Un premier secrétaire nommé Désir


Harlem Désir
(Photo AFP)

Au terme de négociations longues et compliquées, Harlem Désir a été choisi comme candidat au poste de Premier secrétaire du parti socialiste, de préférence à Jean-Christophe Cambadélis, dont le nom a été écarté par la direction. 

MARTINE AUBRY a donc assuré sa succession après de longs palabres qui s’expliquent par la nécessité de répartir les différents courants du PS au sein du bureau politique. C’est donc moins la personnalité du nouveau premier secrétaire qui posait problème que le souci d’une unité du parti que Mme Aubry a forgée pendant de longs mois d’un travail minutieux, qui a assuré le succès des primaires et, au delà, la victoire du PS à la présidentielle et aux législatives.

Ce qui ne veut pas dire pour autant que la personnalité de M. Désir soit enthousiasmante.  Ancien président de SOS-Racisme et député européen, il est le praticien assidu d’une langue de bois inspirée par sa volonté de ne se faire aucun ennemi au sein du PS. Sa victoire contre M. Cambadélis sanctionne à la fois sa stratégie et sa fonction de dénominateur commun. M. Désir n’a jamais pris de risques dans son propre camp et concentre ses propos sur un antisarkozysme que ses camarades ne sont pas en mesure de lui reprocher. On ne saurait affirmer avec certitude que, une fois élu premier secrétaire le mois prochain par les militants, il estimera avoir atteint l’apogée de sa carrière ; ni qu’il ait été choisi parce qu’il n’aura pas l’idée, comme François Hollande ou Lionel Jospin, de transformer sa fonction d’apparatchik en un poste au sommet. Mais, pour le moment, il rassure apparemment tout le monde, Mme Aubry, le président, les fabiusiens et même la gauche du parti.

Les tempêtes qui approchent.

Cette qualité ne suffira peut-être pas à gouverner le PS pendant les tempêtes qui s’approchent, par exemple la dissidence de l’aile gauche au sujet du traité européen, que nombre d’élus dits « hamonistes » ne veulent pas voter malgré les impérieux rappels à l’ordre du Premier ministre, Jean-Marc Ayrault. Et encore pendant la traversée des deux années de vaches maigres que le gouvernement est bien obligé d’infliger aux Français.

Quant à Mme Aubry, soudain saisie par la grâce, elle rentre dans sa mairie de Lille en fin de semaine, laissant les rênes du PS à M. Désir avant même qu’il ne soit élu par les militants le mois prochain. D’aucuns, y compris au PS, y voient le comportement d’une direction qui verrouille sa succession avant même de consulter la base, et donc une forme d’autoritarisme. Mais c’est quand même Martine Aubry qui a remis de l’ordre dans le parti et l’a réunifié après des déchirements internes presque suicidaires ; et c’est elle qui a lancé les primaires, formidable exercice de démocratie qui a réussi remarquablement et conduit le parti à la victoire. Comme, en plus, sa candidature à l’investiture du PS a été rejetée par les militants, il faut bien admettre qu’elle a été victime de la procédure qu’elle a mise en vigueur et qu’elle n’en a retiré aucun bénéfice personnel, sinon sa joie de voir la gauche triompher.

Mme Aubry renonce-t-elle au pouvoir ? Jalouse de ses prérogatives, de son influence au PS et sur la vie politique du pays, elle ne manquera pas, si elle le juge nécessaire, de manifester sa différence.

RICHARD LISCIA

 

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Une réponse à Un premier secrétaire nommé Désir

  1. vultaggio-lucas dit :

    Je sais que c’est un peu facile mais il est difficile de ne pas la faire.Car cela doit être dur, dur d’avoir un tel patronyme et de ne pas avoir à prendre le train… en marche et de ne pas le susciter vraiment même en « associatif ». Ceci dit, les militants du PS n’ont pas encore « validé » le vote de Mme Aubry. Il est évident qu’il ne sera pas gênant en 2017, contrairement à M. Fillon s’il est élu président ou secrétaire général de l’UMP. Dans le cas contraire, nous assisterions à une sorte de « soviétisation » du PS. Ou comment une minorité de « deuxièmes gauchistes » a pris le pouvoir au PS et de l’Etat français après celle des « droitistes décomplexés et transgressifs » d’avant. Enfin, ce sont toutes et tous de bons libéraux qui obéissent au doigt et à l’œil à leurs commanditaires qui ne se mélangent jamais aux communs des mortels français…ni aux autres d’ailleurs.

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