Droite : rien n’est réglé


De nouveau, la désunion
(Photo AFP)

Dans un discours prononcé hier à la Grande-Motte devant ses partisans, François Fillon a rejeté « l’auto-proclamation » de Nicolas Sarkozy (qu’il n’a jamais nommé), le mythe de « l’homme providentiel » et « le choix des sondages ». Il s’est donc inscrit dans la campagne de la primaire de la droite en 2016. Il y voit une « compétition ouverte » qui lui permet de se dresser contre l’ancien président de la République.

LES PROPOS  de l’ancien Premier ministre sont dictés par l’urgence. Il ne voulait pas que le « Sarko show » de lundi dernier fût perçu par l’opinion, et surtout par le parti, comme l’intronisation définitive de l’homme qui le désignait jadis comme un « collaborateur ». Il voulait garder un espace pour lui-même. Il a donc allumé, mais peut-être prématurément, un contre-feu. Ce qui lui a valu beaucoup de critiques, notamment d’Alain Juppé qui, dans son blog de ce matin, a dénoncé la maladie, désormais chronique, de l’UMP : ses déchirements. C’est « super génial ! « , s’exclame-t-il ironiquement.

Des points importants.

M. Fillon, non sans courage, soulève pourtant des points importants : M. Sarkozy est-il le candidat idéal à l’élection présidentielle de 2017 ? L’électorat trouvera-t-il pertinente une seconde confrontation entre M. Sarkozy et M. Hollande ? L’UMP a-t-elle fait son examen de conscience ? S’est-elle posé la question des multiples échecs qu’elle a essuyés pendant tout le mandat présidentiel précédent ? En revanche, M. Fillon ne nous dit pas comment lui qui a été associé, intimement et au plus haut niveau, aux affaires de l’État entre 2007 et 2012, serait plus fondé que son ex-patron à briguer la présidence. Il ne nous dit pas ce qui le différencie, à part le caractère, de M. Sarkozy. Il ne nous dit pas comment, après cinq ans d’exercice du pouvoir, il serait l’homme nouveau qui va remettre la France sur les rails. Bref, il n’a pas plus de bons arguments que l’ancien président.

Voit-il, dans son séjour de cinq ans à Matignon, toute la légitimité requise pour sa candidature ? Il faudrait, pour qu’il ait raison, que son bilan fût impeccable. En d’autres termes, si l’on parle du renouveau de l’UMP, ni M. Fillon ni M. Sarkozy ne disposent des atouts nécessaires à la victoire. La seule différence entre eux, c’est que M. Sarkozy continue à emballer la foule des militants, et pas M. Fillon. L’ex-président a même séduit les médias qui ont vu, dans sa prestation du 8 juillet, un come-back en force. Chacun reconnaîtra le côté bonapartiste de M. Sarkozy qui, depuis toujours, mise sur sa faculté à séduire la droite plus que sur un catalogue d’idées et de réformes. On critique beaucoup les dérapages du gouvernement actuel,  on oublie ceux du gouvernement précédent. Il n’y a pas de perfection en politique.

Sur l’inventaire.

L’inventaire de mon bilan, je le ferai moi-même, a dit en substance lundi dernier Nicolas Sarkozy. Ce n’est pas vraiment une remarque inspirée par le respect de la démocratie. Il feint de se plier au principe de la primaire, adopté en grande pompe par l’UMP, tout en comptant bien se faire sacrer à mains levées, après avoir bousculé  les autres candidats éventuels. Il veut enlever l’UMP à la hussarde, à la manière de ces séducteurs qui flairent la fragilité de leur proie et savent qu’elle est en réalité consentante.

M. Fillon n’a pas de chance, ou plutôt il s’inscrit dans un processus formel que ses concurrents, de Jean-François Copé à Nicolas Sarkozy, ne cessent de battre en brèche parce qu’ils n’y croient guère. Le premier n’avait pas besoin de la majorité pour s’emparer de la présidence de l’UMP à la barbe de M. Fillon ; le second va tirer au canon contre la primaire et bombarder en même temps Fillon et Copé. On comprend qu’Alain Juppé, sorte de Fillon plus expérimenté et décidé à respecter les règles jusqu’au bout, s’en désole:  il n’a aucune envie d’entrer dans une bataille au couteau entre gueux de la cour des Miracles. D’autant qu’il ne porte pas de couteau.

RICHARD LISCIA

 

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3 réponses à Droite : rien n’est réglé

  1. guinard dit :

    Que nous donnent donc à voir ces politiciens ? Des ego boursouflés uniquement préoccupés de reconquérir le pouvoir, non des dirigeants préoccupés de l’avenir de la nation. N’attendons plus d’entendre de leur part « Vive la France, vive la république ! »
    Mais vers qui se tourner ? Ni à gauche ni à droite -les chroniques de Richard Liscia en témoignent avec suffisamment d’intelligence- ; l’horizon ne semble plus dégagé de ces tristes luttes intestines.

  2. Pottier dit :

    Pas de couteau, certes, mais :
    « Grippeminaud le bon apôtre
    Jetant des deux côtés la griffe en même temps,
    Mit les plaideurs d’accord en croquant l’un et l’autre.  » !

  3. Je me suis encarté à l’UMP le 1er mars 2013 par la combinaison logique d’arguments négatifs – dégoût du batavia-chicorrézianisme post-mitterrandien, déception centro-bayraldussienne et surtout haine du Front national – et positifs – votes répétés pour la droite et le centre depuis 2002 et nécessité de refonder un discours politique adapté au village global du monde planétaire à visage humain.
    Je suis en train de construire un essai sur la combinaison des six valeurs sur lesquelles j’ai conçu, dès ma naissance (avril 1938) à la fin de la IIIe République et ma prime enfance sous l’État Français, ma vie sociale et privée en grande partie assise sur la pratique hippocratique de la médecine exercée depuis la médecine de campagne la plus basique en Bretagne jusqu’à la médecine hospitalo-universitaire à l’université Paris V et le CHU Necker. Clinique+enseignement+recherche, j’ai testé les succès et les échecs nationalement et internationalement, sur les cinq continents.
    Rien n’est plus consternant que d’être un militant novice de l’UMP en ce début d’été 2013, surtout quand on vit dans le XIVe arrondissement depuis cinquante ans.
    On sait nous demander de l’argent par tous les moyens modernes de communication numérique, mais non seulement on n’accuse pas réception du courrier exprimant des idées et des suggestions venues de la base éclairée, mais on ne les lit pas! On ne comprend plus que les tweets!
    Ça ne va pas pouvoir durer, sauf à l’UMP de reproduire le « coup de Jospin » dès 2014 qui sera pour elle le coup du lapin en 2017 si elle survit encore, Sarkozy ou non.

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