Du normal au brutal

Elle n’a pas dit son dernier mot
(Photo AFP)

Annoncée par un texte très court envoyé à l’agence France-Presse, la séparation officielle du président de la République et de Valérie Trierweiler clarifie peut-être le statut « conjugal » de François Hollande, mais il ne met pas fin aux divers problèmes que pose une vie sentimentale quelque peu compliquée.

FAUT-IL appeler « répudiation » la méthode quelque peu brutale à laquelle le président a recouru pour trancher le noeud gordien d’une liaison qui aura duré huit ans ? C’est le terme utilisé par Marine Le Pen et par Henri Guaino. Il présente l’inconvénient d’augmenter l’humiliation infligée à Mme Trierweiler par son ancien compagnon. On retiendra néanmoins que, dans son ensemble, la rupture a indigné beaucoup de gens (essentiellement des femmes) qui, sans vouloir s’immiscer dans une affaire de vie privée, ont pu déclarer que ce qui arrive à l’ex-première dame est « abominable » (Rama Yade) ou « monstrueux » (micro-trottoir sur France 2). Aux yeux d’une bonne partie du public, Mme Trierweiler passe pour une victime, ce qui ranime le féminisme et déclenche une psychanalyse nationale destinée à cerner le caractère et les motivations de M. Hollande.

Un séducteur.

Il est, apparemment, soulagé. Il estime avoir agi  conformément à l’éthique la plus exigeante, en commentant l’affaire le moins possible, en « clarifiant » rapidement la situation et en adoptant, au moins pour le moment, le statut du célibataire qui ira seul le mois prochain en voyage officiel aux États-Unis et qui est arrivé seul ce matin en Turquie. On raconte (« le Canard ») que Frédéric Mitterrand est absolument enthousiasmé par les conquêtes multiples d’un homme politique qui, effectivement, ne semble pas manquer de séduction et dont les trois femmes successives qu’on lui connaît sont toutes belles, intelligentes et cultivées. Que n’exerce-t-il sur le peuple le même magnétisme !

En tout cas, le président, qui a eu beaucoup de mal à gérer ses rapports simultanés avec Ségolène Royal et Valérie Trierweiler, devra gérer, dès maintenant, ses relations avec les mêmes, mais aussi avec Julie Gayet. D’abord, Mme Trierweiler, qui s’est rendue en Inde, y a obtenu un énorme succès, preuve qu’elle ne va pas perdre de sitôt une renommée dont elle fera usage dès qu’elle aura surmonté sa peine de coeur. Ensuite, Mme Royal qui, de toute évidence, a été combattue par l’ex-compagne du président, voit maintenant le champ libre, ce qui encouragera son aspiration à jouer un rôle politique plus important. Enfin, Julie Gayet elle-même, dont on parle peu, est, que l’on sache, un être humain à part entière qui, à son tour, devra disposer d’un statut.

Il y aura des surprises.

L’Élysée récuse avec vigueur la notion de « première dame », mais Mme Gayet ne manquera pas de remarquer qu’on n’est plus à la belle époque où les puissants louaient des appartements à leur danseuse pour les y rencontrer en secret. Vous verrez, il y aura des surprises, soit parce que Valérie fera parler d’elle, soit parce que Julie réclamera une fonction. Et même si elle se révèle comme la personne la plus modeste du monde et la plus indifférente à la pompe, M. Hollande aura bien du mal à partager sa vie entre l’Élysée et ses rendez-vous amoureux.

Le sobre communiqué du président montre que, s’il ne s’est jamais marié, c’est peut-être parce qu’il n’aime pas avoir un fil à la patte, même au bout de 28 ans de vie commune avec Ségolène Royal. Il montre que ses changements de cap sentimentaux ressemblent un peu à ses hésitations politiques et qu’une forme de pusillanimité finit souvent en acte brutal. Il montre qu’il a du temps pour tout, pour tenter de surmonter une crise nationale historiquement grave, et pour courir le guilledou. On va sûrement me reprocher d’aller trop loin dans la psychologie de pacotille et dans l’atteinte à la vie privée, mais c’est seulement parce que je ne suis pas très rassuré.

RICHARD LISCIA

 

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4 réponses à Du normal au brutal

  1. PAPOUNET dit :

    Un séducteur, M. Hollande ? On peut se demander ce qu’il a de séduisant. Certainement pas son esthétique. Peut-être son intelligence mais, là, il nous cache vraiment ses compétences.
    En revanche, si son point de charme est le ridicule, alors notre président est le champion toutes catégories et on peut à la limite comprendre nos trois dames.

  2. Herodote dit :

    Y aurait-il une cloison étanche entre sentiment et raison? Un homme public n’a pas droit à une vie cachée. C’est le prix à payer en contrepartie de hautes fonctions impliquant des comportements dits  » exemplaires. » Les paparazzi font leur travail : la démocratie a un droit de regard même indiscret sur les agissements des élus. En toute injustice, Mme Trierweiler en a seule payé le prix. M. Hollande a rompu sans élégance, plaçant la compagne qu’il avait élevée au plus haut rang dans une situation humiliante. Ce n’est pas digne. Il n’en sort pas grandi.
    L’inquiétude tient à ce qu’on apprend d’un président aussi versatile, s’agissant des « virages » économiques annoncés comme des atteintes profondes aux fondements de notre société en passant par ceux de la famille. Peut-être le mot panique conviendrait-il mieux.

    • PAPOUNET dit :

      Il est vrai qu’on peut se poser la question de savoir ce que le président serait capable de faire devant l’adversité si, au naturel, il ne peut pas contrôler ses instincts.
      Comme dans les années 80, les Français peuvent considérer qu’ils ont été trompés mais ils sont en partie responsables de cet état de fait. Tout le monde connaissait par avance les incompétences de François Hollande. Puis à sa décharge, Hollande a pris la direction de notre pays alors qu’il était déjà bien endetté par les cinq ans d’incompétence de son prédécesseur.
      On remarque que nos quinquagénaires sont incapables de remettre notre pays sur les rails de la croissance. A force de brader notre tissu industriel et nos fleurons, notre pays n’est plus capable de se financer par lui-même.

  3. océane dit :

    Ce que Hollande a de séducteur? Certainement pas son physique. Mais les femmes sont très sensibles aux hommes qui les font rire ou qui les flattent. Il ne semble pas être le macho de base, non plus, c’est rassurant pour une femme indépendante. En fait il est pire, cruel, incapable de s’engager, dès que l’une est « officielle » il lui faut un amour caché, symptôme d’une fixation oedipienne et d’une culpabilité inconsciente non résolues. C’est la femme de l’autre qu’il lui faut, les amours interdites, seules l’excitent. Reconnaissons qu’il les choisit bien, elles sont belles, intelligentes ..et très amoureuses. Une fois conquises, sans être épousées toutefois, ne nous engageons pas trop tout de même, elles perdent leur charme.
    N’oublions pas non plus le rôle des « enfants » très adultes pourtant, parfois manipulés par le parent abandonné. Je rencontre très souvent cette configuration dans ma patientèle d’enfants qui refusent de voir leur père en présence de la nouvelle compagne, comme s’ils avaient des droits sur leurs parents. Et le père écartelé finit par quitter l’élue de son coeur. La rumeur dit que c’est Thomas Hollande qui aurait présenté Julie à son père.
    Le vrai problème réside dans le fait que cette indécision sentimentale est aussi politique, « laisser pourrir la situation pour qu’elle se résolve d’elle-même », « cultiver l’art de la cachotterie », se faire élire sur un programme puis en mettre en place un autre. Un prestidigitateur!

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