Ayrault fait de la résistance

Contre la fusion Bretagne Pays de Loire
(Photo AFP)

Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, qui fut maire de Nantes, refuse que la Bretagne et les Pays de Loire ne fassent plus que la même région. C’est un « non » qui, de facto, s’adresse à François Hollande. Le président a envisagé, dans sa conférence de presse de mardi dernier, de regrouper un certain nombre de régions pour amincir le mille-feuille administratif.

LE CHEF du gouvernement a donc réagi comme nombre d’élus de gauche et de droite que la révision du découpage territorial épouvante. Il n’est pas inutile de rappeler que les socialistes dirigent 21 régions sur 22 et qu’ils ont tout à perdre politiquement dans une fusion susceptible de modifier la donne électorale. M. Ayrault, qui a milité, contre les écologistes, pour la construction d’un nouvel aéroport près de Nantes, au point de provoquer un conflit assorti d’émeutes et d’affrontements avec les forces de l’ordre, n’échappe pas au syndrome des élus provinciaux qui défendent leur pré-carré. Il ne donne pas le bon exemple et, si le gouvernement est associé aux réformes annoncées le 14 janvier par le président, le Premier ministre, pour sa part, ne saurait procrastiner.

La réduction de la dépense, c’est du sérieux.

À sa décharge, il faut ajouter que, pour le reste, M. Ayrault s’est fait le relais immédiat du chef de l’État. Dès cette semaine, il a envoyé une lettre de cadrage à tous ses ministres pour qu’ils mettent en oeuvre la réduction de la dépense publique sur la période qui va d’aujourd’hui à la fin du mandat présidentiel. Le chef du gouvernement veut économiser encore 50 milliards d’euros de 2015 à 2017. Une fois encore, les ministres rencontreront le ministre de l’Économie, Pierre Moscovici et le ministre du Budget, Bernard Cazeneuve, auxquels ils feront des propositions. En avril, de nouvelles lettres de cadrage fixeront la marche à suivre pour parvenir au résultat recherché. La réduction de la dépense publique, c’est du sérieux.

Heureusement, parce que M. Hollande a tout de même annoncé quelques dépenses supplémentaires, comme la création de 50 000 nouveaux emplois aidés, qu’il ne peut financer qu’en taillant dans d’autres budgets. L’opposition continue à dénoncer la création d’emplois d’État qui coûtent cher, et réaffirme qu’il ne peut y avoir de lutte contre le chômage sans croissance. Le président pense surtout à son avenir politique et s’efforce de compenser la sévérité de mesures qui demanderont de nouveaux sacrifices en satisfaisant quelques criantes revendications. Un sondage de Harris Interactive montre que 31 % des Français ont trouvé convaincants les propos du chef de l’État. C’est 9 % de plus que lors de son intervention télévisée sur M6. Mais c’est insuffisant, puisque cela veut dire que 61% des téléspectateurs n’ont pas jugé M. Hollande convaincant, même si l’électorat de droite, selon Harris Interactive,  est moins que critique que d’ordinaire.

La vérité est que François Hollande a tracé un chemin très ardu, et même épuisant. Il doit lutter contre la droite, l’extrême droite et l’extrême gauche, et il est combattu au sein de son propre parti. Les propos de M. Ayrault sur la Bretagne tombent mal : ils créent une confusion sur la sincérité des intentions du pouvoir et, une fois de plus, jettent l’incertitude sur des projets qui ne seront réalisés qu’avec le concours de tous.

RICHARD LISCIA

Ce contenu a été publié dans Non classé. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

3 réponses à Ayrault fait de la résistance

  1. Médard de Chardon Pätrick dit :

    L’avenir radieux ne viendra pas de M. Hollande, empêtré dans les contradictions qu’il a lui même tissées.
    Le mille-feuille qui entretient de trop nombreux élus et fonctionnaires ne pourra sans doute pas être réformé autrement que par des évolutions brutales et contraintes.
    La France n’a malheureusement jamais su évoluer de façon consensuelle.

  2. PAPOUNET dit :

    Encore du blabla car, réduire le nombre de régions sans réduire le nombre prohibitif de personnes bénéficiant des indemnités là aussi prohibitives ne sert à rien. Nos politiques de tous bords sont contre le non-cumul des mandats mais ils vont participer à une réduction de régions voire de conseils généraux en sachant qu’ils risquent de perdre des mandats et par conséquence leurs indemnités correspondantes.

  3. Dr Jérôme Lefrançois dit :

    Ubu est au pouvoir, il n’y a plus rien à en attendre ni à en espérer, et encore moins concernant Ayrault que Hollande. Je veux dire que M. Ayrault n’a probablement même pas l’intelligence politique de M. Hollande.
    Ite missa est.

Répondre à Médard de Chardon Pätrick Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.