Les mots et les arrière-pensées

Victorin Lurel
(Photo S. Toubon)

Ministre des Outremer, Victorin Lurel, désigné par François Hollande pour représenter la France aux funérailles de Hugo Chavez, a fait, le week-end dernier, des déclarations tout à fait surprenantes que le vent du grand large auraient emportées si Jean-Luc Mélenchon n’y avait trouvé de quoi alimenter sa rage chronique.

M. LUREL s’est curieusement réjoui de la sérénité et de la beauté qu’il a notée sur le visage du président vénézuélien dans son cercueil ouvert à tous les regards. Observation bizarre, et quelque peu paranormale, mais que personne n’aurait retenue s’il n’avait ajouté que Chavez, c’est De Gaulle plus Léon Blum, ce qui a fait hurler la droite. Toutefois, on n’a pas besoin d’être de droite pour s’indigner de ce qu’un histrion soit comparé à des hommes d’État qui ont marqué l’histoire et dont les actions furent d’ailleurs différentes. M. Lurel aura compris que, s’il a été envoyé à Caracas par le gouvernement, c’est sans doute parce que M. Hollande ne souhaitait pas y dépêcher une personnalité plus importante, le Premier ministre, par exemple, ou le ministre des Affaires étrangères. Le ministre des Outremer a cru bon de compenser la modestie de la représentation qu’il assurait par l’écho fracassant de ses propos. Cela pourrait signifier soit que, sans occuper une fonction importante, il peut faire son effet, soit que, n’ayant pas une position élevée dans la hiérarchie, il peut tout se permettre sans provoquer de scandale.

Mélenchon s’en mêle.

Que Jean-François Copé se fâche, M. Lurel n’en a cure et M. Hollande non plus. Mais voilà que Jean-Luc Mélenchon, jamais à court d’une colère, s’empare des propos sur la bonne mine du président décédé, dans lesquels il croit déceler du mépris, de l’insolence ou un manque de respect pour la révolution bolivarienne, celle qui a fait tant de bien aux Vénézuéliens et, au-delà, à Cuba, à la Bolivie ou à l’Uruguay. En réalité, si tant est que la cote de mailles du président de la République soit pénétrable à l’endroit où se situe Victorin Lurel, c’était une occasion, pour M. Mélenchon, de donner un coup  d’épée de plus à celui qu’il considère désormais comme un adversaire. Et qui, dans son blog, a tout de même mis de l’eau dans son vin car l’évocation de De Gaulle et de Blum lui convient et il a tenu à le dire. Bref, M. Lurel, sinon M. Hollande, ne saurait être considéré par M. Mélenchon comme un mauvais homme.

Personne n’ose demander à M. Mélenchon de se calmer, sauf les communistes alliés à lui au sein du Front de gauche et qui craignent de devoir abandonner à sa hargne vengeresse quelques postes de conseillers municipaux lors des élections de l’année prochaine. M. Mélenchon mène campagne en faveur de « l’amnistie sociale », qui absoudrait les syndicalistes « casseurs », ceux qui ont causé des dommages matériels à leurs usines ou à des bâtiments publics. Le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, ne veut pas entendre parler de cette amnistie. Mais la polémique entre dans le cadre des calculs électoraux. M. Mélenchon croit, depuis le succès de Beppe Grillo aux élections italiennes, qu’il peut faire un score comparable aux municipales de l’an prochain. Souvenez-vous toutefois qu’il croyait vaincre Marine Le Pen à Hénin-Beaumont et, auparavant, qu’il ferait un score enviable à la présidentielle. Il lui arrive donc de se tromper, et même lourdement. Le PC préfère s’en tenir à ses accords avec le PS. Deux stratégies incompatibles.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Les mots et les arrière-pensées

  1. Mermet dit :

    Et si en matière d économie on se passait de ce si brillant ministre qui ne fait pas vraiment honneur à notre pays…

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