Rude défaite pour Obama

Obama, ou l’espoir déçu
(Photo AFP)

De quelque point de vue que l’on se place, les élections de mi-mandat représentent une sévère défaite pour Barack Obama et pour le parti démocrate. Le président américain perd en effet la majorité dont il disposait au Sénat et le décompte des sièges remportés à la Chambre des représentants par le parti républicain indique une forte progression. Je suis néanmoins tenté de dire que le recul sérieux des démocrates ne change pas grand-chose.

VOICI POURQUOI : les démocrates, de toute façon, n’avaient pas la majorité à la Chambre. En outre, au Sénat, l’opposition est si fanatique depuis six ans qu’elle a épuisé tous les moyens, constitutionnels ou non, pour empêcher les projets de loi de M. Obama d’être adoptés. En pratique, le président ne peut obtenir un aval du Congrès que s’il réunit la majorité des deux tiers, ce qui n’est prévu que dans les affaires de la plus haute importance. Quand, face à la procrastination des républicains, M. Obama faisait adopter un projet par executive order, l’opposition lui reprochait de ne pas l’avoir consultée et d’agir de manière « totalitaire »!

Une plus grande paralysie.

Assurément, la victoire des républicains annonce une paralysie encore plus grande du pouvoir législatif et confirme le déclin d’un président qui, quand il fut élu en 2008, souleva des espoirs peut-être trop vifs pour être satisfaits. Elle ne signifie pas pour autant que les républicains voient s’ouvrir devant eux une voie royale vers le pouvoir. Cette année, ils ont notamment bénéficié des re-découpages de circonscription décidés il y a quelque dix ans par une administration républicaine. Dans deux ans, on devrait assister au retour de la majorité d’il y a deux ans. En outre, si les démocrates peuvent avoir une idée de leurs candidats potentiels à la présidence, les républicains, déchirés entre conservatisme classique et Tea Party, ne savent pas du tout qui pourrait les représenter, ni le programme qu’ils souhaiteraient appliquer. Depuis six ans, ils ont tout fait pour éliminer M. Obama. Ils n’y sont pas parvenus en 2012, année de l’élection de M. Obama à un second mandat. Privés de leur mot d’ordre, ils n’ont pas su dire vers quels objectifs il fallait orienter les États-Unis.

Le déclin du Congrès.

En 2016, avec une majorité retrouvée, et un candidat ou une candidate dont la notoriété dépasserait les frontières des États-Unis, les démocrates pourraient bien reprendre le pouvoir. Car si l’apparente passivité, notamment en politique extérieure, de M. Obama, explique la chute de popularité dont il souffre, le Congrès, à cause des coups portés aux institutions par le Tea Party, souffre de la méfiance, pour ne pas dire de l’aversion,  des Américains. Ce sentiment populaire ne risque pas de diminuer avec un exécutif bloqué, d’autant que les républicains tournent en triomphe partisan leur « réussite », celle qui consiste à ne pas voter les lois, à ne pas engager les politiques capables d’accompagner la croissance, à empêcher toute dépense à caractère social, alors que les inégalités n’ont cessé d’augmenter.

Transformé en « lameduck president » (président canard boiteux), Barack Obama pourra néanmoins agir diplomatiquement, d’autant que le besoin s’en fera sentir tous les jours. Certes, la majorité sénatoriale sera en mesure de l’empêcher d’intervenir à l’étranger, mais elle ne le fera pas si elle partage son point de vue. Jusqu’à présent, les républicains s’opposaient à lui par principe. Il demeure que le courant interventionniste, incarné par John McCain, l’ancien adversaire d’Obama en 2008, est plus fort chez les élus républicains, que le courant isolationniste. Il ne cautionnera pas une politique des bras croisés. Pour terminer, je dirai que les Américains auraient pu avoir de la reconnaissance pour M. Obama  : il les a quand même sortis avec succès de la crise des subprimes. Aujourd’hui, la croissance est de 3 % et le taux de chômage inférieur à 6 %. Il est vrai toutefois qu’ils l’ont réélu en 2012, sans doute parce qu’ils se sont souvenus du redressement économique qu’il a réalisé. L’impression demeure aux États-Unis que la crise n’est pas complètement dissipée, qu’elle menace encore, que la croissance reste insuffisante. Pourtant, ce n’est pas avec les idées du Tea Party que les Américains deviendront plus prospères.

RICHARD LISCIA

 

 

 

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