Ça fait mauvais genre

Peillon, le grand incompris
(Photo AFP)

Dans quel pataquès Vincent Peillon est-il encore allé se fourrer ? Son ministère de l’Éducation nationale est accusé de vouloir inculquer aux enfants la « théorie du genre ». Il s’agirait  de leur faire admettre que les différences sexuelles ne doivent pas entraîner des inégalités entre garçons et filles. D’aucuns y voient le risque de rendre plus confuse la séparation des sexes.

C’EST UN PEU comme si le gouvernement, incapable de juguler le chômage et d’augmenter la croissance, enjeu numéro un du quinquennat, s’enhardissait à accomplir des réformes qui distribuent de nouveaux droits en lieu et place de la distribution de l’argent qu’il n’a plus. Les meilleurs sentiments inspirent un projet qui, pour ne pas être du tout celui que nombre de familles conservatrices sont promptes à dénoncer, inquiète le pays : il s’agirait seulement d’extirper de nos chères têtes blondes le début d’une intolérance à l’égard de l’autre sexe. Vu de la sorte, le projet est acceptable. Malheureusement, nous ne vivons plus dans une société assez sûre d’elle-même pour ne pas être épouvantée par des idées trop neuves.

Grève de l’école.

Un mouvement commence à s’organiser, qui proteste en refusant d’envoyer  les enfants à l’école un jour par semaine. M. Peillon a réagi en demandant aux rectorats de « convoquer » les parents pour leur expliquer de quoi il s’agit en vérité et de leur demander de cesser la grève. Vaste programme. Le ministre, qui a tout le mal du monde à imposer ses rythmes scolaires, devenus pomme de discorde permanente entre les autorités académiques, d’une part,  et les élus et les parents d’élèves d’autre part, ferait mieux de renoncer à un enseignement mis en place depuis novembre dernier, mais qui soulève de vifs ressentiments. On ne remplace pas des réformes indispensables, et même vitales pour le pays, par des réformes que personne ne demande. Le gouvernement tend à oublier que le mariage homosexuel, désormais réalité légale, soulève toujours l’intolérance d’une bonne moitié des Français, qui n’ont pas ressenti de façon agréable le triomphalisme de la gauche après le vote de la loi par le Parlement.

Maladresses.

Pour ma part, je ne soupçonne nullement le pouvoir de vouloir créer une société aveugle aux sexes ou changer le cours naturel des choses. Mais, décidément, de quelles maladresses est-il capable quand il veut transformer le monde ! Toute l’énergie qu’il n’a pas dans sa lutte pour l’emploi et le pouvoir d’achat, il la trouve dans des thèmes qui bousculent les convictions et provoquent des révoltes. Dans chacune de ses démarches, souvent oniriques (il rêve de réaliser de grands coups, comme l’abolition de la peine de mort), il augmente le nombre de ses opposants.

Pendant que les éditorialistes célèbrent le néo-libéralisme de François Hollande, un État incorrigible va au coeur des familles leur dicter leur comportement. Il ne faut pas que l’État qui, déjà, décide de presque tout, y compris du nombre d’enfants par foyer en se servant des allocations familiales, donc de la natalité, des différents statuts civils décernés aux enfants puis aux adultes, des droits et devoirs accordés ou exigés de chacun, franchisse la porte des logements et celle des cerveaux. La première responsabilité de l’éducation incombe aux parents. C’est tellement vrai que, en matière de convictions religieuses, sociales, morales ou politiques, ce sont les parents qui font de l’enfant la réplique de ce qu’ils sont eux-mêmes. Et, plus tard, l’adolescent et l’adulte sont capables de rejeter ce qu’ils ont appris pour choisir eux-mêmes leur propre voie.

Dans ces conditions, à quoi bon tenter de modéliser l’éducation et de créer massivement des millions de têtes identiques ? Est-ce qu’on va se décider enfin à laisser les petits vivre leur enfance dans le bonheur et la sérénité ? Faut-il qu’ils se posent, avant leur adolescence, les questions qui vont les tourmenter plus tard (et durablement) ? Mais, bon sang, qu’on leur fiche la paix !

RICHARD LISCIA

 

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5 réponses à Ça fait mauvais genre

  1. Dr Jérôme Lefrançois dit :

    Vous avez dit, et bien dit, l’essentiel sur ce sujet.
    Je ne supporte pas les gros machos, les beaufs, et autres mâles en rut, du type des supporters sportifs en goguette,etc…
    Et en même temps, je ne supporte pas l’espèce de discrimination positive que les doctrinaires socialistes au pouvoir veulent mettre en place, et qu’ils ont déjà mise en place en féminisant des noms de métiers et/ou des titres (professeurE, docteurE, auteurE, etc….).
    On est arrivé dans le grotesque et le ridicule; les conséquences pourraient bien en être des réactions inverses (voire les réactions de ce début de semaine de parents qui n’ont pas envoyé leurs enfants à l’école écouter la nouvelle « bonne parole de l’évangile socialiste ».
    Que font nos doctrinaires bien-pensants pour condamner les vraies atteintes à la dignité et au droit des femmes dans les cités des banlieues?…Le silence de madame Taubira est ici assourdissant…Celui des bobos et autres intellos de la « bien-pensance » socialiste aussi!
    Pourtant, il n’y aurait pas besoin de nouvelle loi dans ces exemples, il suffirait de faire appliquer les lois en cours.
    Idem vis-à-vis des entreprises où règne trop une inégalité des rémunérations.
    Et le « machisme » des milieux politiques, qu’en disent les socialos au pouvoir???

    Voici quelques réflexions d’un ancien médecin généraliste (de sexe masculin, et âgé de 62 ans…).
    Oui au féminisme, au VRAI féminisme, et non à une masturbation intellectuelle de socialo-bien-pensants qui veulent nous dicter le contenu de nos pensées.
    Dr Jérôme Lefrançois.

  2. Grillon dit :

    Je suis attentivement R. Liscia et de longue date. Net, mais essayant d’être modéré et impartial dans ses propos, même si ses positions sont franches. Mais là, il va loin et je ne saurais le désapprouver. Gare à la censure, latente actuellement.
    Malgré le fort démenti du gouvernement concernant les absences scolaires pour théorie du genre, il semble évident que de doux mais dangereux utopistes sont en train d’imposer une vision totalitaire de la société par voie législative si nécessaire, et de réintroduire, à notre époque, diverses formes de censure pour qui ose aller contre !
    Egalité homme / femme, je suis évidemment pour. Racisme, je ne puis même pas concevoir ce que cela signifie…à condition de pas tomber dans une autre forme de racisme, ce que nous sommes un peu en train de faire sous prétexte de bons sentiments !
    Mais pourquoi ne pas faire le parallèle avec certaines sociétés matriarcales, et voir comment elles fonctionnent ?
    Une idée à laquelle je n’ai pas encore eu le temps de réfléchir en profondeur.
    En attendant, en un temps où il existe tant de familles recomposées, de problèmes de sexe et d’enfants en difficulté, il semble dangereux d’intervenir ainsi dans la société, dans la vie de chacun de nous, sans analyse objective préalable.
    D’ailleurs, en a-t-on le droit ?

  3. Grillon dit :

    De tout cœur avec vous et prêt à vous soutenir si vous aviez des problèmes suite à cet éditorial, ce qui ne peut malheureusement être exclu.

    Réponse : je ne suis pas inquiet. La liberté d’expression existe.

  4. PAPOUNET dit :

    Ceux qui ont des enfants voire des petits enfants peuvent constater que le niveau baisse tous les ans. On n’envoie pas nos mômes pour que des professeurs des écoles leur fassent des cours sur l’égalité des sexes mais plutôt qu’on apprenne aux petits à lire, à écrire et à compter. Une tâche que nos enseignants qui, bêtement, pensent qu’ils sont de gauche oublient de faire.
    Nos amazones du PS veulent que nos enfants grandissent plus vite qu’il le faudrait et, pour ça, le parti libertin pond des lois inutiles.
    On veut du travail, les moyens de vivre correctement et un enseignement de qualité pour nos gosses. Alors, M. Peillon, il serait temps de reprendre vos valises pour aller humer l’air d’ailleurs.

  5. Dr Delahousse dit :

    Il me semble qu’il n’y a rien à ajouter à l’excellent article de Richard Liscia et au commentaire du Dr Jérôme Lefrançois, tant ils reflètent clairement l’opinion publique comme nous pouvons le constater chaque jour autour de nous. Souhaitons ardemment qu’ils soient lus par le plus grand nombre.
    Dr Patrick Delahousse.

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