LA DÉROUTE de la gauche n’est pas du tout un phénomène conjoncturel. Elle traduit en chiffres ses divisions, ses échecs de gestion, l’inadaptation de ses méthodes à un monde chamboulé. Les efforts de François Hollande pour passer outre la vague du mécontentement semblent vains. Manuel Valls, réformateur intéressant, est devenu à lui seul une pomme de discorde et la défaite de la gauche ne la conduit nullement à se ressaisir. On ne voit pas comment de ce chaos pourraient émerger une baisse du chômage ou une reprise de l’économie. Pas besoin d’être devin pour penser que la gauche est condamnée et qu’elle a fait à peu près tout ce qu’il fallait pour transformer en bérézina sa victoire de 2012. Elle porte en outre la responsabilité d’avoir accéléré l’ascension du Front.
Des chances réelles.
Sur le papier, les chances de la droite de reconquérir tous les instruments du pouvoir, mairies, départements, puis régions et Élysée sont immenses. Pour échouer, il faudra qu’elle y mette du sien. Elle va vers 2017 en roue libre. Mais le Front national compte bien lui faire barrage. Marine Le Pen constate qu’elle a beaucoup contribué à la destruction de la gauche mais qu’elle ne supplante guère l’UMP, ce qui était son objectif de départ. Elle ne représente pas encore le « premier parti de France », mais elle ne désespère nullement de le devenir dans les deux ans, ce qui, à terme, ferait de l’UMP et du centre des mouvements d’opposition. L’ennemi numéro un du Front, c’est le système institutionnel de la Vè République. Il appartient donc à l’UMP d’utiliser l’avantage que lui apportent le scrutin majoritaire à deux tours et sa très bonne implantation dans les territoires. Les régionales, qui reposent sur le scrutin proportionnel, permettront au FN de conquérir pour la première fois quelques régions. La bataille au finish, celle qui peut donner un coup d’arrêt au Front, c’est la présidentielle.
Juppé et Fillon distancés.
Nicolas Sarkozy a adopté la bonne stratégie en s’alliant à l’UDI et au MoDem. Il est désormais guéri de l’influence de Patrick Buisson, son ex-âme damnée, qui lui conseillait de marcher sur les plates-bandes du FN. Il veut former un vaste mouvement de centre-droit qui asphyxierait la gauche s’il ne fait pas reculer le FN de quelque dix points. L’ancien président a toutes les qualités requises du leader charismatique pour mener une bataille particulièrement impitoyable, car les manières du Front sont celles de l’injure et du dénigrement. Il vient de se détacher du peloton de tête qu’il forme avec Alain Juppé et François Fillon. Le maire de Bordeaux semble manquer de l’envie irrésistible d’en découdre sans laquelle on ne peut briguer la magistrature suprême. Quant à l’ancien Premier ministre, seul face à M. Sarkozy, il ne fera sans doute pas le poids lors de la primaire qui devrait avoir lieu en novembre 2017.
Cependant, il faut à M. Sarkozy un programme à toute épreuve. Il faut aussi qu’il soit enfin libéré des menaces judiciaires qui pèsent sur lui. Les départementales lui ont apporté une réserve d’énergie énorme, mais il n’est pas à l’abri de la convocation d’un juge. Il court donc sur un chemin tout tracé mais où les deux grands obstacles sont le FN et la justice.
RICHARD LISCIA
Je n’arrive pas à imaginer que Nicolas Sarkozy parvienne à sortir indemne de la scandaleuse affaire Bygmalion et du détournement de plusieurs millions d’euros pour le financement de sa campagne. Si la justice fait son travail, ce serait alors à Alain Juppé ou à François Fillon de prendre la tête de la droite pour renvoyer la gauche à ses chères études.
Entièrement d’accord avec vous sauf pour François Fillon (mais ça, je vous l’avais déjà dit).
Si la droite a gagné dimanche dernier c’est à cause de la gestion calamiteuse de nos gouvernants et non grâce à Nicolas Sarkozy. Si ce dernier remporte les primaires de Novembre 2016 il perdra à la présidentielle de 2017, il est toujours le même : trop clivant. C’est le meilleur adversaire pour François Hollande.