UMP : l’étau se resserre

Le meilleur candidat ?
(Photo AFP)

Quatre anciens cadres de la société Bygmalion sont en garde à vue dans le cadre d’une enquête qui pourrait bien aboutir à des mises en examen. Guy Alvès et Franck Attal (mais pas Bastien Millot) ont déjà reconnu qu’ils avaient utilisé un système de fausses factures qui aurait permis à l’UMP de dépasser le plafond autorisé des dépenses d’un parti politique pour une campagne électorale, en l’occurrence celle de Nicolas Sarkozy en 2012. L’objectif des policiers et des juges est de montrer que les dirigeants de l’UMP, dont M. Sarkozy, ne pouvaient pas ignorer le stratagème.

QUELQUES JOURS à peine après la rentrée politique de Nicolas Sarkozy, la justice donne un premier coup de boutoir dans une affaire qui semble menacer les ambitions de l’ex-président bien plus que les précédentes, toujours en cours. La dette de l’UMP se monte à 74 millions d’euros et la décision du Conseil constitutionnel, qui a refusé d’avaliser les comptes de la campagne de M. Sarkozy, est confortée par les suites légales de l’affaire, comme s’en vante le président du Conseil, Jean-Louis Debré. L’UMP, pourtant, peut se féliciter des scores qu’elles a remportés aux municipales et aux sénatoriales. S’il est indéniable qu’une partie de son électorat a voté, notamment aux européennes, pour le Front national, la déperdition des voix est moins sensible à droite qu’à gauche. Elle est probablement le premier parti de France et elle se présente comme l’unique rempart contre une victoire de Marine Le Pen à la présidentielle de 2017. En somme, le parti lui-même va plutôt bien, mais il lui manque un leader.

Sarkozy menacé.

L’affaire Bygmalion menace principalement Jean-François Copé et Nicolas Sarkozy. Elle ne gêne ni Alain Juppé ni François Fillon. M. Sarkozy a eu le front de rappeler avec commisération que M. Juppé a été condamné dans l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris. À quoi l’ancien Premier ministre a rétorqué que, si on doit faire des comparaisons entre personnes qui ont eu des démêlés avec la justice, il y gagne. Et il a raison. Pour M. Sarkozy qui, dans son interview à France 2, le 21 septembre, a balayé d’un revers de la manche les problèmes judiciaires que l’affaire Bygmalion pourrait lui causer, l’obstacle risque de devenir, à terme, insurmontable. Ou bien il est rapidement innocenté par les juges, et il n’aura plus alors qu’à clore les autres dossiers où son nom est mentionné, ce qui, de toute façon, ne sera pas facile, ou bien il ne l’est pas et comment, dans ces conditions, pourrait-il représenter une droite unie et forte en 2017 ?

Un combat dans la lumière.

M. Juppé et M. Fillon n’hésiteront pas, le moment venu, à faire valoir aux militants et aux sympathisants de l’UMP qu’ils sont des candidats plus sûrs que M. Sarkozy et que, pour leur part, ils ne risquent pas d’être rattrapés par un passé encombrant. L’ex-président a cru nécessaire d’entrer dans la course avec près de deux ans d’avance sur le calendrier qu’il s’était fixé auparavant, parce que les circonstances politiques, affaiblissement du pouvoir en place et ascension de M. Juppé, l’y contraignaient. Il n’est pas impossible non plus qu’il ait vu dans son élection probable à la tête de l’UMP un autre moyen de se protéger des poursuites judiciaires, bien qu’un tel statut ne suffise pas à le mettre à l’abri. Sans doute espère-t-il que la ferveur de ses électeurs rendra plus compliquée la tâche des juges. Enfin, il préfère un combat sur tous les fronts, politique et judiciaire, dans la lumière d’une campagne, à l’isolement et à la détresse d’une bataille solitaire contre les juges.

Il n’est pas entré en lice pour se dérober plus tard. Son choix de passer par les fourches Caudines de l’UMP (primaire pour la présidence du parti, primaire pour la présidence tout court) augmente le nombre des incertitudes sur l’avenir immédiat de la droite. M. Sarkozy risque d’abandonner la course à mi-parcours ; il ne lui suffira pas de se défendre d’être un danger pour la droite, il lui faudra le prouver ; les rebondissements judiciaires, inévitables pendant les deux ans et demi qui précèdent la présidentielle de 2017, feront réfléchir les plus ardents de ses partisans.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à UMP : l’étau se resserre

  1. phban dit :

    L’affaire Bygmalion va très certainement plomber définitivement Nicolas Sarkozy : ou il était au courant et il sera condamné par la justice, ou il ne l’était pas et c’est la preuve d’un total manque de contrôle, impardonnable quand on prétend sauver un pays de la ruine. La droite serait inspirée de le passer tout de suite en pertes plus qu’en profit, et d’investir sur un homme sérieux et raisonnable, type Fillon ou Juppé, capable de rassembler, enfin, les bonnes volontés.

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