Fillon dans la course

Fillon lance sa campagne
(Photo AFP)

François Fillon a annoncé mardi soir qu’il se lançait sans attendre dans la course de la présidentielle de 2017. Il crée en même temps Force républicaine, sorte de club destiné à rassembler ses amis au sein de l’UMP, ce qui n’augure pas d’une réunification du mouvement et place Jean-François Copé sur la défensive. S’il a renoncé à la mairie de Paris et soutenu Nathalie Kosciusko-Morizet pour ce poste, il n’exclut pas de se présenter à la présidence de l’UMP en septembre.

CE MATIN, sur Europe 1, M. Fillon répondait à une question sur sa « prudence excessive » par ces mots : « Je ne sais pas s’il y a beaucoup de responsables politiques qui ont déclaré qu’ils se lançaient dans cette course quatre ans avant ». En effet, non seulement, l’ancien Premier ministre tente de déborder M. Copé, sachant par ailleurs qu’il est plus populaire que son adversaire dans l’opinion sinon chez les militants,  mais M. Fillon s’efforce aussi de distancer Nicolas Sarkozy, qui a choisi de rester silencieux sur ses intentions et ne peut donc pas lui répondre avant longtemps. « Tout est à reconstruire, nous sommes tous au même niveau et nous avons tous nos preuves à faire, moi le premier », a déclaré M. Fillon dans « le Monde » de mardi. « J’assume le quinquennat qui a été le nôtre tout en ayant un regard critique sur ce que nous n’avons pas réussi », a-t-il ajouté ce matin.

Un marathon de quatre ans.

Droit d’inventaire, démarrage (trop?) rapide, force de l’expérience que lui ont donnée cinq années de gouvernement, M. Fillon n’est pas, effectivement, le plus mauvais des candidats. Toute la question porte sur la distance qu’il doit parcourir d’ici à 2017 et sur la nécessité de se renouveler sans cesse pendant quatre ans. L’ancien Premier ministre dispose d’atouts solides : il est calme et pondéré, il connaît ses dossiers, il est rassurant, et son caractère se situe à l’opposé de celui de M. Sarkozy qui s’est plus aliéné une partie de l’électorat par ses foucades que par son programme.

Les chances de l’ancien président sont par ailleurs compromises par quelques affaires non résolues, le financement de sa campagne 2012, l’attentat au Pakistan contre nos compatriotes, avec un lien possible entre le carnage et le financement de la campagne d’Édouard Balladur en 1995, et maintenant l’affaire Tapie, dans laquelle apparaissent des éléments nouveaux qui impliquent à la fois Christine Lagarde et M. Sarkozy lui-même : il aurait reçu Bernard Tapie à 17 reprises avant qu’un tribunal d’arbitrage décide d’indemniser l’homme d’affaires à hauteur de 400 millions d’euros. Ce que François Bayrou a de nouveau dénoncé ce matin.

La porte ouverte aux ambitions.

Cependant, la tâche que s’impose M. Fillon est accablante. Quand il dit « nous sommes tous au même niveau », il ouvre la porte à toutes les ambitions au sein de l’UMP, celle de M. Copé, bien sûr, mais aussi celles des quadragénaires qui piaffent déjà d’impatience et offrent tout de même une alternative à des personnalités déjà usées dans leurs fonctions, gouvernementales ou autres. Une multiplicité de candidatures risque de donner lieu à une foire d’empoigne lors de primaires qui seront inévitables et pendant lesquelles l’aura d’ancien Premier ministre disparaîtra. « Tous au même niveau », c’était utile de le dire par rapport à l’ex-président. Mais c’était dangereux par rapport aux Xavier Bertrand, Bruno Le Maire, François Baroin ou  Nathalie Kosciusko-Morizet. La bataille pour la présidence de l’UMP, à la fin de l’an dernier, peut donner l’envie à l’électorat de droite de sauter une génération, surtout si un second combat, encore plus violent que le précédent, a lieu dans six mois.

RICHARD LISCIA

 

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Une réponse à Fillon dans la course

  1. Delteil christian dit :

    OK avec vous pour l’édito de ce jour, à une exception prés. Oui, M. Hollande et son gouvernement ont menti, car ils savaient trés bien dans quel état se trouvait la France et que toutes leurs belles promesses ne pourraient étre tenues. Il fallait à tout prix battre Sarkosy en forçant le trait quitte à faire des promesses intenables, et les gogos s’y sont laissés prendre. Les gogos et les autres vont maintenant payer, contrairement aux promesses de ce ministre au sourire dents blanches dont vous nous gratifiez. Il a vraiment l’air de se ficher de nous, vous ne trouvez pas ?

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