Retraites : déni de réalité

Et la longévité, alors ?
(Photo S. Toubon)

Malgré la réforme engagée par François Fillon, les caisses complémentaires de retraites sont menacés de faillite à l’horizon 2020. Une année où, si rien n’est fait, elle auront un déficit de 20 milliards. Trois solutions existent : une augmentation des cotisations des actifs, une diminution ou un gel des pensions versées ou un accroissement de la durée de travail pendant la vie active.

RIEN DE NOUVEAU sous le soleil. La réforme Fillon est insuffisante parce que la crise à diminué la masse des cotisations et parce que François Hollande a rétabli des droits pour ceux qui commencent à travailler tôt. À une politique qui nie l’arithmétique, s’ajoute une maladie nationale, la détestation du travail. Deux des trois solutions sont injustes et dangereuses. En effet, elles diminuent le pouvoir d’achat des salariés ou des retraités (qui ont pourtant cotisé dans le cadre d’un contrat national qu’il serait frauduleux de changer de manière rétroactive). La troisième solution, celle qui prolonge les carrières, est aussi la plus efficace, car elle permet de réduire le déficit des caisses sans diminuer le pouvoir d’achat. Malheureusement, en France, c’est celle qui a le moins de chances d’être approuvée.

Deux mythes.

L’état d’esprit de nos concitoyens est dominé par deux mythes. Le premier est que les retraités ont une vie de patachon alors que, dans leur grande majorité, ils ont du mal à joindre les deux bouts ; ils viennent en outre d’être surtaxés de 0,30 % pour payer les retraites des salariés qui ont commencé à travailler à 18 ans. Le second est que la retraite serait un nirvana mille fois préférable au travail. La semaine des 35 heures a largement contribué à  faire du travail une sorte de mal immonde dont il faudrait guérir les travailleurs. On oppose aussi les employés en col blanc, qui auraient une vie professionnelle facile et les ouvriers. C’est faux. On voit tous les jours des salariés des usines se dresser contre ceux qui veulent les priver de leur instrument de travail. Et on voit dans les bureaux des gens harassés qui font bien plus que 35 heures.

Une révolution copernicienne.

Pour maintenir en l’état le système national de retraites, il n’y a donc qu’une solution. Prolonger les carrières d’un an chaque fois que ce sera nécessaire et, dès 2013, passer à la retraite à 63 ans. La longévité et la qualité de vie des personnes âgées sont bien supérieures à ce qu’elles étaient il y a 70 ou même 50 ans. L’espérance de vie a allongé, peut-être doublé, le temps de la retraite. On en profitait pendant dix ans en moyenne, on en bénéficie maintenant pendant vingt ans.

Pour que les Français travaillent plus longtemps, il faut qu’ils fassent une révolution copernicienne. Il ne s’agit pas d’un marchandage entre patronat et syndicats. Il s’agit d’une nouvelle philosophie nationale qui fera du travail la valeur essentielle qu’elle doit être, celle qui donne à l’homme ou à la femme non seulement de quoi vivre, mais un statut personnel et une dignité forte. Le travail, c’est l’utilité de l’individu, c’est la place qu’il a au sein de la société, la compétence que d’autres n’ont pas.

Le gouvernement cherche désespérément à combler son déficit budgétaire. La retraite complémentaire dépend certes d’un régime non-étatique. Mais son fonctionnement ne peut rester juste et efficace que si les caisses perçoivent des cotisations pendant un plus grand nombre d’années. Un an de travail en plus, c’est un an pendant lequel l’actif cotise et pendant lequel le retraité qu’il n’est pas encore ne touche pas sa retraite. Sans la moindre diminution du pouvoir d’achat.

RICHARD LISCIA

PS- Je m’absente quelques jours. Je vous souhaite de bonnes fêtes de fin d’année et vous retrouverai au début de l’an prochain.

 

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7 réponses à Retraites : déni de réalité

  1. Delorge dit :

    Ces réalités s’imposent ; mon père me les avait prédites il y a 25 ans, donc aucune surprise ; simplement un constat : 30 ans de clientélisme électoral , de paix sociale achetée à coup d’argent public , de lâchetés politiques ; voici aujourd’hui l’addition ; ceux qui pleurent ont trente ans de retard!
    « Nuit et jour à tout venant
    Je chantais, ne vous déplaise.
    – Vous chantiez ? j’en suis fort aise.
    Eh bien! dansez maintenant. »

  2. riviere dit :

    il ne faut plus que les inactifs, chômeurs professionnels (je ne parle pas des travailleurs licenciés, je parle de ceux qui n’ont jamais travaillé et ne veulent surtout pas essayer) touchent plus en restant chez eux que ceux qui ont le courage de se lever et d’aller au boulot. Alors pourquoi ne pas supprimer toutes ces allocations qui renforcent la paresse naturelle de nos concitoyens et font vivre tout plein d’étrangers. La France n’est plus assez riche pour entretenir tous ces parasites. Qu’on s’occupe un peu de ceux qui travaillent et vont toucher une retraite lamentable à 67 ans.
    C’est bien de travailler plus longtemps, ça prouve qu’on est en forme, mais alors quand serons-nous disponibles pour aider nos enfants et petits enfants? Eux aussi ils rament.
    En mettant au boulot ceux qui ne veulent pas y aller et en supprimant les allocations et autres CMU largement distribuées sans discernement (OK pour aider ceux qui perdent leur boulot, pas OK du tout pour entretenir les flemmards), ça fera rentrer de l’argent dans les caisses.
    Ca fait du bien, ça ne sert malheureusement à rien, on est tombé dans un engrenage dont seul un surhomme pourrait nous sortir. Mais qui?

  3. redor dit :

    Je ne suis pas toujours d’accord avec Richard LISCIA, mais cette fois-il a été touché par la grâce.Il a raison, c’est simple, trop simple sans doute pour les énarques qui nous gouvernent.
    Il faut travailler plus …longtemps, j’ai déjà entendu cet air-là.Mais à l’époque cela n’avait pas plu. Il ne faut pas malheureusement avoir raison trop tôt.

  4. Dr Bernard Guillot dit :

    Bonjour,
    Je viens d’avoir mes 67 ans et je travaille encore en libéral, à régime ralenti, soit 3J/semaine.
    OK je touche ma retraite, mais la CARMF continue de me ponctionner à plein pot, bien que mes cotisations versées ne me donnent plus aucun point de retraite supplémentaire…
    Mon exercice ralenti étant à la limite de la rentabilité, comment se fait il qu’aucune mesure incitative n’encourage le maintien en activité des seniors?
    Bonnes fêtes de fin d’année
    Dr Bernard Guillot

    • saffar dit :

      Comme toi, je viens d’avoir 67 ans.
      Je ne travaille plus qu’une semaine sur deux, pour assurer un salaire à mon assistante.
      La CARMF (béni soit son président) m’alloue royalement une pension de 1 600 € par trimestre et continue à me ponctionner des cotisations pharaoniques (calculées sur N-2) en faisant la sourde oreille aux difficultés de trésorerie que cela entraine, mais c’est la règle me dit-on
      Ces gens font semblant de ne pas prendre conscience qu’il sont, à certains niveaux, grassement payés par nos cotisations.
      je sais que notre activité est un art, une vocation, et que pour n’avoir commencé à travailler qu’à 27 ans, après nos obligations militaires, il est tout à fait normal que nous travaillions jusqu’au delà de 67 ans.
      Mais c’est normal. Notre travail n’a jamais été pénible, nos heures ne comptent pas puisque nous ne soulevons aucun parpaing, et les psychothérapies de soutien que nous assurons de plus en plus fréquemment ne sont rien à côté de l’attention demandée à un chauffeur mécanicien de la SNCF qui part à la retraite vers 55 ans.
      Mais je n’en veux ni au maçon, ni au cheminot, ni même au plombier ou au coiffeur.
      Ma triste considération va vers tous ceux qui nous gouvernent depuis des décennies, ceux-là même qui pendant des années on maintenu un numerus clausus stupide, voire criminel, au grand détriment de la santé, vers tous ceux qui ont bradé notre industrie pharmaceutique, et dont on reconnait bien le jeu qui consiste, au nom des grandes causes, à s’appuyer sur les uns pour mieux maitriser les autres.
      L’argent est là, il existe ; mais il est gaspillé à tous les étages des appareils gouvernants qui enflent de septennats en quinquennats, illustrant de plus en plus parfaitement les « lois de monsieur Parkinson » et que tout un chacun ferait bien de lire ou de relire.
      Je suis perplexe que personne ne s’étonne que les 10 milliards d’économie que projette de faire le gouvernement ne représentent que 1% du budget de la France. Bel effort en vérité.
      Personne ne s’étonne que l’on cherche à faire des économies grâce aux génériques alors que le médicament ne représente que 5 à 8 % des dépenses de santé, mais personne ne veut admettre que l’administration hospitalière est pléthorique.
      Je comprends que tu t’étonnes qu’aucune mesure incitative n’existe pour les seniors au travail, et bien plus, je le comprends. Mais, vois tu, là encore, ce serait servir des « intérêts particuliers », continuer à acheter une paix sociale, et l’on voit aujourd’hui où cela nous a conduit.

      Bien à toi confraternellement, et partage avec les tiens mes meilleurs vœux pour 2013 !

  5. Jean-Luc Vigneron dit :

    Les Français, bercés par des fables depuis 1980, comprendront-ils ou sombreront-ils ?
    Ceux qui quittent le pays sont du deuxième avis.
    Les solutions sont connues :
    – travailler jusqu’à 68-70 ans en diminuant un peu l’amplitude du travail pour les 2 dernières années,
    – raboter progressivement (5 ans) mais drastiquement les RTT qui sont l’affirmation que le travail est une valeur secondaire
    – aligner le droit du travail des fonctionnaires sur celui du Privé : horaires, age de départ en retraite. En Suisse, les fonctionnaires peuvent être renvoyés en cas de faute, mais aussi en cas de réorganisation du service.
    – s’assurer que les enseignants soient une courroie de transmission efficace de ce « Nouvel Esprit Français », sinon, virés !
    – faire tout cela rapidement et peut-être brutalement, c’est une question de vie ou de mort du pays !

  6. LULULU dit :

    L’argent y est mais il a été affecté ailleurs.Souvenons nous, il y a quelques années, on a transféré
    des sommes énormes depuis les caisses complémentaires du privé vers les caisses des fonctionnaires
    et de nos jours on constate des privilèges indécents qui tournent à l’arnaque
    — des cadres d’emploi qui partent à 50 ans plein salaire (certains pompiers et autres)
    — d’autres catégories qui perçoivent de droit leur salaire plein jusqu’à la mort :
    (ancien fonctionnaires en Nouvelle-Calédonie, et les amiraux, généraux (il y en a 2000 qu ont gagné tant de guerres)
    — députés
    — sénateurs
    Le calcul des retraites des fonctionnaires sur les 6 meilleurs mois de salaire sont indécents, alors que beaucoup sont nommés dans des cadres d’emploi surélevés artificiellement où ils n’exerceront jamais.
    Tout le monde comprend qu’il faut modifier le système mais avec plus de justice et, pourquoi pas ? le même calcul pour tous. Quant aux fonctionnaires à qui on a promis des privilèges, il faut qu’ils comprennent qu’ils n’ont jamais cotisé suffisamment pour les avoir. Un point, c’est tout.

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