Social : le bras de fer

Des candidats au bac retardés
(Photo AFP)

Loin de s’apaiser pendant le week end, le conflit à la SNCF s’est aggravé : le gouvernement a refusé de faire des concessions, la grève a été reconduite au moins jusqu’à demain et semble entrer dans une phase longue et le projet de loi qui réforme le réseau ferroviaire sera bel et bien discuté cette semaine.

MANUEL VALLS a clairement fait entendre ce matin qu’il ne cèderait pas, que la réforme est indispensable, que le statut des cheminots n’est pas menacé, que, néanmoins, il restait disponible pour toute conversation avec les syndicats. Le Premier ministre dispose de deux atouts : le soutien de la CFDT qui, elle-même, juge la grève inutile et anachronique, et celui de la population, dont l’exaspération parvient à son comble. Quand on lui rappelle qu’il n’est pas sûr de trouver une majorité pour la loi de réforme du système ferroviaire, il en appelle à la responsabilité des socialistes dits « frondeurs ».  Ils sont cependant nombreux et de plus en plus hostiles à la ligne gouvernementale qu’incarne M. Valls. Ils lui ont déjà fait savoir qu’ils ne tiennent pas compte de ses conseils et objurgations. Ils s’estiment affranchis de toute discipline de groupe. Dans son ensemble, mais avec quelques exceptions, comme l’ancien ministre Xavier Bertrand, qui votera la loi, l’opposition ne devrait pas voler au secours de M. Valls. Enfin, le problème des intermittents du spectacle devient aigu avec l’arrivée de l’été : des spectacles sont déjà annulés et la saison sera morose.

Risque de crise politique.

La crise sociale peut donc déboucher sur une crise politique, d’autant qu’il va falloir adopter aussi le collectif budgétaire, lequel avalisera la politique économique engagée par le gouvernement Ayrault et appliquée par M. Valls : baisse des impôts, réduction des dépenses publiques de 50 milliards d’euros en trois ans. L’incertitude qui pèse sur les votes parlementaires à venir représente, avec l’influence de François Hollande qui, depuis des mois, cherche à amadouer les élus socialistes les plus rétifs au prix de concessions inutiles, l’obstacle majeur à la réalisation des programmes lancés par le gouvernement. Pour les intermittents et la SNCF, il présente des textes pour lesquels existe une majorité populaire qu’il ne retrouve pas au Parlement ; pour d’autres réformes, comme celle du code pénal, il a une majorité à l’Assemblée, mais les textes sont violemment contestés par l’opposition.

Les choix de la droite. 

Elle-même sujette à une crise profonde, la droite doit faire preuve d’éclectisme. M. Bertrand a donné l’exemple en annonçant qu’il voterait la réforme de la SNCF. Il n’y a aucune raison, pour les centristes ou l’UMP, de rejeter un texte dont ils auraient pu, en d’autres circonstances, revendiquer la paternité. Ils ne sauraient en faire autant pour la loi pénale, pour des raisons liées à des exigences de sécurité, mais ils ont manqué  l’occasion d’apporter leur soutien à la réforme régionale qui, bien qu’elle soit imparfaite, permet d’aller dans le sens de la simplification administrative. Je ne cesserai pas de répéter que le pays ne peut pas attendre la fin du mandat de M. Hollande pour procéder à des réformes indispensables, même si elles ne sont pas aussi larges et profondes que l’on pourrait le souhaiter.

Bien entendu, M. Valls ne peut pas gouverner avec une majorité mixte, une pincée de droite, une cuillerée de gauche et un grain de centre. Il faut au Premier ministre une majorité socialiste parce que le gouvernement est socialiste. Même si, après tout, et compte tenu d’un contexte politique particulièrement dégradé, l’idée d’un gouvernement de salut public devrait faire son chemin. Pour le moment, contentons-nous d’observer que la gauche de la gauche, ainsi que la CGT et FO, ne font aucun cadeau à M. Valls, comme s’ils le considéraient comme aussi détestable qu’un dirigeant de droite. Après avoir tenté de les amadouer,  l’exécutif a décidé d’engager l’épreuve de force et cela peut très bien passer par la question de confiance et l’article 43/bis de la Constitution.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Social : le bras de fer

  1. Chambouleyron dit :

    Ce matin, Xavier Bertrand voulait la suppression de cette loi SNCF. Les Français sont pour ? La connaissent-ils ? Nous sommes à 100 % dans l’émotionnel, comme au foot.Y’a du mouron à se faire. Vous tentez de mettre un peu de cohérence en pure perte, je le crois.

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