Florence Cassez libérée

Florence derrière les barreaux
(Photo AFP)

Par trois voix contre deux, la Cour suprême du Mexique a décidé mercredi la libération immédiate de Florence Cassez, citoyenne française détenue depuis plus de sept ans et condamnée à 60 ans de prison dans le cadre d’une affaire d’enlèvement. Florence Cassez a aussitôt pris l’avion pour la France, où elle devait arriver aujourd’hui en début d’après-midi.

LA SURPRISE vient davantage du choix de la libération immédiate par la Cour suprême mexicaine que de la prise en compte, après plusieurs années, d’une évidence qui crevait les yeux des Français, sinon des Mexicains, à savoir que le dossier constitué contre Florence Cassez était truqué de fond en comble. D’une certaine manière, la décision des juges, qui ont constaté l’accumulation de fausses preuves, ne porte pas sur l’innocence clamée par Florence Cassez ou sur sa culpabilité. On ne sait pas encore si un nouveau procès, qui pourrait aboutir à l’exonération de toutes les charges pesant encore sur la jeune française, aura lieu.

Une victoire. 

C’est en tout cas, une formidable victoire pour Mlle Cassez, pour la justice et pour la France qui, depuis longtemps, s’est engagée sans réserves en faveur de la jeune femme, au point que Nicolas Sarkozy n’a pas hésité, au nom d’une colère légitime, à geler les relations franco-mexicaines et à renoncer à l’année mexicaine en France, prévue pour l’année 2011. Comme toujours, le bonheur national d’avoir récupéré notre ressortissante, qui s’est battue avec un courage remarquable contre l’adversité et l’injustice, n’a pas empêché la politique de s’immiscer dans cette affaire qui raconte un drame humain bien plus qu’un différend diplomatique entre deux pays. Jeudi matin, on parlait autant, sur les antennes,  de la liberté recouvrée de Mlle Cassez, que des mérites respectifs de M. Sarkozy ou de M. Hollande dans l’aboutissement heureux du drame.

La droite a eu le sentiment que la gauche au pouvoir laissait entendre que la « méthode Hollande » avait réussi là où la « méthode Sarkozy » avait échoué. Nous pencherions plutôt pour un résultat attribuable à une douche écossaise grâce à laquelle les deux présidents successifs ont joué des rôles complémentaires. Encore que chacun de ces deux rôles ait vite trouvé sa limite : M. Sarkozy ne risquait pas d’envoyer un commando à Mexico pour libérer celle qu’il considérait comme une otage ; et la patience de M. Hollande présentait l’inconvénient d’être éventuellement plus longue que celle de Mlle Cassez..

C’est plutôt le Mexique qui s’est ressaisi: d’une part, il y a eu l’an dernier au Mexique des élections qui ont mis au pouvoir un nouveau président, lequel avait tout le loisir de renoncer à l’intransigeance excessive de son prédécesseur sans y perdre de sa propre popularité ; d’autre part, on peut penser que la Cour suprême a voulu rendre au Mexique son honneur, largement perdu lors du montage des fausses preuves par la police mexicaine. Au total, l’affaire s’est jouée sur un fil. Il aurait suffi que l’un des cinq juges votât contre la libération pour que Mlle Cassez restât en prison pendant de longues années supplémentaires. Quoi qu’il en soit, la mère de Florence Cassez n’a pas hésité à souligner le rôle joué par Nicolas Sarkozy dans la libération de sa fille et l’ancien président va rencontrer l’ex-détenue.

Question de popularité.

François Hollande a récemment changé de stature à la faveur du conflit au Mali. Il s’est transformé en chef de guerre. Après une campagne électorale où il ne voyait que des défauts à son adversaire, il en a imité bien des attitudes. Qu’il tente aujourd’hui de s’attribuer quelque mérite dans la libération de Mlle Cassez est fort compréhensible. Un petit pourcentage de ses initiatives, au Mali et en Somalie, entre dans son effort pour améliorer sa cote de popularité, qui devrait remonter. Mais on voudrait que tout ne soit pas politisé en France, même si les malheureux parents de Mlle Cassez n’avaient pas d’autre choix, devant la férocité et la malhonnêteté de la police et de la justice mexicaines, que de s’adresser au pouvoir français. On voudrait que cesse le climat de guerre civile que les partis entretiennent avec une hargne qui ne grandit guère notre pays. On voudrait s’en tenir à la joie que procure une de ces bonnes nouvelles qui deviennent si rares.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Florence Cassez libérée

  1. Chambouleyron dit :

    Voilà une chronique modérée et cohérente que j’approuve à 100% . Mais les médias nous pompent, vous ne trouvez pas ?

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