Le président cartographe

Une réforme à la va-vite
(Photo AFP)

Le président de la République a lancé la réforme territoriale, mais, comme d’habitude, il l’a revue à la baisse. La France comptera 14 régions au lieu de 22, alors que le projet portait sur une réduction de moitié. Les économies escomptées ne font plus l’objet que de supputations : 2, 5, 10 milliards ? Question de temps sans doute. Mais il faut aussi augmenter les moyens des nouveaux pouvoirs régionaux et ça coûte cher.

DEUX projets de loi seront examinés en conseil des ministres le 18 juin. Le premier concerne la « reconfiguration » de la carte régionale, le second porte sur « les compétences des régions et la montée en puissance des intercommunalités », selon Manuel Valls, Premier ministre. Quant aux départements, plutôt que d’être supprimés purement et simplement, ils seront « dévitalisés » pour disparaître à l’horizon 2020. Il est vrai que la suppression du département exige une révision de la Constitution. M. Hollande ne disposant pas d’une majorité des trois-cinquièmes, il laisse à un successeur ou à un meilleur moment le soin d’adapter les institutions à sa réforme. On trouvera dans cette stratégie la signature indélébile du chef de l’État : quand un obstacle se dresse, il le contourne. Car sa réforme a déjà soulevé une clameur qui monte de tout le pays, de toutes les baronnies locales qui ne veulent pas céder leur pouvoir au profit d’une rationalisation administrative.  C’était, bien sûr, inévitable. La seule arme efficace contre les conservatismes étant l’autorité, le président, qui en est dépourvu,  préfère louvoyer.

Un manifeste.

Il est meilleur dans cet exercice que dans d’autres et a su rallier à sa réforme quelques-uns de ses amis amadoués par le maintien de leurs prérogatives. Il se trouve que 20 des 22 régions sont de gauche, ce qui, logiquement, aurait dû faciliter le travail de l’exécutif. Quelques présidents de région, pourtant, désapprouvent la réforme, par exemple Christian Bourquin, de Languedoc-Roussillon, qui dénonce la fusion avec Midi-Pyrénées. Il lance un manifeste qui juge « insensé de faire disparaître le territoire le plus attractif de France ». Inversement, on peut penser que, fort d’une majorité de régions, le chef de l’État aurait pu approfondir et accélérer la réforme territoriale, même si, parfois, il est plus difficile de circonvenir ses amis que ses ennemis.

Cela dit, le pays va dans le bon sens. La réforme territoriale aurait pu être plus ample, mais elle amorce un processus dont on espère qu’il sera irréversible et complet au bout de quelques années, avec des économies d’échelle et une rationalisation administrative qui devenait indispensable. On peut craindre toutefois que les changements prévus dans la redistribution des pouvoirs régionaux coûtent plus cher qu’ils ne rapportent. Les régions, à l’heure actuelle, ne touchent que 395 euros par habitant et si on leur attribue les tâches accomplies aujourd’hui par les départements (« toutes les routes, les collèges, tous les transports », a dit André Vallini, secrétaire d’État à la Réforme territoriale), il faudra bien, comme cela arrive souvent, commencer à dépenser plus d’argent avant d’en économiser.

RICHARD LISCIA

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2 réponses à Le président cartographe

  1. A3ro dit :

    C’est vrai que ca va dans le bon sens. Mais faire des économies, ça voudra dire à un moment supprimer des postes de fonctionnaires régionaux en taillant dans les doublons ainsi trouvés. Comment cela sera-t-il effectué, alors que même ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux a posé problème ?
    La rationalisation est excellente si elle est menée jusqu’au bout, mais diminuer le nombre de régions en gardant les mêmes dépenses, c’est à la fois stupide et pas improbable du tout.

  2. Delteil christian dit :

    Voilà enfin une bonne idée. Se mettre à l’unisson des autres grands pays européens et faire des régions compétitives. Faire des fusions utiles et complémentaires, avec ou sans l’accord des élus locaux qui se demandent à quelle sauce ils vont être mangés et défendent leurs prérogatives. Ce qu’il faut, c’est être utile et compétitif. Alors pour une fois que le président a une bonne idée, nous n’allons quand même pas la bouder. Une fois n’est pas coutume, soyons beaux joueurs. Qu’il fasse au moins une chose qui en vaille la peine. Ce n’est évidemment pas le cas pour la réforme pénale qui, elle, ne va pas du tout dans le bon sens et que l’on doit combattre, alors qu’il faut soutenir celle des régions.

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