L’opposition sur la défensive

Un Copé intransigeant
(Photo AFP)

François Hollande s’est livré à un changement de cap stratégique assez profond, même s’il s’en est défendu. Il a des précédents dans les pays étrangers et il est possible de décrire le phénomène en quelques mots : il s’agit de juguler l’opposition en appliquant un certain nombre de ses idées. Bill Clinton l’a fait en 1993, ce qui a bénéficié à l’économie américaine. Schröder l’a fait au début des années 2000, qui a mis en oeuvre une politique d’austérité sans précédent assurant aujourd’hui  à l’Allemagne sa prépondérance en Europe.

LA DROITE FRANÇAISE est donc embarrassée. Elle propose trois types de commentaires, ceux qui refusent de reconnaître le changement et font le pari que le président n’ira pas au-delà des mots, ceux qui estiment que les mesures annoncées ne sont pas assez radicales, ceux qui reconnaissent que les propositions du chef de l’État méritent une évaluation plus objective. La principale idée de M. Hollande, l’allègement des charges des entreprises en échange de créations d’emplois dans l’industrie, rencontre en tout cas un écho favorable au patronat. Un slogan court d’ailleurs chez les chefs d’entreprise depuis quelques mois : « Un million d’emplois ». Bien entendu, la gauche de la gauche ne croit ni à la sincérité des patrons ni à la maîtrise d’un accord par le gouvernement. Chez Jean-Luc Mélenchon, au Parti communiste et chez les élus socialistes partisans d’un basculement à gauche de la politique économique, les entreprises recevront des cadeaux sans contreparties.

Le patronat séduit.

Pourtant, M. Hollande a précisé que les entreprises, qui bénéficient du CICE (crédit d’impôt compétitivité emploi) en 2014 et 2015, ne pourront pas cumuler cet avantage avec la disparition de leurs cotisations familiales (plus de 30 milliards d’euros). Il se peut aussi qu’une moindre baisse des charges familiales, de l’ordre de 10 milliards, s’ajoutera au CICE.  Les patrons devront choisir en 2016 entre ces hypothèses. Cependant, Geoffroy Roux de Bézieux, vice-président du Medef, n’a pas caché son enthousiasme au sujet de la « politique de l’offre ». Ce qui a conduit Jean-François Copé, président de l’UMP, à mettre en garde le patronat contre les sirènes socialistes. Sa réaction est purement politique. Il veut seulement empêcher les patrons de se rallier au président et de miner de la sorte les positions de la droite.

Un renversement d’alliances ?

On n’en est pas là, même si un renversement d’alliances n’est pas impossible. Ancien ministre, François Baroin voit de l’intérêt dans les propos de M. Hollande. Ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin se réjouit de son revirement idéologique. L’opposition de droite est donc confrontée à deux calendriers très différents : le premier est d’aller au bout du mandat présidentiel dans un climat d’affaiblissement constant du pouvoir pour le supplanter en 2017 ; le second est de veiller à l’intérêt bien compris du pays et de ses citoyens dans l’immédiat. Les chômeurs ne peuvent pas attendre. Le slogan « un million d’emplois » commence à faire rêver. Il faut bien garder l’espoir.

Le Front national, la gauche radicale, les intransigeants de la droite parlementaire risquent donc de se retrouver dans le même camp, celui qui dénie au pouvoir toute chance de réussir. Et M. Hollande sera alors amené à dénoncer une attitude négative à laquelle il présente une alternative en fédérant les bonnes volontés. M. Copé doit veiller à ce danger et ferait mieux de dire, par exemple, que, s’il s’agit d’appliquer une politique pragmatique, la droite réelle vaut mieux que la gauche qui l’imite. L’authenticité, c’est ce qui a permis au FN de faire un score élevé à la présidentielle de 2012, au détriment de Nicolas Sarkozy. Embarrassée par des propos présidentiels qui changent tout sans en avoir l’air, l’UMP a déjà manqué l’occasion de marquer un point essentiel : ce sont ses idées qui triomphent. Elle se contente de rester dans la guerre de tranchées.

RICHARD LISCIA

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3 réponses à L’opposition sur la défensive

  1. PAPOUNET dit :

    Encore un qui souffre d’amnésie. Notre ami Copé devrait se rappeler que ses camarades ont laissé une ardoise de 1800 milliards d’euros avec une dépense de plus de 600 milliards d’euros en cinq ans, un record absolu depuis le début de la Vème République. Ce nouveau président va certainement faire pire, mais les uns ou les autres ruinent notre pays sans jamais être responsables de leurs actes. Drôle de démocratie où les oligarchies font la pluie et le beau temps.

  2. PAPOUNET dit :

    On peut se demander pourquoi l’opposition se réjouit des propositions de Hollande qui ne peuvent pas être applicables dans l’état actuel des finances de notre pays. Pour ce faire, il faudrait supprimer la prime de rentrée scolaire, l’allocation parent isolé et la prime à la naissance et mettre à plat le système d’attribution des allocations familiales. Comme nos politiques ne sont pas spécialement téméraires, ces propositions ne vont être que du vent.

  3. PAPOUNET dit :

    « Veiller à l’intérêt de la France et de ses citoyens ». Ils veillent tellement à nos intérêts, tous ces politiques, que notre pays est au bord de la ruine. Ils sont tellement attentifs que notre tissu industriel est moribond, chaque gouvernement concerné a bradé un pan de notre pays.
    Depuis plusieurs décennies, nous assistons à un festival d’incompétences. Il n’y a pas un pour racheter l’autre ; alors nous faire croire qu’ils ont enfin trouvé la solution, c’est encore des mensonges ! Les seuls gagnants dans les gesticulations de Hollande vont être certains actionnaires qui vont voir leurs dividendes augmenter mais certainement pas les 5 millions de sans-emplois.

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