Un gouvernement de combat

Ségolène : enfin un job
(Photo AFP)

Malgré la décision des écologistes de ne pas participer au gouvernement de Manuel Valls, la composition de la nouvelle équipe a été annoncée très rapidement. Elle comprend seulement seize ministres (en attendant la nomination des secrétaires d’État), et pas plus de deux nouveaux entrants, Ségolène Royal, ministre de l’Écologie et de la transition énergétique, et François Rebsamen, ministre du Travail.

LE NOUVEAU gouvernement se caractérise par sa ressemblance avec le précédent : Laurent Fabius reste aux Affaires étrangères, Christiane Taubira à la Justice (alors qu’on prévoyait son départ), Aurélie Filipetti à la Culture, Stéphane Le Foll à l’Agriculture (avec le porte-parolat en plus), Jean-Yves Le Drian à la Défense, Marilyse Lebranchu à la Décentralisation, Najat Vallaud-Belkacem aux Droits de la Femme (plus la Ville, la Jeunesse et les Sports), Marisol Touraine aux Affaires sociales, bien que son départ ait été envisagé. La grande nouveauté, c’est la création de deux pôles à Bercy, l’un pour l’Économie et le redressement productif et qui est confié à Arnaud Montebourg, l’autre pour les Finances, attribué à Michel Sapin, tandis que le ministère de l’Intérieur passe aux mains de Bernard Cazeneuve, ancien ministre du Budget. Enfin Benoît Hamon, deuxième dans la liste gouvernementale, reçoit le portefeuille de l’Éducation nationale.

Deux grands partants.

Les grands partants sont donc Pierre Moscovici, appelé à siéger à la commission européenne, et Vincent Peillon, qui quitte l’Éducation pour devenir tête de liste socialiste aux élections européennes. L’équipe compte huit hommes et huit femmes. La présence en son sein des principaux membres du gouvernement Ayrault indique l’influence du président plutôt que celle du Premier ministre. Manuel Valls a seulement empêché M. Rebsamen de prendre l’Intérieur, sans doute parce que leurs réseaux  sont différents et que le nouveau Premier ministre a voulu protéger des fonctionnaires contre la valse des postes. Il ne s’est pas opposé au maintien de Mme Taubira, avec laquelle il a eu des différends homériques ; il a accepté le savant dosage qui permet à François Hollande de maintenir à des postes prestigieux MM. Hamon et Montebourg, associés à la « gauche de la gauche ».

Le psychodrame des écolos.

Manuel Valls a tout fait aussi pour garder les écologistes au sein du gouvernement, par loyauté pour le président, soucieux d’avoir une majorité plurielle. Il n’y est pas parvenu, à cause de l’ostracisme de Cécile Duflot à son égard. Au fond, la constitution du gouvernement ne posait aucun problème et elle eût été plus rapide si les écologistes ne s’étaient livrés, à cette occasion, à un de leurs fréquents psychodrames. Ils se sont littéralement déchirés : le bureau exécutif, comprenant seulement dix personnes, a pris la décision de dire non à M. Valls, alors que les députés EELV souhaitaient presque tous que le mouvement fût représenté et jugeaient que la proposition de M. Valls, un très gros ministère de l’Écologie, méritait d’être saisie. Ce sont les écologistes eux-mêmes qui dénoncent le manque de maturité de leur mouvement et les calculs machiavéliques que font Cécile Duflot ou Jean-Vincent Placé, convaincus qu’ils vont faire un tabac aux européennes et que leur victoire sera d’autant plus grande qu’ils ne seront plus associés à la gestion du pays.

MM. Hollande et Valls ont tenu leur pari en formant un gouvernement resserré et paritaire. Il leur faut maintenant fournir la preuve que cette équipe est à la hauteur d’une tâche immense, avec un double objectif, le redémarrage de la croissance et la diminution des déficits. Rien, dans la composition de l’équipe, ne permet de penser qu’elle ne sera pas à la hauteur de la tâche. Rien, non plus, ne permet d’affirmer qu’elle réussira.

RICHARD LISCIA

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2 réponses à Un gouvernement de combat

  1. Dr Delahousse dit :

    On ne change pas une équipe qui perd…

  2. Herodote dit :

    Le président a ouvert sa boîte à outils. Il s’agissait de changer une équipe perdante en formation « de combat ». En gros, on retrouve plusieurs des mêmes mais en rangs « resserrés ». Cependant, le Premier ministre a changé et ce n’est pas rien. Sa jeunesse est bienvenue, sa volonté, affirmée de partout. Ses résultats contre le délinquance, médiocres.
    Au total, les problèmes non résolus sont tels que le pronostic raisonnable d’échec vient aussitôt à l’esprit comme une malédiction. Alors « Tout ça pour ça ? ». Ce serait méconnaître les ressources de la boîte à outils. Il y a dans un coin le moyen de couper les ailes d’un rival ambitieux.

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