Tourmente chez les écolos

Une once de stalinisme
(Photo S. Toubon)

Europe Écologie les Verts  (EELV) se réunit demain en conseil fédéral pour une vaste explication au sujet de la décision de Cécile Duflot de mettre fin à la participation du parti au gouvernement. Les 27 députés et sénateurs EELV n’étaient pas d’accord et Mme Duflot s’est contentée de réunir le bureau exécutif d’EELV pour qu’il entérine sa décision.

DANS UN article qu’elle publie ce matin dans « Libération », Mme Duflot affirme que « depuis des mois, je demandais un changement de cap (…). La seule réponse a été un casting et l’affirmation, par le Premier ministre, de la continuité ». Ce n’est pas la version des faits telle qu’elle a été rapportée par d’autres écologistes. Manuel Valls, en effet, avait proposé aux écolos un grand ministère de l’Écologie, celui-là même qui est revenu à Ségolène Royal, une réforme fiscale, une réforme des collectivités territoriales et une dose de proportionnelle dans le mode de scrutin. En outre, le 30 novembre dernier, à Caen, le congrès d’EELV avait décidé le maintien de la présence des écologistes au gouvernement, ce dont Mme Duflot n’a guère tenu compte.

Fortes propositions.

Dans le tableau des propositions de M. Valls, l’introduction de la proportionnelle dans les scrutins, chère aux petits partis, est peut-être la plus importante, et aussi la plus alarmante parce qu’elle est contraire au fonctionnement de la Vè République, fondée sur le scrutin majoritaire à deux tours, et qu’elle risque d’envoyer des dizaines de députés du Front national à l’Assemblée (comme cela s’est produit il y a quelque trente ans, quand François Mitterrand a fait adopter la proportionnelle). En fait, les révélations d’EELV annoncent le programme que Manuel Valls entend appliquer et qui contient, effectivement, assez d’arguments pour les convaincre. Il semble bien que Cécile Duflot avait déjà mis au point un agenda différent dans la perspective des élections européennes où EELV pourrait obtenir un succès considérable.

Cependant, en agissant dans la hâte et sans consulter sa base, Mme Duflot a manipulé le bureau exécutif, auquel on devrait donner le nom de bureau politique, en se livrant à une opération de nature presque stalinienne, à laquelle s’opposeront de nombreux membres de son mouvement. Cela dit, on lui avait beaucoup reproché de participer au gouvernement Ayrault sans en accepter la discipline : elle critiquait le pouvoir avec la virulence d’une opposante, comme si elle souffrait de schizophrénie. En outre, très généreuse en jugements négatifs pour les autres, elle n’a jamais fait son autocritique et n’a jamais expliqué comment, ministre du Logement, elle a contribué à une baisse sans précédent du nombre de logements construits en France. Peut-être a-t-elle tiré la leçon de son échec.  Peut-être a-t-elle aussi voulu accorder ses paroles et ses actes. Mais rien ne lui interdisait de se montrer sensible aux propositions de M. Valls, de rester au gouvernement et de cesser de le vitupérer.

Plus que des écolos.

Les désarrois des écologistes n’ont qu’une importance très relative. Le pays peut faire de l’écologie sans eux, comme Mme Royal va s’employer à le prouver. La nouvelle ministre aura à coeur, on l’espère, de progresser dans le sens d’une société plus propre sans pour autant pénaliser les Français avec des mesures contraignantes, susceptibles d’achever ce qu’il nous reste de croissance. Si l’écologie peut se passer des écologistes, c’est d’ailleurs parce qu’ils sont bien plus que des écolos. Ils ont créé un mouvement plus à gauche que le PS et qui est en train de réinventer l’économie dirigée, les solutions de type marxiste et les diktats indiscutés du pouvoir. Non seulement rien ne prouve qu’ils réussiraient dans leur vocation, le nettoyage de la France, mais tout indique qu’ils nous feraient courir des risques économiques et sociaux considérables.

RICHARD LISCIA

 

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4 réponses à Tourmente chez les écolos

  1. zinetti dit :

    En Espagne, on dit qu’ils sont comme les pastèques : verts à l’extérieur, rouges à l’intérieur….CQFD

  2. Chambouleyron dit :

    Vous n’êtes pas tendre avec les EELV et vous avez raison. Qu’ils se chamaillent. Mais que Madame Dufflot la logorrhéique ait pu se maintenir dans le gouvernement Ayrault pendant presque deux ans montre le machiavélisme de notre président.

  3. Dr Jérôme Lefrançois dit :

    Tout à fait d’accord. Le problème avec les verts, c’est qu’ils sont rouges (spécificité française) !
    Et leurs actions n’ont aucun réalisme économique et écologique; il suffit de prendre pour exemple les mesures prises à Paris par l’adjoint doctrinaire de Bertrand Delanoë, Denis Baupin, dont les décisions calamiteuses en matière automobile ont entraîné une augmentation des encombrements et des bouchons, donc de la pollution, etc…

    Qu’attend-on pour donner des vraies responsabilités à des « écolos intelligents », du type Nicolas Hulot?

    Mme Duflot fait bien la paire avec Mme Taubira (malheureusement encore présente au gouvernement) en termes de langue de bois, de mensonges, de mauvaise foi, d’action non seulement inefficace mais aussi extrêmement néfaste dans leurs activités de ministre.
    Le président Hollande retarde encore d’une guerre, dans la mesure où il dirige la France comme le PS, avec des compromis/compromissions et des sourires à tout le monde à gauche, alors que le pays a besoin d’un décideur et d’un meneur.

  4. A3ro dit :

    Je persiste et signe : pas besoin des inflexions sociales et autres artifices tels que la proportionnelle, ces abrutis d’écologistes aurait du saisir l’occasion de faire leur grande réforme, leur raison d’être, la transition énergétique.

    Qu’est ce qu’ils croient ? Que les 2 % de voix d’Eva Joly, Grenoble et un malheureux accord électoral avec le PS leur donnent le droit de dicter la politique gouvernementale ? Ils ont certes avalé quelques couleuvres, mais on dirait qu’ils sont plus préoccupés de faire appliquer leur vision néo-marxiste de l’économie et du social que de s’occuper d’énergie et d’écologie. C’est maintenant clair : tout comme le FN est un aimant à réactionnaire décérébré, EELV ne sert qu’a capter les voix des bobos idéalistes sans aucune notion d’économie, de technologie ou, plus simplement, de pragmatisme.

    Si seulement les journalistes pouvaient pointer les contradictions de ces partis tous plus populistes les un que les autres comme il le font avec le FN, peut-être que l’électeur moyen pourrait enfin utiliser son cerveau correctement. Les politiques auraient enfin à dire des choses cohérentes.

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