Sarkhollande

« Quelque chose en lui de Sarkozy »…
(Photo AFP)

Le président de la République a accompli, en onze mois, un parcours comparable à celui de son prédécesseur : une partie de ses promesses électorales n’a pas été tenue et il se retrouve aujourd’hui dans une crise morale infiniment plus grave que l’irritation du peuple contre la soirée du Fouquet’s, les Ray-Ban, et les montres Rolex ou même l’affaire Bettencourt. C’est un constat d’autant plus intéressant que M. Hollande avait fait toute sa campagne sur l’élimination morale, sociale et économique du sarkozysme.

IL S’Y EST d’ailleurs employé pendant les premiers mois de son mandat, ses premières réformes n’étant rien d’autre que l’abolition des précédentes. Son anaphore de campagne, « Moi, président », est inoubliable, au point qu’il est facile de comparer les résultats de sa politique à ce qu’il avait promis. Il devait mettre un terme à l’irruption de la vie privée dans l’action politique, il a été, dès le soir de son élection, confronté à l’agressivité publique de son actuelle compagne contre l’ancienne. Si bien que, dans l’élection législative de la Rochelle, Mme Trierweiler a pris fait et cause contre Mme Royal.

La crise explique tout.

Il avait dit qu’il ne se contenterait pas de visiter Florange et d’abandonner ensuite ses ouvriers à leur sort. C’est pourtant ce qu’il a fait, copiant littéralement son comportement sur celui de Nicolas Sarkozy. Il avait juré qu’il ne recourrait pas à la TVA dite sociale, elle sera en application dès le début de 2014. Juré que son plan de redressement n’affecterait que les riches, la classe moyenne ploie sous le joug. Affirmé à plusieurs reprises que la courbe du chômage s’inverserait à la fin de l’année, l’objectif est irréalisable. Il s’est engagé à tenir les objectifs de réduction du déficit budgétaire, c’est raté pour 2012 et 2013. En revanche, il a conduit au Mali une petite guerre efficace contre le terrorisme, ce qui le fait ressembler un peu plus à M. Sarkozy, qui est intervenu en Libye avec succès. Plus généralement, son action a démontré l’échec du keynésianisme, de la même façon que le plan TEPA de relance de l’économie en 2007 a fait la preuve de l’échec du libéralisme.

Ces similitudes frappantes ont une seule origine : une crise d’une telle violence qu’elle fait exploser toutes les théories, y compris les plus contradictoires, sur une bonne gestion de l’économie. Au moment où il nous fallait un pouvoir capable de s’abstraire des enseignements du passé, peu adaptés à la mondialisation et à ses effets, un pouvoir susceptible de réinventer le pragmatisme, à l’écart de toute idéologie, nous avons appliqué quelques recettes social-démocrates usées jusqu’à la corde et en tout cas déphasées par rapport aux phénomènes planétaires qui nous accablent.

La déconfiture morale.

Last but not least, François Hollande a fait campagne sur le thème de la République exemplaire, imitant M. Sarkozy en 2007, et voilà que la réputation d’intégrité du PS se fracasse sur l’iceberg Cahuzac. M. Sarkozy n’en a pas fini avec ses démêlés judiciaires, mais il aura moins de mal à les surmonter que le chef de l’État qui, malgré sa parfaite intégrité, observe avec effarement des turpitudes qu’il se contentait d’attribuer au camp adverse. En d’autres termes, la majorité actuelle nous a apporté une crise morale qui ne salit pas qu’un homme, et jette le soupçon sur tous les élus, notamment socialistes.

Comme on pouvait s’y attendre, les enquêtes d’opinion montrent que les deux-tiers des Français croient que l’ensemble de la classe politique est corrompue. Ce n’est pas vrai : une brebis galeuse (ou même plusieurs) ne suffit pas à couvrir d’opprobre un groupe large et nombreux d’individus qui ont tout de même le mérite d’avoir réuni une majorité autour de leur nom. L’idée saugrenue de publier les patrimoines de tous les élus n’aura pour conséquence que d’accroître la méfiance de l’opinion.

RICHARD LISCIA

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7 réponses à Sarkhollande

  1. L’agonie du Batavia chicorrezianisme annoncée. Elle justifie mon adhésion récente à l’UMP puis, devant l’immensité du vide dans lequel il n’y a pas que le scaphandrier qui se noie, une candidature infructueuse à la primaire de l’UMP à Paris.

  2. Chambouleyron dit :

    La manière éhontée avec laquelle a été vilipendé, honni, discrédité M. Sarkozy ne doit en aucune façon, à l’instar de ce que vous dites, nous conduire à faire une critique quasi systématique de l’inaction de M. Hollande… Et du tsunami Cahuzac. La crise est d’une violence inouïe, c’est du Sarko, souvenez-vous. Nous sommes désabusés à un point tel que de voir chacun dans sa bulle continuer, comme si de rien n’était, à parler, supputer, inventer, commedia dell’arte avec ses matamores alors que nous dansons sur un volcan, est affligeant. Du concret, du vrai, des actes, des réponses. Du sérieux. Nous sommes écoeurés de ces histrions,cabotins,bouffons. Ces amuseurs politico-médiatico-show biz ne sentent-ils pas que la patrie est en danger ?

  3. Levadoux dit :

    Merci pour cet excellent article.

  4. Dr Jérôme Lefrançois dit :

    Tout montre bien que M. Hollande est le premier menteur de France.
    A l’heure où tous les membres du parti socialiste se délectent de la dépouille (pas encore inerte, espérons-le, et pour l’instant encore en vie, mais pour combien de temps, car son « suicide » arrangerait beaucoup de monde à gauche) de M. Cahuzac, chaque jour apporte son mensonge supplémentaire de M. le « Président normal ».

    Dr Jérôme Lefrançois

  5. letellier dit :

    Je suis socialo-simpliste :
    Diagnostic = guerre économique
    Remèdes = industrie capable de vendre tous azimuths des produits innovants de qualité imbattable avec des patrons et des ouvriers patriotes et, à l’arrière, des citoyens de la classe moyenne très patriotiques, qui doivent rembourser la dette avec leurs économies et sans broncher. Et, au sommet une politique taxant fortement les paradis fiscaux.
    Pourfendre les dépenses luxueuses des collectivités et de l’Etat.
    Ensuite, et seulement ensuite, l’argent doit être redistribué aux meilleurs contributeurs si nous rétablissons la situation. En attendant,votez en haut, en bas, au milieu, à droite, à gauche : rien n’y fera sauf nos efforts. Excusez mon simplisme, Je ne vois plus d’autre solution. C’est le citoyen qui sauve le pays beaucoup plus souvent que le gouvernant.
    Il nous faut accepter une certaine paupérisation, hélas! Chacun son tour. Les Chinois sortent de la misère, tant mieux pour eux! Nous avons des époques fastes. C’est par l’effort que nous nous redresserons.
    Demander un effort aux actionnaires qui réclament trop.
    Le PS doit continuer de soutenir les miséreux si possible.

    • Dr Jérôme Lefrançois dit :

      Pour « Letellier »:

      Je suis d’accord avec le contenu de ce message et la façon dont vous abordez tous les sujets que vous avez mentionnés!
      Bien cordialement,
      Dr Jérôme Lefrançois

  6. ydau dit :

    Juste un point de détail, et j’en suis désolé, mais la loi TEPA n’était pas du tout libérale (et on ne peut donc pas conclure à l’ échec de qqchose qui n’a pas été essayé!)
    Cette loi n’est qu’une tentative légale de corriger des conséquences néfaste d’une précédente loi, celle des 35h. C’est donc l’ exact opposé du libéralisme (qui tire son nom de la liberté, du respect du droit de chacun de disposer des fruits de son travail à sa guise). Vous avouerez que cette loi de bureaucrate, compliquée et vaine, est plutôt exemplaire de l’échec à terme des excès de dirigisme!

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