats. Jusqu’à présent, le Hamas n’a libéré que quatre femmes.

Le monde veut une bonne raison.

Pour le moment, le Hamas est le grand gagnant du conflit dans la mesure où la compassion pour les victimes et otages du Hamas a cédé la place à un rejet des bombardements qui tuent des civils. L’antisémitisme, dans cette affaire, ne relève plus du bon vieux racisme traditionnel, mais concerne sans doute la collectivité musulmane qui soutient le camp palestinien, après que les massacres du Hamas ont été célébrées par une fête en Cisjordanie. C’est sûrement un peu tôt pour exiger d’Israël qu’il expose son projet politique alors que son armée prend des risques insensés à Gaza. On devine en outre que le projet ne naîtra pas du cabinet de Benjamin de Netanyahu mais de son successeur. Il n’empêche que, pour le prix humanitaire, le monde veut une bonne raison, qui n’a pas encore été fournie.

Le comique poutinien.

Bien sûr, le sort fait à Israël traduit son impopularité. Dns la zone comique des réactions, il faut lire celles de Vladimir Poutine, le tyran le plus impitoyable depuis 1945, qui se pose en chef humanitaire seulement préoccupé par le sort des Palestiniens. On en rirait si ce n’était trop grave. Il suffit de comprendre comment Israël a été floué par les pays arabes qui, après avoir signé les accords d’Abraham, les ont récusés dès ce mois-ci. À croire qu’ils savaient ce qui allait se passer ou même qu’ils ont contribué à la défaite d’Israël. Cependant, Netanyahu a été partie prenante dans le terrible échec de la diplomatie israélienne. Il n’est pas indispensable à la guerre de Gaza. S’il doit partir, qu’il le fasse sans attendre des jours meilleurs.

La bonne vieille méthode.

Cela dit, l’effort mondial pour assimiler la diaspora et les faits et gestes d’Israël ne résulte pas de l’indignation des masses ou de la colère des pro-palestiniens. C’est une affaire rondement menée, financièrement et politiquement.  Désigner le juif comme un traître naturel dont la fibre resterait étangère à jamais, c’est une façon, pour le monde arabo-musulman,  de reprendre une analyse qui a conduit à la Shoah. On tremble pour les victimes, mais Israël ne retrouvera son statut que s’il gagne cette guerre particulièrement horrible contre le Hamas.

RICHARD LISCIA

PS-La Bolivie, à son tour, a rompu ses relations avec Israël.

 

 

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De Jérusalem à Kiev

Zelensky et Netanyahu
(Photo AFP)

Il est difficile de ne pas déceler la communauté de destins entre l’Ukraine et Israël. Les deux pays sont confrontés à une guerre qui menace leur existence. Au moment où l’on parle avec componction du respect du droit, la crise à laquelle ils font face résulte uniquement de l’emprise de la Russie et de la Chine sur les affaires internationales.

PARMI les erreurs commises par le gouvernement israélien, il y a eu l’illusion d’un rapprochement avec Vladimir Poutine qui aurait permis à Israël de faire valoir ses arguments devant les Nations unies. Un fiasco, car Poutine n’est pas homme à respecter sa parole. C’est le spécialiste de la trahison, comme on s’en est aperçu avec les distances qu’ils a prises avec l’Arménie et l’abandon du Haut-Karabakh à l’Azerbaïdjan. Vous ne pouvez pas demander à cet homme-là de faire autre chose que de protéger les intérêts russes tels qu’il les comprend. En Israël, Benjamin Netanyahu n’a cessé de câliner Poutine jusqu’au moment où l’ONU a dénoncé l’invasion de Gaza sans avoir un seul mot sur le carnage du 7 octobre.

Du Tiers-Monde au Sud global.

L’ONU ne redeviendra impartiale que lorsque la composition du Conseil de sécurité sera modifiée pour ne pas se comporter comme une rente de situation pour Moscou. Ce moment est lointain, mais il se produira, comme il s’est produit après la chute du mur de Berlin : l’effondrement du bloc soviétique et son choix d’une économie libérale que la Russie ne savait pas gérer ont permis aux Nations unies d’échapper au chantage exercé par ce qu’on appelait autrefois le Tiers-Monde et qu’on appelle aujourd’hui le Sud global.

Une position identique.

L’opinion publique mondiale exige de l’Ukraine qu’elle négocie avec la Russie sans avoir terminé la guerre ; elle exige d’Israël qu’il encaisse un coup presque fatal sans détruire les capacités militaires du Hamas. Les gouvernements ukrainien et israélien se retrouvent dans une position identique : gagner la guerre avant de négocier. De la même manière, on rappelle aux Israéliens qu’ils ne peuvent pas entraîner le monde arabo-musulman dans une guerre régionale et aux Ukrainiens qu’ils doivent faire des concessions territoriales. Ces reproches et conseils sont exprimés au nom du droit international et de la paix, mais, sans doute aucun, ils préparent de nouveaux conflits.

Mourir pour la patrie.

L’attitude du peuple ukrainien et du peuple israélien est la même : il s’agit tout simplement, de mourir pour la patrie. L’idée calomnieuse et largement répandue que Volodymyr Zelenski et Benjamin Netanyahu ont des appétits inextinguibles se fraie un chemin chez les gens qui ont si peu de mémoire qu’ils ont déjà oublié Bakhmout et Marioupol, Sderot et la rave party. Juifs et Ukrainiens sont donc les damnés de la terre, des gens sans foi ni loi qui ne gêneront plus personne quand ils ne seront plus là. Il fallait un consensus mondial pour que les juifs fussent exterminés pendant la guerre de 1939-45. Il en faut un autre pour que les Ukrainiens comprennent enfin qu’ils n’ont pas droit à un État.

Le tout accompagné d’une propagande diffamatoire qui voit des nazis partout, mais pas à Moscou ou à Gaza. Le récit historique risque, grâce aux gens prudents, à la sémantique choisie, de ne conserver que la ténacité de deux nations qui ne lâchent rien. Non, elles ne lâchent rien, surtout quand il s’agit de leur existence.

RICHARD LISCIA

 

 

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L’IVG dans la Constitution

Macron : « Tiens, une affaire facile ! »
(Photo aFP)

C’est d’un consensus  qu’est née l’idée d’inscrire l’IVG, ou interruption volontaire de grossesse, dans la Constitution. Elle sera adoptée non par  référendum mais par un vote solennel d’au moins trois-cinquièmes du Congrès.

S’IL N’Y AVAIT que l’IVG, la France serait un paradis politique. Selon un sondage Ifop publié il y a un an, 86 % des personnes interrogées sont favorables à l’inscription de l’IVG dans la Loi fondamentale. Membre de la France insoumise, Mathilde Panot a soumis une proposition de loi à l’Assemblée garantissant aux femmes le droit d’IVG. Puis le Sénat a montré qu’une révision de la Constitution était possible. Finalement, Emmanuel Macron, qui a compris que l’adoption d’une révision se ferait sans mal, s’est emparé de l’affaire et a annoncé un calendrier : projet de loi soumis au Conseil, puis adopté en Conseil des ministres et loi appliquée dès le début de l’an prochain.

Rendre l’IVG irrécusable.

Du coup, Mme Panot a retiré son projet. On notera que, pour éviter les protestations de ceux qui sont viscéralement opposés à l’IVG, le terme « liberté » (d’obtenir une IVG) a remplacé celui de « droit ». Ce qui ne change rien au fond de l’affaire. Seule Marine Le Pen s’est moquée de la nouvelle disposition, non parce qu’elle serait hostile mais parce qu’elle n’en voit pas l’utilité. Ce faisant, elle prêche pour la paroisse. L’idée de Macron, suivi par la plupart des élus, c’est de rendre l’IVG pratiquement irrécusable. Si l’interruption volontaire de grossesse n’est pas inscrite dans la Constitution, n’importe quel gouvernement (mais surtout un gouvernement d’extrême droite), s’efforcerait de supprimer l’IVG.

Aux États-Unis, une liberté réduite.

L’histoire de la lutte pour les droits des femmes a montré qu’un droit acquis peut-être perdu à la faveur d’une évolution de la société ou d’un nouveau   gouvernement. Les États-Unis sont la meilleure preuve de ce que nous avançons ici, puisque la Cour suprême américaine laisse désormais à chaque État le droit de pratiquer ou non une IVG. Le résultat est que les femmes vivant dans des États conservateurs sont obligés de se rendre dans des États libéraux pour obtenir un avortement. Ce qui n’est pas autre chose que la réduction d’une liberté.

Même Marine Le Pen…

La France a changé, et dans le bon sens. Et le message laissé par Simone Veil, qui a réussi à obtenur du Parlement l’adoption de l’IVG (sous certaines conditions) a modelé les esprits. Les moins réductibles au changement de mœurs sont souvent gagnés par la morale laïque et rejettent les impératifs religieux. Dans un pays déchiré entre le conservatisme sous toutes ses formes et le libéralisme, voilà un sujet dont Macron a compris qu’il était consensuel et que, si Mathilde Panot était pour l’IVG, c’est qu’il y aurait une majorité écrasante pour voter la loi. D’ailleurs Marine Le Pen n’a pas dit que le Rassemblement national ne la voterait pas.

Le sale boulot.

Bien entendu, il s’agit d’une victoire de la femme française, mais c’est aussi un moment exquis d’unité nationale, denrée de plus en plus rare sous notre latitude. Les médecins qui me lisent ne sont pas, comme on le sait, très enthousiastes au sujet de l’IVG, ou plutôt ils n’aiment pas être naturellement désignés pour faire ce que d’aucuns appellent « le sale boulot ». Comme tout le monde, ils ont le droit d’avoir des convictions religieuses et politiques. On le comprend d’autant mieux qu’une fois l’IVG verrouillée dans la Constitution, la capacité à y échapper pour les soignants sera nulle.

RICHARD LISCIA 

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Le temps manque

La solitude de Netanyahu
(Photo AFP)

Le conflit entre Israël et le Hamas a déclenché une pléthore de protestations aussi vivaces dans le camp palestinien, où l’on déplore les victimes civiles, que dans le camp israélien où l’on réclame la libération des plus de 200 otages qui sont encore aux mains des terroristes.

LES VICTIMES ont un destin inégal. Quatre otages ont été libérés, ce qui accentue la souffrance imposée aux autres ; l’aide alimentaire et énergétique n’arrive qu’au compte-gouttes à Gaza ; l’invasion, considérée comme imminente, tuera encore de jeunes soldats, des otages et un nombre élevé de civils gazaouis. Les familles des otages protestent. Elles manifestent contre le gouvernement israélien qui a perdu toute crédibilité et cache son impuissance sous des airs mystérieux, comme s’il avait, dans cette affaire, une martingale infaillible.

Un pays divisé.

L’unité retrouvée des Israéliens, après les massacres commis par le Hamas le 7 octobre, est en passe de disparaître. Le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, a promis de se remettre en cause et de reconnaître ses responsabilités au terme des combats. Façon de ne pas répondre aux protestations des Israéliens, lesquels semblent souhaiter que le processus soit inversé, le changement de gouvernement intervenant avant la liquidation du Hamas et le rapatriement des otages.

La détresse de « Bibi ».

Tout se joue dans un contexte de communication grossière et excessive, les chiffres annoncés par le Hamas n’étant pas fiables. C’est dans la vieille tradition du terrorisme de désigner ses victimes comme des coupables et de s’innocenter. C’est intolérable pour Israël qui cherche, sans l’avoir trouvée à ce jour, une méthode pour recouvrer sa crédibilité militaire. Pour Netanyahu, commence un long séjour dans la solitude. Il n’a plus d’amis : les nouveaux membes du gouvernement sont loyaux, mais entendent les objections des Occidentaux ; à tenter d’éliminer le Hamas, il accélère sa propre chute : en essayant d’apaiser l’opinion de son pays, il augmente son propre discrédit.

Sur le désir de vengeance.

Il ne faut pas avoir peur des mots : Israël veut se venger d’un affront qui a déchiré son tissu social. Et en dépit des effforts occidentaux pour distinguer le projet politique de la vengeance, il n’est pas inutile que l’État juif continue à faire peur à ses pires ennemis. Du Sud global au Nord sibérien, le seul langage de la diplomatie, c’est la force, le rouleau compresseur, la terreur. Toutes techniques inapplicables à Gaza et qui seront néanmoins appliquées. La guerre en Ukraine a réveillé les démons qui agitent les forces du mal et les suceurs de sang. C’est clair : il faut quelqu’un d’autre que Netanyahu pour résoudre le problème et c’est par lui qu’il faut commencer.

Fous de Dieu.

On propose cette analyse, mais sans grand enthousiasme. Pour le peuple israélien, il est extrêmement difficile de ne pouvoir compter sur le gouvernement après une tragédie qui restera dans les annales. Non seulement cela ne s’est jamais produit, mais c’est à partir de la connivence entre le peuple et le pouvoir que l’impasse a été créée. Il n’y a pas une once d’humanité chez les colons qui tirent sur des enfants palestiniens ; il y en a encore moins chez des fous de Dieu qui décapitent des nourrissons. On a envie de leur crier à tous : un enfant est sacré, une femme est sacrée ! On massacre, on assassine, on torture au nom de la religion. Elle a bon dos. Coran ou Torah, jamais le crime n’a été édicté en loi, de sorte que ceux qui prétendent s’appuyer sur des textes sont de fieffés menteurs.

Imagination bloquée.

Il est inconfortable de renvoyer le Hamas et Israël dos-à-dos. C’est le meilleur moyen de glisser vers l’antisémitisme. Lequel fait sur les ondes le triomphal retour qui empoisonne les sociétés, y compris la nôtre. En revanche, on a le droit d’être très exigeant avec Israël. C’est une nation démocratique, qui a montré que toute atteinte au droit et à la séparation des pouvoirs met dans la rue la moitié de la population. Mais la démocratie doit exister pour tous et pas seulement pour les juifs. Israël n’a pas besoin de territoires, mais de paix. Ce qui indigne, c’est que la violence bloque l’imagination. Qu’est-ce qui gênerait les colons s’ils devaient vivre en territoire palestinien et s’ils payaient leurs impôts à l’Autorité palestinienne ? La solution à deux États ouvre un boulevard d’idées (échange de territoires, double nationalité, projets communs aux deux États) inépuisable. Mais les Palestiniens, dirigeants et citoyens, doivent reconnaître que l’affreuse violence du Hamas et de ses alliés (l’Iran) empêche la paix.

RICHARD LISCIA

 

 

 

 

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