PSA : le pire est sûr

Piquet de grève à Aulnay
(Photo AFP)

L’expert chargé de rédiger un rapport sur PSA Peugeot Citroën a rendu son document au gouvernement, qui l’a publié. Il en ressort que, si PSA a commis des erreurs stratégiques, la détérioration de son bilan rend inévitable une restructuration profonde.

L’AUTEUR DU TEXTE, Emmanuel Sartorius, ne ménage pas la direction de PSA qui rejoint en partie les conclusions personnelles du ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, à savoir que l’entreprise a pris trop tard le chemin de l’internationalisation, notamment parce que la famille Peugeot ne souhaitait pas diluer son capital dans des fusions ou associations et parce qu’elle s’est engagée dans le rachat d’actions qui n’a pu être réalisé qu’au détriment de l’investissement. Entre 1991 et 2011, elle a procédé au paiement de dividendes et à des rachats d’actions pour un total de près de six milliards d’euros. Selon le rapport, la décision de PSA de racheter des actions pour un montant de 450 millions en 2011 a été notamment « inopportune ».

Cependant, l’expert n’en tire pas la conclusion que le maintien des emplois des salariés d’Aulnay est possible. Même s’il regrette que PSA ait décidé de construire une usine à Madrid, dans un effort tardif de délocalisation, M. Sartorius ne conteste pas le plan  présenté le 10 juillet dernier par le P-DG de PSA, Philippe Varin, qui prévoit le licenciement des 3 000 salariés d’Aulnay et, à terme d’un total de 8 000 travailleurs répartis dans les diverses usines du groupe. Dans l’entourage de M. Montebourg, qui présente ce rapport aujourd’hui à l’Assemblée, on estime néanmoins que le texte a l’avantage d’apporter un éclairage objectif sur les raisons qui ont conduit PSA à prendre des mesures draconiennes, après avoir enregistré des pertes mensuelles de 200 millions d’euros et une perte cumulée au premier trimestre de 819 millions.

Il demeure que M. Montebourg est confronté à une mission impossible : en validant un rapport qu’il a demandé, il va soulever la colère des syndicats, déjà très remontés ; il ne peut négocier que des mesures d’accompagnement, indemnités ou formation pour les personnels licenciés, leur reclassement dans d’autres sites de l’entreprise étant exclue, car le groupe va devoir, avec l’aval du gouvernement, diminuer le total de ses effectifs d’encore 5 000 personnes. Il n’a donc pas grand-chose à offrir aux salariés qui ont pourtant juré qu’ils se battraient jusqu’à leur dernier souffle, si l’on en croit le leader CGT qui anime leur protestation.

La crise de PSA est emblématique de la détérioration généralisée de l’emploi en France. Elle introduit, dans le traitement du chômage, un élément émotionnel supplémentaire qui crispe le pays dans son ensemble et ne facilite guère la négociation. Elle montre qu’aux plans sociaux déjà engagés s’ajouteront, cette année et l’année prochaine, de nouveaux plans tout aussi douloureux pour des salariés qui ne veulent rien savoir des raisons de leur malheur et ne perçoivent que les difficultés innombrables causés par la perte de leur emploi.

RICHARD LISCIA

 

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Une réponse à PSA : le pire est sûr

  1. vultaggio-lucas dit :

    L’expertise n’est qu’une expertise qui dit quand même que la famille Peugeot est responsable (coupable ?) d’ avoir acheté des actions plutôt que d’investir ses bénéfices dans la modernisation pour rester compétitif dans  » l’internationalisation » (sic) – mondialisation? – Dans ce cas et pour suivre l’exemple des jeunes Internes qui ont gagner une circulaire qui ne fait que rappeler le loi aux ARS, les ouvriers de PSA ne pourraient-ils pas reclamer des sanctions? Mais, le ministre ne pourra pas envoyer de circulaire à la famille Peugeot pour cause de privacy…mais pas de decency

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