La rentrée de Peillon

Plus de temps pour travailler
(Photo AFP)

La rentrée des classes qui a lieu aujourd’hui est marquée par les réformes qu’a engagées Vincent Peillon, le ministre de l’Éducation nationale. La principale de ces réformes, outre le recrutement de quelques milliers d’enseignants supplémentaires, c’est la semaine de quatre jours et demi, avec travail le mercredi matin, et le temps dit périscolaire attribué aux enfants volontaires pour améliorer leur formation physique et culturelle.

EN DÉPIT des critiques multiples dont elle fait naturellement l’objet, la réforme de M. Peillon est inspirée par le souci du bien-être de l’enfant, naguère sacrifié à celui des parents et à la cause économique. La réduction du temps de travail des adultes a entraîné naturellement le regroupement familial le mercredi matin ; l’indulgence pour l’absence du samedi favorisait les week ends en résidence secondaire. Mais la somme des connaissances à assimiler augmentant sans cesse, la compression des cours dans des horaires trop brefs contraignait les enfants à travailler davantage à la maison et à se concentrer sans relâche pendant les heures de cours. Leur étalement est donc le bienvenu, même si les parents, comme le montrent les enquêtes, recommencent à aller travailler le mercredi, ce qui, en somme, en ces temps de retour à la productivité, n’est pas en soi négatif.

Un peu comme la semaine de 35 heures et l’âge de la retraite, la réflexion de M. Peillon dépasse la semaine et se concentre sur les grandes vacances, beaucoup trop longues et que, à terme, il faudra réduire. Ce qui risque de provoquer des rentrées au mois d’août et la colère des enseignants.

Une montée en puissance.

M. Peillon n’est pas au bout de ses peines, et il le sait. Seulement 22 à 23 % des enfants seront soumis cette année à la semaine de quatre jours et demi. Il y aura donc une montée en puissance du système qui ne se fera pas sans mal ; en outre, le temps périscolaire devra être financé par les collectivités locales qui n’en ont pas forcément les moyens. Enfin le temps de travail n’est que la partie émergée de la réforme. M. Peillon entend refondre le statut des professeurs, mettre au point de nouveaux programmes en 2015, réinstaurer la carte scolaire et, last but not least, réformer le collège.

Ce ne sera pas une mince affaire, d’autant que la crise du collège est lancinante. Les adolescents sont devenus très difficiles à tenir et ils font souvent une vie d’enfer aux enseignants. Comment rétablir la discipline et l’ordre dans le collège, sinon en usant de la carotte et du bâton afin que la fréquentation de l’établissement perdure sans pour autant que les collégiens refusent d’y faire leur apprentissage ? L’enjeu est primordial, à la fois pour l’avenir de la jeunesse française la moins favorisée et pour les enseignants dont on ne soulignera jamais assez le dévouement, et même l’abnégation.

Mais les profs ne doivent pas être victimes ad vitam aeternam d’un dysfonctionnement du système social qui exerce ses ravages depuis un demi-siècle. Il faut que leur métier soit revalorisé, respecté comme il l’était avant la guerre (on relira « Topaze », de Marcel Pagnol, à cette occasion), et que leur soient fournis les moyens de leur autorité. Cela passe par l’instauration de règles contraignantes sans l’application desquelles l’accès au collège sera interdit. C’est peut-être terrible à dire, mais les enfants et leurs profs ont besoin que soit rétablie l’autorité de l’enseignant et la soumission de l’élève.

RICHARD LISCIA

 

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Une réponse à La rentrée de Peillon

  1. Dr Jérôme Lefrançois dit :

    D’accord sur tout, sauf sur le terme de « soumission » (de l’élève) : c’est justement autrement que les rapports humains peuvent et doivent fonctionner, y compris dans des relations enfants/adultes.
    Et c’est ça que le monde adulte devrait enseigner aux enfants…encore faudrait-il que le monde des adultes cesse de fonctionner en rapports « dominant/dominé » : il est depuis longtemps démontré que les humains peuvent construire des choses magnifiques, et tout simplement vivre ensemble et se côtoyer sans s’entretuer, s’ils fonctionnent en synergie.
    Ceci n’empêche pas l’énoncé de règles de fonctionnement communes, à commencer par le respect de l’autre, et l’acceptation de l’autre; c’est même un préalable indispensable.
    On est donc loin, là, du fonctionnement le plus répandu actuellement dans notre société mercantile et obsédée par le pouvoir et l’avoir, du « j’en ai une plus grosse que l’autre » (comme le disait Henri Laborit à propos des hommes politiques).
    Et pour que les relations humaines fonctionnent, il n’y a pas de rapport de soumission à instaurer, mais un respect mutuel, pour une reconnaissance des rôles de chacun : par exemple que l’élève ait pleine conscience du rôle d’enseignant des…enseignants, et du nécessaire respect qu’il lui doit.

    Dr Jérôme Lefrançois (aussi formateur en relations humaines, un autre métier que celui de médecin !)

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