UDI + MoDem = L’Alternative

Coup de foudre
(Photo AFP)

Jean-Louis Borloo et François Bayrou ont décidé d’unir leurs forces dans un mouvement, L’Alternative, dont l’ambition est de s’étendre des centristes de l’UMP aux déçus du socialisme. Les deux hommes se connaissent depuis longtemps, mais la vie politique les a éloignés jusqu’à présent. Leur initiative présente deux problèmes : elle ne satisfait pas nécessairement les centristes hostiles à M. Bayrou parce qu’il a voté Hollande en 2012; elle risque d’affaiblir la droite classique à l’élection présidentielle de 2017.

NÉCESSITÉ fait loi. C’est l’idée qui a conduit Jean-Louis Borloo à aller chercher François Bayrou dans le désert qu’il traverse. Pour être tous deux centristes, mais chacun à sa manière, ils ne se sont guère aimés ces derniers temps. Le premier a participé aux gouvernements Chirac et Sarkozy dans des postes régaliens ; le second a réussi à faire entendre sa différence jusqu’au moment où ses scores se sont effondrés au point qu’il ne dispose plus d’aucun poste électif. Il est candidat à la mairie de Pau en 2014, mais rien ne montre qu’il l’enlèvera facilement, au contraire. Ce qui conduit beaucoup de membres de l’UDI à se demander pourquoi M. Borloo a tant tenu à réanimer cet agonisant politique.

Une conjonction de trahisons.

Il est vrai que M. Bayrou, après avoir voté Hollande, ce que ses propres électeurs ne lui ont jamais pardonné, n’hésite plus, au nom des erreurs graves commises par l’actuel gouvernement, à se situer carrément à droite. C’est un peu le sort de tous les centristes : ils séduisent les européistes, les sociaux-démocrates, les démocrates, mais, tôt ou tard, parce qu’ils ont envie de participer à l’action politique, ils finissent par trahir leur camp, ou leurs idées, ou leurs engagements. En tout cas, en passant du pro-hollandisme à la critique sévère de l’action du président, M. Bayrou a fini par se rapprocher de M. Borloo et aucun obstacle idéologique ne les sépare plus vraiment.

Bien entendu, ni l’un ni l’autre ne répond quand on leur demande qui est le chef. Qui, en particulier, sera le candidat du centre à l’élection présidentielle de 2017. M. Borloo a déjà prouvé qu’il recule souvent devant l’obstacle : il a renoncé à être candidat en 2012. Il se peut que M. Bayrou compte là-dessus, lui qui est convaincu qu’il a pour destin de présider le pays et, si ce n’est pas la prochaine fois, ce sera la suivante. Ainsi l’auto-persuasion entretient-elle une ambition tenace que les faits infirment. Et si le président du MoDem n’est pas élu maire de Pau, comment fera-t-il pour se déclarer candidat à la fonction suprême ? Pour autant qu’il ait envie d’aller au casse-pipe, M. Borloo doit se dire que si M. Bayrou échoue aux municipales, mais qu’ensuite L’Alternative fait un bon score aux européennes (nous sommes le seul parti vraiment européen, disent-ils en choeur), le chef de l’UDI pourra recueillir plus tard les voix du MoDem, même si la cote personnelle de M. Bayrou s’écroule.

Le risque du second tour.

L’autre écueil, c’est le rôle que va jouer L’Alternative dans l’échiquier des partis en 2017. Si MM. Bayrou et Borloo parviennent à leurs fins, s’ils réunissent à la fois les déçus du hollandisme et ceux du sarkozysme, ils mettront l’UMP en difficulté. L’ascension du Front national fait que nous sommes entrés cette année dans le tripartisme. De sorte qu’il n’est plus possible de prévoir qui seront les deux finalistes à la présidentielle de 2017. Si l’UMP est rognée en même temps par le FN et par les centristes, elle ne sera plus que l’ombre d’elle-même. Du coup, l’UMP, mais aussi le PS, risquent de ne pas être qualifiés pour le second tour. M. Borloo, toujours enthousiasmé par les plans sur la comète, rêve de fonder un grand parti qui supplanterait ce que le Front appelle « l’UMPS ».  Bref, on comprend ce que font les deux « B », on ne sait pas vraiment où ils vont et, à la confusion créée par une crise tenace, s’ajoute une confusion politique qui nous renvoie aux républiques précédentes.

RICHARD LISCIA

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2 réponses à UDI + MoDem = L’Alternative

  1. A3ro dit :

    Bah, l’UMP s’est déjà sabordée en essayant de satisfaire les gens de centre droit tout en allant chercher les voix du FN. A vouloir lâcher la proie pour l’ombre, ils sont en train de couler, et le retour de Sarkozy va définitivement les envoyer par le fond.

    Un parti plutôt économiquement à droite, européen, qui n’adoptera pas de posture populiste sur l’immigration, et qui n’est pas captif de ses extrêmes : si ça marche, personnellement, je sais pour qui je vote en 2017.

  2. FAKIRI dit :

    Bayrou vient de faire une ineptie en s’associant avec Borloo. Ce dernier n’est pas fiable, on l’a vu se dégonfler à plusieurs reprises !

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