En finir avec Bachar

Les premiers soins aux victimes
(Photo AFP)

La période des pamphlets vengeurs, des discussions diplomatiques, des déclarations publiques qui ridiculisent les gouvernements et l’ONU, est terminée. Par respect pour les 100000 victimes de la guerre civile voulue par Bachar El-Assad en Syrie, on devra non plus dénoncer sa cruauté, son cynisme, son mépris de la vie de ses concitoyens, mais se dresser contre lui. L’heure est venue d’en finir avec lui et ses complices, la Russie et l’Iran. 

COMMENT ? Bachar ne s’est livré mercredi à une nouvelle attaque chimique que parce qu’il est convaincu de l’impunité internationale que lui assure Vladimir Poutine. Ses actes  de gangstérisme génocidaire méritent une rétribution à la hauteur du crime. Il est temps, pour les États-Unis et l’Europe, d’abandonner le juridisme qui a fait tant de mal aux Syriens. Il est temps de bousculer la Russie, de la mettre au défi. Après tout, que fera-t-elle si des missiles de la flotte américaine bombardent les troupes loyalistes syriennes ? A-t-elle envie, est-elle capable, d’engager un conflit direct avec les États-Unis ? C’est plus qu’improbable.

Juppé réclame une intervention.

Dans son blog de ce matin, Alain Juppé, diplomate jusqu’au bout des ongles, tient un langage de fermeté. Il réclame une intervention qui se passerait de l’aval des Nations unies, bloquées par le veto russe.  Soyons sérieux : aucune loi au monde ne peut être bonne si elle autorise le massacre de tout un peuple, si elle est mise au service d’une dictature sanglante, si elle permet le triomphe de la force incarnée par un homme sans scrupules.  Si l’ancien ministre des Affaires étrangères en arrive à cette conclusion, c’est parce que, face au droit international, la morale simple n’a plus le choix. Il apporte à l’idée d’intervention la caution du diplomate capable de puiser dans des trésors de patience pour boucler un compromis. Le tort des Russes n’est pas seulement de soutenir un régime avec lequel ils ont des intérêts communs, il est de tout accepter, même l’inhumain, pour le protéger. Ils ont choisi le pire des partenaires.

C’est dans ce contexte qu’est publié ce matin par « le Figaro » une information surprenante selon laquelle les Américains et les Israéliens ont formé en Jordanie des commandos qui se sont infiltrés en Syrie et progressent vers Damas. Ce qui expliquerait l’attaque chimique du 21 août. Bachar avait dit qu’il les utiliserait seulement dans un cas de figure : si des étrangers menaçaient son régime. Il y aurait donc une logique, certes perverse, mais une logique quand même, dans ce qui s’est passé cette semaine. Il faut  prendre cette information avec des pincettes. Il nous semble bien audacieux de croire que Barack Obama ferait appel à des Israéliens pour qu’ils contribuent à résoudre le conflit syrien. Mais l’idée d’une offensive destinée à contre-balancer l’effet de la présence du Hezbollah en Syrie semble raisonnable. L’appui des « fous de Dieu » a incontestablement donné un avantage militaire à Bachar, notamment à Qousseir et à Homs. Il reçoit la monnaie de sa pièce : des rebelles menacent le coeur du pouvoir.

La guerre chimique n’est pas finie.

Si l’essentiel de ces informations est confirmé, si d’autres troupes anti-Bachar entrent en Syrie, le dictateur sera tenté de multiplier les attaques chimiques. Mais s’il le fait, la position de la Russie deviendra intenable, d’autant qu’elle aussi serait impuissante devant le développement d’une nouvelle guérilla qui augmenterait les difficultés du conflit asymétrique. Moscou ne pourrait pas s’opposer à des bombardements américains contre les positions de l’armée syrienne. L’intervention de forces venues de Jordanie est crédibilisée par les propos de Laurent Fabius qui, hier, a parlé d’un recours à la force, sans donner de précisions. Peut-être faisait-il allusion à ce que l’on a lu ce matin dans « le Figaro ». En tout cas, pour le sort de la Syrie, l’ONU a perdu la main et son secrétaire général, Ban Ki-Moon, n’a plus qu’à se taire. Et à laisser faire les États-Unis, sans broncher.

RICHARD LISCIA

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3 réponses à En finir avec Bachar

  1. woznica dit :

    Une fois de plus l’inefficacité de l’ ONU est montrée. Pourquoi ne pas supprimer ce  » machin » ?

  2. jeanny dit :

    Le dictateur Bachar est une horreur mais, les barbus sont encore pires.

  3. phban dit :

    J’ai malheureusement l’impression qu’intervenir en Syrie serait aussi prudent que d’allumer une torche dans une poudrière afin d’y voir plus clair pour y mettre de l’ordre.
    Non seulement il y a peu de chances que cela ramène la paix, mais les dégâts risquent d’être encore bien pires.

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