Encore plus d’impôts

Sur la dépense, flou artistique
(Photo AFP)

Frappée par la stagnation économique, la France doit à la fois augmenter les impôts et diminuer la dépense publique. Le gouvernement s’en explique dans un document qu’il a remis à la commission de Bruxelles. Il avait en effet promis de ne plus accroître la pression fiscale. Celle-ci va néanmoins augmenter en 2013 et en 2014 dans l’espoir d’atteindre l’objectif d’un déficit budgétaire de 2,9 % à la fin de l’an prochain.

PIERRE MOSCOVICI, ministre de l’Économie, affirme pourtant qu’il n’applique pas une politique d’austérité. L’austérité, ce serait ce qui se passe en Grèce ou en Espagne, où les salaires et les retraites ont été amputés. Il n’empêche que le programme de M. Moscovici comporte quelques 14 milliards d’économies : 7,5 sur les dépense de l’État, 1,5 sur les collectivités, 5 sur les régimes sociaux (1 allocations familiales, 1 retraites complémentaires et 3 assurance-maladie). Si ce n’est pas de l’austérité, ce sont quand même des revenus brûlés par les deux bouts : pour un foyer, la perte en pouvoir d’achat sera considérable puisqu’il devra payer plus pour sa santé, touchera moins d’allocations familiales et, sur le plan des impôts, il paiera une TVA plus élevée et pourra moins recourir à des niches fiscales.

Deux aspects négatifs.

Dans la démarche du gouvernement, il y a au moins deux aspects négatifs. Le premier, c’est qu’il court éperdument après la croissance, qu’il attendait pour cette année, mais qui ne se produira pas. Il fait payer aux contribuables son erreur de prévision en expliquant qu’il n’y a qu’un moyen de réduire le déficit public : une hausse de la pression fiscale, l’une des plus élevées en Europe. Le second aspect de sa politique, c’est la clarté avec laquelle les hausses d’impôts sont annoncées et le flou artistique avec lequel le gouvernement nous promet des coupes dans les dépenses publiques. Un exemple : comment le pouvoir entend-il économiser 7,5 milliards sur les dépenses de l’État ? Le document rédigé pour Bruxelles ne serait pas détaillé sur ce point. Est-il sûr de trouver 3 milliards d’économies dans l’assurance-maladie ?

En outre, avec son optimisme incorrigible, le gouvernement compte sur une croissance de 0,1 % en 2013 et 1,2 % en 2014. Mais personne ne peut assurer qu’il n’y aura pas une récession cette année, ou même l’année prochaine. Comme les autres pays européens en crise, nous sommes dans une spirale qui nous entraîne vers le fond : le niveau des impôts et la diminution de la dépense obèrent la croissance. La crise, cette année, s’étendra à toute l’Europe, y compris les économies performantes du nord. L’Allemagne commence à en subir les effets et parvient à peine à réduire sa dette, bien que ses déficits publics disparaissent,  un progrès que nous n’atteindrons même pas à la fin du quinquennat de François Hollande. Le débat sur les niveaux de pression fiscale et de déficit idéaux n’a pas lieu. La commission de Bruxelles fait benoîtement son travail de contrôle des budgets, alors que la politique économique de l’Europe doit être revue de fond en comble.

Il faut une politique européenne.

M. Hollande se heurte aux idées d’Angela Merkel, qui sont peut-être périmées. On a appris récemment qu’une étude selon laquelle un endettement supérieur à 90 % du PIB entraînait automatiquement une récession était erronée et que, dans les exemples fournis par cette étude, la croissance de plusieurs pays avait été sous-estimée d’un point ou deux, ce qui est énorme. Plus on avance dans l’examen de la crise, plus on propose des remèdes qui ne sont pas forcément efficaces. L’endettement des États-Unis dépasse les 90 % et ils ont une croissance comprise entre 2 et 3 %. Il suffisait de le constater, mais l’étude remonte à il y a trois ans. Peu importe. Ce qui est essentiel, c’est de mettre en oeuvre une politique économique européenne. Ni M. Hollande ni Mme Merkel (qui affronte des élections en septembre prochain) ne semblent prêts à franchir le pas.

RICHARD LISCIA

 

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Une réponse à Encore plus d’impôts

  1. Bonjour.
    Il va falloir que j’achète et lise le bouquin d’Antoine Peillon : « Ces 600 milliards qui manquent à la France ».
    Si les autres pays européens font la même chose, on n’est pas sorti de l’auberge.
    Cordialement.
    Agnès Gouinguenet.

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