Sur la victoire de NKM

NKM a gagné en restant elle-même
(Photo AFP)

Avec 58,16 % des voix, Nathalie Kosciusko-Morizet a remporté la primaire de l’UMP pour la candidature à la mairie de Paris. On a aussitôt dit que, si elle n’avait pas été combattue par la Droite forte, et notamment par Guillaume Peltier, qui voulait méchamment lui faire payer son abstention au scrutin sur le mariage pour tous, elle aurait emporté 80 % des suffrages et que, en conséquence, sa victoire serait presque une défaite. Rien n’est plus controuvé que cette argumentation.

POUR ADMETTRE le succès de NKM, point n’est besoin de sombrer dans le culte de la personnalité. L’ancienne ministre a abandonné sa mairie de Longjumeau pour se présenter à Paris. D’aucuns l’ont donc accueillie comme une intruse et, surtout, n’ont pas manqué de le faire savoir. Sur le mariage homosexuel, elle n’a pas osé voter en sa faveur, car elle ne voulait s’aliéner aucun de ses électeurs potentiels. Elle est carriériste et regarde certainement au-delà de la mairie de Paris. Gracile, évanescente, jeune, blonde et souriante, elle sait jouer de sa féminité pour conquérir des votes.

Les plus bruyants ne sont pas les plus populaires.

Elle n’en est pas moins une voix qui tranche avec le machisme de l’UMP, avec la tentation d’une droite extrême, avec les démons laissés au coeur du parti par Nicolas Sarkozy. Qu’elle ait gagné dans le climat d’intolérance laissé par une manif’ pour tous rapidement investie, au grand dam de Frigide Barjot, par « le Printemps français », Civitas ou le GUD, groupuscules déstabilisants, qu’elle ait si bien résisté au coup de Jarnac porté par M. Peltier, qui voulait lui faire payer son refus de laisser l’UMP divisée s’accrocher à une bouée dangereuse, montre que les militants du parti gaulliste n’ont pas oublié d’où ils viennent, qu’une majorité d’entre eux se retrouve en elle, et que les plus bruyants ne sont pas forcément les plus populaires. Il faudra un jour que l’UMP amène ces trublions à résipiscence ou qu’elle s’en débarrasse.

Au delà de la victoire ponctuelle d’une dame qui a une autre classe que ses concurrents et d’un événement qui ne lui assure nullement le poste qu’elle convoite, il y a autre chose de peut-être plus important. D’abord, d’une certaine manière et en dépit de la contestation précoce de l’un de ses rivaux, Pierre-Yves Bournazel, l’UMP, dont on disait que sa « culture » était imperméable à l’esprit démocratique de la primaire, a réussi l’exercice, même si le nombre de votants reste insuffisant. L’exemple ainsi fourni doit être médité notamment par Nicolas Sarkozy le bonapartiste, qui souhaite une fois de plus réunir le parti autour de son nom en 2016 et n’est plus tout à fait certain qu’il y parviendra. Ensuite, et ce n’est pas négligeable pour la droite, NKM a une chance sérieuse de l’emporter contre Anne Hidalgo, solide adversaire qui a l’expérience de la capitale et tout autant de charme personnel.

Une voie pour Fillon et les autres…

Par ailleurs, il n’est pas du tout indifférent que la tendance NKM l’ait emporté après avoir été combattue avec une surprenante vigueur qui a ouvert la vanne des commentaires éplorés sur les clivages profonds au sein du parti. Il n’est pas indifférent que Jean-François Copé se félicite d’une victoire de NKM qui compte moins que la défaite des Peltier, Wauquiez, Buisson (l’homme rêve d’un parti hégémonique de droite associant, au sein du même mouvement, l’UMP et le FN, sauf que, dans une fusion, il y en a toujours un qui dévore l’autre). Cela ouvre une perspective intéressante de régénération  de l’UMP, avec une montée en puissance de François Fillon, même si l’ancien Premier ministre ne voudra jamais être à la traîne de son ancienne ministre, et de personnalités comme François Baroin et Bruno Le Maire. La victoire de NKM est un coup d’arrêt à une dérive qui aurait aliéné les centristes de l’UMP et à un phénomène qui, compte tenu des divisions et de l’affaiblissement du parti, l’aurait livré pieds et poings liés à l’extrême droite. Bien sûr, la bataille n’est pas terminée et l’hirondelle NKM ne fait pas le printemps de l’UMP. Mais elle indique une voie.

RICHARD LISCIA

 

Ce contenu a été publié dans Non classé. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

2 réponses à Sur la victoire de NKM

  1. Bravo les filles ! Donc Anne Hidalgo ou bien NKM. Sympa. La France de l’inique loi salique aurait-elle (enfin !) franchi le Rubicon ? Mais nous n’en sommes pas encore à une femme présidente de la République. A suivre, puisque Christine Lagarde semble bien mal partie.

  2. Le score est plus que médiocre et la campagne fut assommante. Seule la victoire est jolie mais NKM a été la première à l’avoir biaisée. Pour avoir voulu être candidat afin d’apporter un souffle nouveau à la dimension de Paris, capitale la plus ancienne des pays du Conseil de sécurité de l’ONU, je porte un regard très sévère sur la grande médiocrité du débat politique, celui de NKM inclus. NKM et Hidalgo semblent vouloir se battre sur les thèmes les moins discriminants. C’est le problème des apparatchiks. Moi, j’aurais dépoussiéré tout cela en parlant des deux seuls problèmes qui vont faire la victoire de l’une sur l’autre, s’il n’y a pas un troisième larron qui se pointe comme lors de la présidentielle de 2002. Je fais le pari gratuit que c’est la santé et la culture qui feront que la maire de Paris sera reine ou soubrette.

Répondre à Jean-François Moreau Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.