Entre Jérusalem et Ramallah

Hollande à Jérusalem
(Photo AFP)

François Hollande n’était pas encore arrivé en Israël, dimanche, que lui parvenait, dans son avion, la nouvelle de l’évasion de Francis Collomp, un otage français aux mains du groupe terroriste Ansaru.  Laurent Fabius s’est aussitôt rendu à Lagos pour y récupérer M. Collomp, qui est arrivé tôt ce matin à Villacoublay dans l’avion du ministre des Affaires étrangères.

L’EXCELLENTE nouvelle ne change rien à l’exercice d’équilibriste que tout président français est obligé d’accomplir quand il se penche sur les affaires israélo-palestiniennes. La visite à Jérusalem du chef de l’État s’est traduite par un rapprochement avec le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, plein de gratitude pour la fermeté française concernant la négociation avec l’Iran sur le développement des moyens nucléaires de ce pays. La France a empêché que fût signé, la semaine dernière, un accord qui, selon elle, n’apportait pas suffisamment de garanties, ce qui a surpris et irrité la partie américaine. Une nouvelle rencontre demain à Genève pourrait être décisive. Certes, M. Hollande a réaffirmé que son pays ne laisserait jamais l’Iran avoir la bombe atomique, mais la pression des autres négociateurs sur le gouvernement français sera forte.

Réunion secrète.

Les postures dictées par le très sérieux sujet de l’Iran pourraient masquer une évolution des idées. Le magazine américain « Newsweek » révèle qu’une récente réunion a eu lieu au château de Selore, en Bourgogne, à laquelle assistaient au moins trois généraux israéliens et d’anciens militaires iraniens. Il s’agissait seulement d’un échange d’idées mais il s’est déroulé dans un climat extrêmement constructif. « L’Iran se réoriente vers l’Ouest, a déclaré le général israélien Doron Avital. Je pense qu’il y a un changement stratégique et non plus un changement tactique » . L’ancienne ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, exprime le même avis : « Nous voyons une nouvelle attitude (chez les Iraniens), plus constructive ».

Cette halte remarquable dans la marche vers la guerre peut être illusoire. Il n’est pas impossible que les Iraniens cherchent par tous les moyens à apaiser les inquiétudes des Occidentaux tout en essayant de garder la technologie qui leur permettrait d’acquérir la puissance de feu nucléaire. C’est sans doute la préoccupation de Laurent Fabius, qui connaît bien M. Netanyahu et ne cache pas sa solidarité avec Israël, en dépit des divergences d’analyse qui existent entre un gouvernement israélien peu enclin à conclure un accord de paix avec les Palestiniens et un gouvernement français hostile à la colonisation. À Jérusalem, M. Hollande a dit aux Israéliens ce qu’ils souhaitaient entendre. Puis il est allé dire, à Ramallah, aux Palestiniens ce que eux aussi voulaient entendre, c’est-à-dire qu’il réclame le gel de la colonisation. C’est une diplomatie de la facilité. Le plus efficace, mais aussi le plus risqué, eût été de dire aux Israéliens, comme aux Palestiniens ce qu’ils refusent d’entendre.

Trente ans d’immobilisme.

Puis, le chef de l’État devait s’adresser à la Knesset, l’assemblée israélienne, pour y énoncer de nouveau des principes que François Mitterrand déjà, puis Jacques Chirac  avait exprimés en leur temps. Trente ans d’immobilisme, malgré les accords de Camp David. Rabin et Arafat sont morts et aucun accord de paix n’est en vue. Constatant que la France ne peut exercer aucune influence décisive sur Israël, et s’étant par ailleurs transformé en grand combattant anti-terroriste, François Hollande a préféré explorer le marché économique israélien et rappeler l’attachement de la France à la sécurité de l’État juif. Contrairement à Barack Obama, qui veut associer son nom à une paix introuvable,  le président sait bien que le climat actuel n’est pas propice à la négociation. Les Palestiniens eux-mêmes sont très affaiblis, notamment par les déchirements du monde arabe qui les relèguent au second plan, par l’isolement du Hamas, lâché par l’Égypte, et par la perte de crédibilité de Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Entre Jérusalem et Ramallah

  1. Ah, Neauphle-le-Château ! …

Répondre à GOUINGUENET Agnès Annuler la réponse

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