Régions : un référendum ?

 

Bertrand veut une consultation
(Photo AFP)

La seule annonce, dans l’entretien d’hier avec François Hollande, c’est l’accélération de la réforme territoriale. Le président de la République a envisagé, à cet effet, de reporter d’un an les élections régionales et cantonales de 2015. Quand on se souvient que Manuel Valls avait parlé d’une réforme à l’horizon 2021, le projet du chef de l’État semble très audacieux.

IL SE HEURTERA, en effet, à de solides conservatismes. Comme le dit l’ancien ministre UMP Xavier Bertrand, il est difficile de demander à des milliers d’élus de se faire hara-kiri. La droite s’est dressée comme un seul homme contre le report des scrutins de 2015, car elle y voit une manoeuvre du pouvoir pour s’épargner une nouvelle défaite électorale juste avant la fin du quinquennat. M. Bertrand et Jean-Pierre Raffarin, avec d’autres UMP, souhaitent donc que la réforme régionale soit précédée d’un référendum dont le principal objectif serait moins la consultation populaire que le remplacement d’un scrutin par un autre. Bien entendu, la gauche ne l’entend pas de cette oreille, qui ne semble pas trop accablée par l’ampleur de la tâche, soudain immédiate, à accomplir.

Que faire des départements ?

Car la réforme peut prendre des aspects différents : l’axe du projet, c’est bien sûr la réduction à dix ou onze des 22 régions métropolitaines.  François Hollande n’en a pas moins appelé à la suppression des conseils départementaux que Manuel Valls avait annoncée dans son discours de politique générale. Ce qui a conduit l’ancien ministre UMP Benoît Apparu à exprimer son opposition au projet : il craint la création de régions très puissantes dirigées par des potentats et que, en même temps, le relais départemental disparaisse. En d’autres termes, le projet de M. Hollande, qui semble se construire à mesure qu’il y réfléchit, serait très ambitieux mais pratiquement irréalisable, surtout si l’on tient compte du nombre d’élus qu’il réduirait au chômage.

La simplification du millefeuille administratif n’en reste pas moins éminemment souhaitable. Elle serait une source d’économies considérables, au même titre, d’ailleurs, que le report de l’âge de la retraite, capable de diminuer les dépenses sans nuire au pouvoir d’achat et sans contraindre l’État à tailler dans les budgets. Ce n’est pas nécessairement par les coupes budgétaires que l’on reviendra aux grands équilibres, mais en supprimant tous les emplois qui doublonnent. C’est d’ailleurs pourquoi le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux qui part à la retraite était une excellente idée, celle-là même que M. Hollande a abandonnée. Résultat : le nombre de fonctionnaires continue d’augmenter, notamment dans les collectivités locales et il serait aujourd’hui de cinq millions et demi.

Le public au secours du privé.

La France est donc ce pays curieux qui, quand il ne peut pas créer d’emplois dans le secteur privé, les crée dans le secteur public, accentuant de la sorte un déséquilibre qui exprime tous les autres : désindustrialisation, perte de compétitivité, énorme déficit de la balance commerciale. La hausse du nombre de fonctionnaires permet certes de diminuer le taux de chômage, mais elle est à la fois artificielle et dangereuse parce qu’elle accroît le poids que l’État exerce sur la société civile, littéralement écrasée par les budgets publics. Dans ce domaine aussi, on regrettera que l’idée de réforme donne lieu à une nouvelle querelle entre droite et gauche, alors que l’intérêt général, sinon celui de ceux qui émargent dans les collectivités, est d’en finir avec des dépenses inutiles.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Régions : un référendum ?

  1. A3ro dit :

    Créer des « potentats » au niveau de la region ne me dérange pas si ça permet de rendre leurs dirigeants plus visibles et de donner du sens aux élections régionales dont, il faut bien l’avouer, on se fout un peu aujourd’hui.

    Réduire le nombre d’élus est compliqué, bien sûr, mais indispensable. Un conseiller municipal pour 100 habitants, c’est un peu dingue, quand même. Pareil pour les fonctionnaires des collectivités.
    Le problème de la RGPP version Sarkozy, c’est qu’elle était un peu aveugle et ne concernait que les administrations étatiques, si je me souviens bien, et pas directement les agences et les collectivités. Pour celles là, il faut à mon sens les toucher au portefeuille en limitant leurs subventions ou le montant maximum légal des impôts locaux.

    Pas facile à faire avaler, c’est clair, donc ça ne viendra pas des parlementaires. Le référendum peut être une bonne option du coup, à condition que l’opinion n’écoute pas les inévitables récriminations de ceux qui vont perdre leur mandat. M. Hollande, c’est une occasion inespérée de marquer l’histoire que vous avez là.

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