Le blues de NKM

NKM toujours en forme, mais…
(Photo AFP)

Dans sa campagne pour les élections municipales, Nathalie Kosciusko-Morizet n’a pas, à ce jour, fait la percée qui devait lui assurer la mairie de Paris. Intronisée à près de 60 % des suffrages de l’UMP, elle est distancée dans les sondages, de quatre à six points, par son adversaire socialiste, Anne Hidalgo. Avec son assurance habituelle, NKM affirme qu’elle va remonter le courant. On peut toujours croire à un miracle.

QU’EST-CE QUI explique la froideur de l’électorat parisien à l’égard de l’une des plus brillantes représentantes de l’UMP ? Il n’est pas impossible que NKM ait trop compté sur son charme et son magnétisme et qu’elle ait négligé les baronnies de la droite, plus vouées à leur survie que sensibles à l’aura de l’ancienne ministre. Plus que jamais, l’UMP de Paris accuse ses divisions, et les listes dissidentes commencent à fleurir tandis que les accords avec le centre droit semblent plus fragiles que ceux qu’Anne Hidalgo a conclus, sans coup férir, avec les communistes et les écologistes, au grand dam de quelques socialistes qui n’ont cependant pas poussé la contestation jusqu’au désastre. Bref, la gauche est infiniment mieux organisée que la droite ; dans son offensive de charme, Mme Kosciusko-Morizet a commis quelques bourdes, comme le « charme » qu’elle trouve au métro, ce qui n’a guère convaincu ceux qui l’utilisent pour se rendre à leur travail. Dans son parti, elle a froissé quelques âmes avec une certaine négligence, et elle risque de ne pas s’en remettre.

Une défaite relativisée.

Si Paris reste aux mains des socialistes, la défaite annoncée du PS aux municipales apparaîtra comme un simple recul, inscrit dans l’histoire de toutes les municipales. Si, en outre, Marseille tombe aux mains du PS parce que Jean-Claude Gaudin s’accroche à sa mairie en faisant la campagne de trop, la perte de quelques grandes villes par le PS sera relativisée. Si, enfin, le Front national fait au moins une partie du score qu’il annonce triomphalement (et prématurément), la droite ne pourra pas dire qu’elle sur le chemin du retour aux affaires. Il est vrai que le défi lancé à l’héritière de Bertrand Delanoë était ardu : sans conteste possible, la fiscalité parisienne est l’une des plus basses de France et les Parisiens ne peuvent pas se plaindre d’être matraqués par la mairie. Et si les idées du maire ne plaisent pas aux automobilistes, comme sa plage sur la rive droite, elles séduisent beaucoup de Parisiens parmi les moins fortunés, ceux qui ne prennent pas de vacances.

La désunion de l’UMP.

Mme Kosciusko-Morizet n’a donc pas su mettre au point une offensive fondée sur une bonne argumentation ; et elle a oublié les difficultés qu’allaient créer, dans son propre camp, une multitude d’ego soucieux d’obtenir la déférence de la candidate. Ce qui soulève d’ailleurs une inquiétude plus générale et plus vaste, celle qui concerne la désunion régnant au sein de l’UMP, où s’affrontent François Fillon et Jean-François Copé, dont la réconciliation nous semble très incertaine, tandis qu’Alain Juppé espère un jour jouer le rôle de l’arbitre sage et que Nicolas Sarkozy attend l’heure de l’assaut contre la citadelle. Rien n’est réglé au sein de la droite, ni ses divisions internes, ni le rôle que peut jouer l’UDI de Jean-Louis Borloo ; et la somme de ces incertitudes pèse sur le scrutin parisien, comme sur l’ensemble des municipales.

C’est dommage pour la droite qui, si elle s’était mise en situation de triompher en mars prochain, aurait pris un billet pour 2017. Il n’en sera rien et, faute d’avoir jugulé le Front, contre lequel elle n’a pas monté un argumentaire exhaustif, et d’achever la gauche en perdition, elle ne peut s’attendre qu’à un long chemin de croix. Le plus décevant, peut-être, c’est qu’un retour de la droite ne pourrait s’expliquer que par une déroute complète de la gauche au pouvoir, ce qui ne serait pas bon pour le pays.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Le blues de NKM

  1. Jeanjean dit :

    La société médiatique qui favorise la culture de l’ego produit ce monde politique qui croit individuellement être l’homme de la situation (avoir en tête la valse des portefeuilles ministériels). Il en résulte un bal des ego qui, comme il se doit, comporte souvent un changement de partenaires, au gré des opportunités. En politique, on appelle cela des alliances. Où se niche alors l’intérêt général ? Là est la question ! Peut-on inverser la tendance ? Non, surtout pas, on nous dira qu’il faut vivre avec son temps, l’ego fait avancer, la collectivité façonne l’ego. Peut être, mais à quel prix ? On pourrait aller droit au but, plutôt que de traîner des réformes pendant des décennies. C’est dommage !

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