Les Français ont compris

Contre vents et marées
(Photo S. Toubon)

Selon une enquête annuelle de l’Institut CSA, une majorité de Français souhaitent de multiples changements dans l’organisation de la société, aussi bien économiques et sociaux que politiques. Cela peut paraître surprenant dès lors que chaque nouvelle réforme proposée par le gouvernement est accueillie par un concert de protestations ou de manifestations. S’il se confirme que l’opinion est prête pour les changements, le gouvernement doit s’adresser directement à elle.

MANUEL VALLS a publié ce matin le calendrier de ses 155 réformes (excusez du peu), celles qui sont en route ou sont déjà appliquées et celles qui arrivent en 2015, par exemple la réforme des collèges et le projet de loi sur le dialogue social. Le Premier ministre ne craint pas de réaffirmer l’ensemble de son dessein face à une opposition encore plus vive à gauche qu’à droite. La campagne incessante menée par la gauche de la gauche contre les projets du gouvernement les fragilisent d’autant plus que le sentiment le plus répandu jusqu’à présent était que les Français ne souhaitent pas faire des sacrifices pour redresser les comptes du pays et améliorer le fonctionnement de ses institutions.

C’est tout le contraire.

L’enquête de CSA prouve le contraire. Quatre-vingt quatre pour cent des Français estiment qu’il faut réformer le pays en profondeur. Cependant, ils croient davantage au changement des personnels politiques et des institutions qu’aux réformes structurelles. Seulement 59 % ont image positive de la France, ce qui indique un certain degré de lucidité dans l’opinion et une forte majorité croit encore à l’interventionnisme de l’État (78 %). En outre, la plupart reste attachée au filet social (assurance-maladie et retraite par répartition), mais beaucoup ne sont pas hostiles à la réforme de la durée du travail et du travail dominical, ce qui démontre une forte évolution dans ce domaine.

Les résultats de cette enquête expliquent que le PS et le reste de la gauche aient perdu les douze élections législatives partielles qui ont eu lieu après celles de 2012,. Contrairement à ce qu’elle croit, l’extrême gauche, Verts compris, ne bénéficie pas de la crise et son action anti-gouvernementale ne lui profite guère. Elle n’est pas en mesure de remplacer les socialistes et, même si le Front national ne cesse de progresser, la droite et le centre apparaissent, pour le moment et par défaut, comme les deux formations capables de l’emporter lors des élections générales de 2017.

L’accent sur la com’.

En attendant, M. Valls, confronté à une bronca permanente des Verts et de l’extrême gauche qui l’affaiblit, a la possibilité de s’adresser directement à l’opinion pour faire passer ses réformes. Il s’y efforce en tentant de montrer que les déclarations à l’emporte pièce et les votes mitigés à l’Assemblée ne l’impressionnent pas. Sa stratégie, comme celle de François Hollande, consiste à multiplier les efforts de communication pour que l’opinion ait la preuve qu’il accomplit les changements structurels dont le pays a besoin afin de sortir de la stagnation. Pour réussir, il lui faut néanmoins un début de résultats dans la première moitié de 2015. La contre-offensive anti-réformiste a d’autant plus de chances de réussir que l’économie ne bougera pas.

RICHARD LISCIA

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3 réponses à Les Français ont compris

  1. Persoons dit :

    je suis PH à l’hôpital et âgé de 61 ans je suis passé de Charybde et Scylla , de la loi Ralite à la loi Touraine.Or regardons ceci:l’année 1981 est celle de l’arrivée de la gauche au pouvoir. Les médecins hospitaliers sont largement mobilisés contre Jacques Ralite, ministre communiste de la Santé, en raison des réformes projetées : suppression du clinicat, statut unique de médecin hospitalier avec grille de salaire unique, suppression des services remplacés par des départements où les responsables auraient été élus par l’ensemble des personnels médicaux et soignants.Les chefferies de service sont supprimées, mais les chefs de service en place le sont restés en étant payés comme tels.Le secteur privé des temps pleins est également supprimé, mais maintenu à titre transitoire jusqu’en 1986. Le 3 mars 1982, une grève nationale fait descendre tous les médecins hospitaliers dans la rue allant jusqu’à envahir le bureau de Jacques Ralite.  » http://www.snamhp.org/historique_4.php
    Surprenant, non ? 33 ans plus tard la loi Ralite a été réintroduite par petit paquets et le dispositif Touraine achève la soviétisation des hôpitaux français. Aujourd’hui, les hôpitaux publics sont devenus pires que la SNCF, et ce n’est pas peu dire. Il faut dégraisser toute cette idéologie malsaine et revenir à une médecine libre, déverrouillée et « normale ». À lire : « La médecine au coeur de la Nouvelle Economie » où je cite trois fois le Pr Bizard.

    • médecin de base dit :

      C’est exactement ça !
      Mais les énarques passent leur temps à faire du lobbying…
      Les médecins ont du mal à réaliser à quel point ils leur pourrissent la vie

  2. Oj dit :

    Le problème des sondages de ce genre est qu’ils sont conçus et réalisés à partir d’une intuition du moment et que en conséquence les questions posées ne sont pas celles que l’on aurait posées il y a quelques années, d’où l’absence de véritable référence. Que l’état d’esprit des Français ait changé, c’est probable. La classe politique, les économistes, les médias nous rabâchent à longueur de journée la nécessité de réformer. Que l’on soit tous d’accord sur le choix des réformes est loin d’être démontré. Il faudrait d’abord que l’on comprenne l’incidence de chacune, ce qui est bien difficile. Ensuite, il faudrait comme toujours qu’elles ne nous touchent pas trop personnellement, mais plutôt que l’on en tire un bénéfice, car l’effort collectif n’est possible dans notre pays qu’en situation de conflit. Ce qu’il faut donc principalement, c’est la confiance. M. Macron l’inspire-t-il ? Là est la question. Il a le privilège d’une certaine jeunesse, qui peut rappeler celle M. Juppé en son temps, mais que certains s’emploient à relativiser en mettant en avant son parcours de financier. Il est tout de même heureux qu’il y connaisse quelque chose. Reste à savoir si les perspectives électorales ne vont pas contrecarrer cette dynamique par les manœuvres politiques de gauche comme de droite qu’elles occasionnent et qui sont totalement insensibles à l’intérêt du pays. Un signe positif serait que l’opposition accepte de soutenir de temps en temps l’action gouvernementale lorsqu’elle va dans la bon sens, plutôt que de s’abstenir stupidement. Elle y gagnerait en crédibilité aux yeux du citoyen de base qui aurait alors, peut-être, l’impression que, dans la situation qui est celle de notre pays, on peut encore espérer.

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