Le gouvernement aurait pu reconnaître que la résorption du déficit budgétaire exige une hausse constante des impôts. Il a préféré faire croire qu’il se tournait vers la réduction de la dépense publique et qu’il éviterait tout nouveau prélèvement obligatoire. Sauf la TVA, dont la hausse est prévue depuis longtemps à partir de 2014. Sauf les cotisations retraites.
DEPUIS au moins un mois, les ministres ne parlent que du ras-le-bol fiscal et de la « pause » fiscale. Dimanche dernier, le président de la République a confirmé sa volonté de stabiliser les impôts. Mardi, Jean-Marc Ayrault a déclaré que la fameuse pause serait différée d’un an, à 2015. Aujourd’hui mercredi, le président fait dire par la porte-parole du gouvernement qu’elle aura lieu l’an prochain. Quel pataquès ! De deux choses l’une : ou bien, une fois de plus, les violons socialistes ne sont pas accordés, ou bien le pouvoir fait une partie de bonneteau.
Il n’est pas excessif de dire que l’idée de pause fiscale est un mensonge pur et simple qui a pour inconvénient majeur de réduire le pouvoir d’achat et pour effet secondaire de prendre les Français pour des idiots. Un sondage du 5 septembre réalisé par CSA montre que 69 % des Français n’y croient pas. Jamais opération d’enfumage telle que la pause fiscale n’aura été aussi grossière et maladroite. Pourquoi ? Parce que le gouvernement veut apporter une réponse au « ras-le-bol » sous la forme d’une bonne nouvelle à visée électoraliste mais que, en même temps, il se sait incapable de tenir cette promesse, de la même manière qu’il n’a pas tenu les précédentes.
Une communication confuse.
En bref, il préfère la communication à l’action. Des messages sont prononcés partout, qui proviennent du gouvernement, du PS, des élus, de tous ceux qui croient savoir quelque chose. À la campagne de la mi-août au sujet du ras-le-bol, et qui semble avoir tant ému le gouvernement, succèdent maintenant des rumeurs et des propositions qui brouillent le message général du pouvoir.
Exemple : avec un sens de l’à propos tout à fait remarquable, une cinquantaine de députés PS viennent de proposer une hausse progressive de la CSG. Elle serait non pas calculée selon un taux fixe sur les revenus, mais elle augmenterait à mesure que ces revenus augmentent. Nous sommes dans un pays qui, désespérant d’enrichir les pauvres, juge utile d’appauvrir la classe moyenne jusqu’à ce qu’elle bascule dans l’assistanat. Le chef du gouvernement a-t-il opposé un démenti définitif au sujet d’une réforme de la CSG ? Que nenni. Il se tait, de même que le président Hollande se tait, un peu comme s’il était judicieux d’effrayer nos concitoyens pendant quelques jours, et qu’une annonce tardive démentant toute hausse de la CSG augmente le soulagement de la population, qui en conclurait qu’elle n’est pas si taxée que ça.
On a aussi parlé de taxes sur les boissons énergisantes et je ne sais plus quels produits considérés comme nocifs pour la santé. La rumeur a été démentie. C’est une technique sartrienne de gouvernance, illustrée par une anecdote du philosophe : un fou demande qu’on lui martèle la tête parce que, quand ça s’arrête, il se sent mieux. De la même façon, quelqu’un à Bercy ou ailleurs, a conçu un plan machiavélique pour augmenter les recettes de l’État. Un impôt qui aurait frappé les propriétaires du logement qu’ils occupent et aurait été calculé sur la base des loyers qu’ils obtiendraient s’ils louaient le logement. Non, non, ce n’est pas vrai, jure le ministre du Budget. La fiscalité en France est devenue un film d’horreur . Elle nous plonge dans un monde impitoyable, et puis le projectionniste nous dit : ne vous en faites pas, tout ça, c’est du cinéma.
RICHARD LISCIA
Critique sévère mais juste de notre gouvernement actuel. Malheureusement, (et bien qu’étant de droite), je ne trouve pas que les gouvernements précédents étaient meilleurs élèves quand il s’agissaient de choisir entre communication et action.
La question n’est pas d’être de droite ou de gauche. Elle porte sur les dysfonctionnements de l’État, quelle que soit la majorité qui le dirige. Et éventuellement de dire ce qui marche.
Très juste, particulièrement la partie « Les techniques des films d’horreur appliquées au matraquage fiscal ». Bientôt un nouveau scénario d’épouvante : « Massacre à la feuille d’impôt » ?
Je viens de recevoir un courrier m’apprenant que la rente que je reçois depuis le décès de mon mari sera frappée d’une nouvelle taxe nommée « contribution additionnelle de solidarité pour l’autonomie » mais que je paierai l’impôt sur la totalité de la rente. Je suis écoeurée, vraiment.
Et oui, payer un impôt sur l’impôt, il y a vraiment de quoi être écœurée.