Hollande fait sa synthèse

Hollande cet après-midi
(Photo AFP)

Dans une conférence de presse qui a duré près de deux heures et demie mardi en fin d’après-midi à l’Élysée, François Hollande s’est efforcé de justifier sa politique économique et sociale et d’en démontrer la cohérence. S’il a eu, avec les journalistes, un dialogue courtois et serein, il n’a pas réussi à prouver qu’il n’avait pas changé de cap au début du mois, malgré la hâte avec laquelle son gouvernement a adopté le pacte de compétitivité.

LES POINTS DE PRESSE des présidents français sont toujours longuets mais ceux des présidents socialistes sont interminables. François Hollande a exercé sur les 400 journalistes venus l’interroger un charme indéniable fait de sérieux, d’autorité, de conviction et, ce qui ne gâche rien, d’un peu d’humour. Trois mots ont défini la totalité des 150 minutes qu’il a consacrées à l’exégèse de sa politique économique, sociale et étrangère: vérité, justice, croissance.

C’est donc au nom de la justice sociale qu’il a commencé par faire des cadeaux au début de son mandat en augmentant le SMIC et l’allocation de rentrée scolaire, en atténuant les effets de la réforme des retraites et en embauchant des enseignants, des policiers et des magistrats. C’est au nom de ses responsabilités présidentielles (« Je ne suis pas le président d’un parti mais celui du pays ») qu’il a ensuite présenté un budget d’austérité rendu inévitable par la gravité de la crise. Son constat est sévère, même si une fois encore il attribue les difficultés de la France à la gestion de son prédécesseur et, au-delà, à dix années de gouvernements de droite, argument qui devient de plus en plus lassant à mesure que le temps passe.

Une prise de conscience.

Le plus frappant, dans ce long dialogue avec la presse, c’est la prise de conscience, par le chef de l’État, d’une crise sans précédent. Un peu comme s’il l’avait découverte récemment, ce qui pourrait expliquer que le rapport de Louis Gallois ait été adopté séance tenante dans ses grandes lignes. M. Hollande a d’ailleurs souligné la vitesse avec laquelle le pacte de compétitivité a été lancé par le gouvernement.

En revanche, il s’est élevé contre l’idée qu’il aurait changé de cap au début du mois, rejetant ainsi ce qui passait pourtant, aux yeux de nombreux commentateurs, pour une évidence. Il est même allé jusqu’à dire que la TVA ne serait pas augmentée, mais « restructurée », autre façon de dire que nous allons payer plus cher pour nos achats de toute façon. Ce n’était pas le moment le plus convaincant de ses déclarations.

Le déclin n’est pas notre destin.

Cependant, l’évaluation inquiète de la crise était accompagnée d’une très grande détermination. L’objectif de déficit budgétaire ramené à 3% à la fin de l’année prochaine a été réaffirmé avec une vigueur, ce qui est le point le plus positif, dans la mesure où il rassurera beaucoup nos partenaires européens (et nous-mêmes). De même, M. Hollande a minimisé ce qu’il a appelé des « rumeurs » relatives à une tension dans les relations franco-allemandes. Toutefois, si une inquiétude commençait à s’exprimer à Berlin sur un éventuel laxisme budgétaire français, elle aura été apaisée par l’engagement que vient de prendre , encore aujourd’hui, le président français à propos des 3%. Le chef de l’État a proposé un renforcement de la zone euro et a pris position en faveur d’une Europe à deux vitesses, ce qui également de nature à rapprocher Paris et Berlin.

« Le déclin n’est pas le destin de la France », a dit M. Hollande qui a joué aujourd’hui deux partitions différentes, l’une sur l’état de la France, qui n’est pas bon du tout, l’autre sur l’espoir qu’il a pour l’avenir grâce aux mesures qu’il a prises et bien qu’il s’attende à une croissance sans relâche du chômage en  France pendant un an. M. Hollande n’a peut-être pas le punch de Nicolas Sarkozy, et il capte moins l’attention, mais l’élégance de son langage et la modestie de ses manières repose des tensions que créait son prédécesseur.

RICHARD LISCIA

 

 

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Une réponse à Hollande fait sa synthèse

  1. vultaggio-lucas dit :

    « il n’a pas réussi à prouver qu’il n’avait pas changé de cap au début du mois, malgré la hâte avec laquelle son gouvernement a adopté le pacte de compétitivité. » peut-on lire au sujet du président de la République et de son gouvernement. Qui peut croire qu’ils ont décidé seulement lors de leur « séminaire » l’adoption du fumeux « choc de compétitivité » ou de « confiance » proposé par le rapport de M. Gallois rendu la veille? Ils auraient modifié en une nuit le cadeau de 20 milliards d’euros fait au patronat non pas par une baisse directe des « charges » sociales mais par une baisse indirecte sous forme de crédit d’impôt qui sera effective dès 2013 sur le coût du travail des seules entreprises. En contrepartie elles ne devront se montrer seulement qu’un peu plus « transparentes ». Nous, consommateurs/contribuable paierons plus de TVA juste pour les arrondir à 20 et 10% celle sur la consommation courante et celle sur la restauration, la troisième sur les produits de première nécessité, descendra de 5,5% à 5%.
    De quel virage parle-t-on? M. Hollande aurait étudié à HEC, a fait ses premières armes politiques auprès de M. Delors et est un social-démocrate. Il occupe la fonction suprême en bon libéral de gauche, pour gérer l’économie de marché. Un point, c’est tout, le reste est du spectacle. Mme Parisot s’est félicitée d’avoir été entendue par le pouvoir quant au « coût du travail ». Il lui faudrait encore un peu plus de flexibilité.

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