L’atout Valls

Valls, ou les travaux d’Hercule
(Photo AFP)

Cet après-midi à 15 heures aura lieu la passation de pouvoirs entre Jean-Marc Ayrault et Manuel Valls. Le nouveau Premier ministre n’a pas attendu d’occuper son bureau à Matignon pour engager avec les diverses composantes de la gauche des tractations difficiles. Il semble avoir convaincu Benoît Hamon et Arnaud Montebourg de travailler avec lui. Il a reçu une délégation d’Europe Écologie les Verts (EELV), composée de personnalités écartelées entre leur désir de participer au gouvernement et la nécessité de défendre leurs idées.

DANS SON discours télévisé d’hier soir, le président de la République a tenté d’être aussi clair et précis que possible. Au pacte de responsabilité, il ajoute un pacte de solidarité destiné à apaiser la France qui souffre. Mais il ne nous dit pas comment il va concilier de nouvelles dépenses sociales avec la réduction des déficits et de la dette. Il laisse seulement entendre qu’une pause, qui serait approuvée (ou non) par la commission de Bruxelles, dans la marche vers les équilibres budgétaires, pourrait être décidée. Il a choisi Manuel Valls comme Premier ministre parce que sa nomination constitue le meilleur signe de changement qu’il pouvait offrir aux Français. Mais, de même que le discours du chef de l’État est fait à la fois de continuité et de changement, de même l’urgence et la solennité du moment post-électoral n’empêchent pas les discussions, chantages et compromis qui accompagnent la formation d’un nouveau gouvernement.

Les écologistes sont-ils indispensables ?

Les écologistes sont-ils indispensables à la survie de la majorité ? Admirateur de Cécile Duflot qui, avec Pascal Canfin, claque la porte du pouvoir pour cause d’incompatibilité avec Manuel Valls, M. Hollande semble le penser, qui demande à son nouveau Premier ministre, de trouver un accord avec EELV. On en est resté à la synthèse chère à l’ancien premier secrétaire du PS, alors qu’il s’agit d’agir vite et fort. M. Valls ne peut être efficace que si, avant l’été, il a pris un certain nombre de dispositions relatives à l’emploi et au pouvoir d’achat qui offrent un espoir aux Français. Il n’y parviendra pas s’il tient compte de toutes les résistances qui s’expriment au PS et chez les écologistes ou s’il se laisse effrayer par les imprécations de l’extrême gauche.

Équation insoluble.

L’ennui est que François Hollande ne lui a pas donné de blanc-seing. Le président a établi une sorte d’équation insoluble qui ajoute un pacte de solidarité (comprenez dépenses supplémentaires) au pacte de responsabilité (comprenez moins de charges sociales).  À M. Valls de la résoudre. Il faudrait que le lancement des idées neuves ne soit plus autorisé que si le financement en est prévu et chiffré. De toutes façons, le texte bref du chef de l’État est insuffisant. Le pays n’a pas besoin seulement d’un choc de compétitivité ou d’un choc de simplification. Il a aussi besoin du choc psychologique que produirait dans la population une rafale de mesures capables de libérer l’énergie créatrice du pays. La nomination d’un nouveau Premier ministre n’est que l’acte politique précédant la mise en oeuvre d’une gestion plus vive, débarrassée des couacs de communication, avec des effets immédiats et tangibles. N’oublions pas que le pacte de responsabilité ne sera mis en place que l’année prochaine et que l’idée du pacte de solidarité, si elle prend forme, ne se traduira dans les faits que beaucoup plus tard.

Sur les charges sociales, sur le temps de travail, sur la flexibilité de l’emploi, sur la réforme fiscale (qui ne doit pas être une hausse masquée des impôts), il faut aller plus vite. Gouverner autrement. Débloquer tous les freins, syndicaux et politiques. Le pouvoir a perdu les municipales, il perdra les européennes et les régionales. Dans ces conditions, pourquoi ménager les écologistes et la gauche de la gauche ? En revanche, s’il obtient des résultats, il finira par retrouver son électorat habituel.

RICHARD LISCIA

 

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Une réponse à L’atout Valls

  1. A3ro dit :

    Mélenchon et compagnie disent que les Francais veulent un virage à gauche, pas à droite, d’où l’abstention : si c’était le cas, le Front de Gauche aurait fait des scores honnêtes. De toute façon, il est hors de question de tenter de deviner les intentions de ceux qui n’ont pas pris la peine de donner leur avis via les urnes.

    EELV qui refuse le ministère de l’Ecologie/Transports/Energie dont tous les écologistes rêvent : eh oui, un parti de politiciens qui n’a pas la moindre idée cohérente sur la transition énergétique, il est assez naturel qu’ils fuient leurs responsabilités. Dany et Hulot ont bien fait de s’en séparer.

    De fait, le gouvernement Valls va avoir du mal à inverser la tendance pour Hollande. Mais s’il parvient à réorganiser l’Etat avec des coupes sèches, faire le choc de simplification et le pacte de responsabilité, ce sera le gouvernement le plus réformateur et le plus utile à la France depuis des années.

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