La chute de Copé

A-t-il encore un avenir ?
(Photo AFP)

On ne peut pas dire que les explications et décisions annoncées lundi par le président de l’UMP, Jean-François Copé, pour faire pièce aux accusations du « Point » sur les avantages concédés à une entreprise de communication dans le cadre des campagnes de son parti aient convaincu les Français, déjà très fatigués par les palinodies des dirigeants de la droite. Sa conférence de presse « solennelle » a accouché d’une souris.

PLUTÔT que d’enfermer ses comptes de campagne dans une pièce scellée sous les yeux d’un huissier, il aurait pu se contenter de les publier ; plutôt que d’exiger des partis et des médias de publier leurs propres comptes, comme si faute partagée était plus légère, il aurait pu expliquer que toute campagne conduit à des surfacturations ; plutôt que de nous entraîner dans un embrouillamini, il aurait pu clarifier sa démarche. Jean-François Copé a été jusqu’à il y a peu l’un de nos meilleurs dirigeants. Excellent débatteur, il a souvent exprimé des idées intéressantes et manifesté son autorité quand il était encore jeune. La présidence de Nicolas Sarkozy et la menace croissante du Front national l’ont conduit à faire des choix de plus en plus marqués à droite qui lui ont valu la désaffection de quelques-uns de ses meilleurs amis. Dans un pays où l’on ridiculise ceux qui ne sont pas ridicules, il a durci ses propos, notamment sur l’immigration, il a collaboré activement au dessein sarkozyste d’identité nationale, et fait preuve à l’égard de l’ancien président d’une loyauté qui, en définitive, lui aura coûté cher.

Un mauvais dossier.

En tant que secrétaire général de l’UMP, il a conduit une bataille contre François Fillon qui a conduit à la disqualification de l’ancien Premier ministre et de lui-même, surtout de lui-même car le vote l’instaurant président de l’UMP était truqué. Et voilà que le « Point » publie, avec une once de méchanceté, un dossier qui confond M. Copé et qu’il n’a pas très bien su expliquer hier, alors que le parti a levé onze millions d’euros chez les militants quand le Conseil constitutionnel a décidé de ne pas lui rembourser les frais de la campagne de 2012. Bref, M. Copé a sombré dans le cynisme sans paraître se douter que l’on trouve toujours plus cynique que soi et a choisi l’agressivité électorale sans imaginer que le backlash serait encore plus agressif.

Le parti socialiste, qui n’attendait qu’une bouffée d’oxygène, se complaît dans les malheurs d’une droite qui relativisent ses propres difficultés, divisions en tendances idéologiquement opposées, absence totale de résultats pour le parti de la majorité, cotes de popularité en chute libre. Il pourrait balayer devant sa porte, mais bon : ce n’est pas lui, c’est un hebdomadaire qui traîne M. Copé dans la boue, et pourquoi ne pas en profiter? Le plus terrible, peut-être, c’est que M. Copé, qui fut un talent politique, se transforme maintenant en boulet pour l’UMP. La question n’est pas de savoir si M. Fillon va en profiter ou si M. Sarkozy attend que l’oued charrie, un à un, le cadavre de chacun de ses adversaires à la primaire de la droite. La question, c’est que la chute de M. Copé affaiblit le premier parti de droite, qu’elle chagrine les militants de l’UMP, qu’elle valorise un peu encore le Front national, le seul, le vrai danger pour la droite et pour ses chances de revenir aux affaires en 2017.

RICHARD LISCIA 

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Une réponse à La chute de Copé

  1. edrei dit :

    Peut-être avez vous raison .Sans doute M.Copé s’est-il embrouillé dans ses explications.
    Mais ce n’est tout au plus qu’une maladresse et l’on ne saurait juger un politique sur un seul discours. D’autant qu’il a sans doute été décontenancé par ces attaques qu’il n’attendait pas.
    Seriez vous enclin à tenir des propos un peu trop radicaux ?
    La seule chose que l’on pourrait reprocher à M.Copé, c’est d’être un peu trop prolixe !

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