Racisme : un plan Valls

Valls, ce matin (Photo AFP)

Valls, ce matin
(Photo AFP)

Manuel Valls s’est rendu ce matin à Créteil où il a présenté un plan, financé à hauteur de 100 millions en trois ans, pour lutter contre le racisme et l’antisémitisme. Ce plan comporte une quarantaine de mesures dans les champs judiciaire, numérique et éducatif qui font du racisme et de l’antisémitisme une circonstance aggravante pour tous les crimes et délits.

IL SERAIT malencontreux de disputer au Premier ministre sa détermination dans la lutte contre l’intolérance sous toutes ses formes. Contre l’antisémitisme notamment, il a affiché des positions extrêmement fermes dont, certains, moins sensibles que lui au sujet, ont dénoncé la vigueur, sans doute parce qu’ils ne mesurent pas la gravité du danger. J’ajoute qu’il est bon que le gouvernement ne reste pas inerte devant un problème qui ne semble pas soulever chez la Garde des sceaux, pour prendre un exemple, une indignation trop vive. Ces mesures officielles sont les bienvenues, d’autant que la gauche, à cause du conflit israélo-palestinien, semble plus encline à dénoncer le racisme anti-musulman que le racisme anti-juif.

Commentaires ignobles.

Car il faut bien que ces choses soient dites, même si elles se situent en dehors du langage politiquement correct. Les Français juifs subissent aujourd’hui deux formes concurrentes de l’antisémitisme : celui de l’extrême droite, qui augmente à mesure qu’elle se renforce, et celui d’un certain nombre de musulmans, auteurs des agressions contre les juifs. À quoi s’ajoute la dérive djihadiste qui augmente l’insécurité de tous les Français, sans distinction de race ou de religion. La gravité du phénomène réside dans le fait que les pires exactions, celles commises par Mohamed Merah, les frères Kouachi ou Amedy Coulibaly, loin de soulever une indignation unanime, sont saluées sur les réseaux sociaux par des commentaires ignobles et, dans la vie de tous les jours, par des conduites infâmes.

Voilà pourquoi la tâche du gouvernement est compliquée. Il y a une très vive recrudescence des actes anti-musulmans et il y a, parallèlement, un doublement des actes antisémites de toute nature. Il est donc difficile, pour les autorités, de protéger les Français musulmans tout en pourchassant ceux d’entre eux qui se mettent hors la loi. De la même manière, il lui est difficile de dire aux Français juifs qu’il se préoccupe de leur sort, mais pas seulement, et qu’il lui faut aussi s’inquiéter des soucis de la communauté musulmane où l’on trouve, hélas, des éléments néo-antisémites. Certes, les Français juifs, et surtout ceux qui les représentent, s’efforcent de ne pas faire l’amalgame et d’établir une distinction entre une majorité de musulmans respectueux de la loi et les autres. Malheureusement, personne ne peut empêcher la progression du ressentiment tant que les agressions se poursuivent. Soyons réalistes : il y a peu de chances que ce qui oppose citoyens juifs et citoyens musulmans disparaisse dans les mois ou les années qui viennent. Et ce sont les dures réalités du présent qui dominent, avec des conséquences infiniment regrettables, par exemple le départ définitif vers des horizons meilleurs d’un nombre chaque année plus élevé de Français juifs.

Une seule stratégie.

Contre ce désordre spécifique, l’État reste bien impuissant, qui tente désespérément d’inclure dans la même stratégie des situations bien différentes : protéger les Français musulmans tout en luttant contre l’exil des djihadistes vers le Proche-Orient où ils vont combattre, en prenant des dispositions contre la progression de l’idéologie totalitaire que véhicule un État islamique exerçant tant d’attrait sur un nombre croissant de jeunes musulmans, en expliquant à une jeunesse musulmane révoltée qu’elle ne doit pas s’en prendre aux citoyens juifs. Et tout en disant aux juifs, dont la liberté formelle est clairement remise en question, qu’ils ne trouveront pas meilleur protecteur que cette bonne, vieille et chère République que les racistes et antisémites défigurent.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Racisme : un plan Valls

  1. LE ROY DE PRESALE dit :

    Bonjour à ceux qui me liront,
    J’aimerais commenter le Plan Valls et la nouvelle de M.Liscia en tant que « français de souche » (l’expression n’est pas de moi) qui ressent comme tant d’autres une lassitude à propos d’un nouveau plan anti-raciste, comme si tout ce qui a précédé était insignifiant. Pourtant, il existe la loi Gayssot, la HALDE, le devoir de Mémoire qui est présent dans le secondaire qui me semble largement suffisant pour évoquer ce drame. Je constate qu’au fil des gouvernement, il existe une compétition à qui sera le plus anti-raciste, de gauche, comme de droite. Je ne comprends pas non plus qu’on fasse une différence entre racisme et anti-sémitisme, puisqu’il s’agit de la même chose qui touche les mêmes gens; pourquoi faire aussi une différence entre les Français: pourquoi dire Français Juifs et Français Musulmans? On ne dit pas Français Portugais, ou Français Breton…. Les « Français de souche » se sentent alors culpabilisés, mais de quoi? Si je me rapproche de l’extrême-droite, ce n’est pas que je suis automatiquement raciste, anti-sémite, homophobe, nazi… mais c’est parce que les politiciens de droite comme de gauche m’ont déçu et, à mon avis personnel, ont mené une politique de perdition économique et pleins d’autres choses que je leur reproche, simplement pour ces raisons et non pas par sentiment d’ostracisme; alors pourquoi faire un amalgame systématique entre « extrême » droite et racisme? La nième lutte anti-raciste que représente Monsieur Valls risque de transformer cette lassitude en colère, c’est ce que commente la Dépêche du Midi (sous réserve d’exactitude), car il est vraiment pénible d’entendre en permanence (Même Madonna critique les Français, même Madonna!) que les français nonJuifs, nonMusulmans sont racistes et anti-sémites et surtout ceux qui, lassés du ping-pong gauche-droite, ont envie de voter pour Marine Le Pen. François Mitterrand, déjà, tout en continuant à fréquenter René Bousquet, voulait « réconcilier les Français », mais de quoi? Dans les années 70-80, ces problèmes se résumaient à des faits divers, rares heureusement, et très peu révélateurs, on ne se montraient pas racistes, on avait digérer l’Algérie, on louait la Résistance, on évoquait toujours les drames des guerres, mais tous les Français s’entendaient bien et se querellaient sur la politique politicienne de la lutte des classes, un peu comme les Palestiniens et les Israëliens aux terrasses des cafés de la Terre Promise dans les années 60. C’est à partir de l’alternance politique que l’on a mis en exergue le racisme et cette compétition à celui qui luttera le mieux contre le racisme, activée en cela par les propos stupides et indécents du père Le Pen à l’époque (et encore récemment).
    J’aurais préféré que ce plan de 100 millions d’euros profite à améliorer le travail des Jeunes, où à lutter contre la misère des banlieues : c’est à ce sujet que naît le racisme, la xénophobie. Ce n’est pas en bourrant le crâne des enfants que le racisme est une plaie qu’on arrive à les influencer complètement : cela provoquera immanquablement une réaction , pas complète, mais existante. Et puis, moi, j’appelle cela de la propagande, quand çà se passe comme çà, et on a vu au siècle dernier ce que peut faire la propagande, surtout quand l’état s’en mêle et comme Monsieur Valls veut « surveiller » Internet, il obtiendra exactement le contraire de ce qu’il souhaite. Le Peuple Français a manifesté après le drame de Charlie Hebdo et de l’Hypercacher pour la liberté d’expression et de culte, alors pourquoi empêcher la liberté d’expression? Les Français sont capable de discerner les arguments objectifs des propos injurieux ou haineux, on n’a pas besoin d’une NSA à la française. Je remarque aussi qu’à force d’élever des individus les uns contre les autres, en jugeant que l’un est agresseur et l’autre victime et réciproquement, on crée une animosité qui évolue en haine, puis en conflit. On a raté le XXI ème siècle, dès lors qu’un pape (je crois) a dit que « le XXIème siècle sera religieux on ne sera pas », et bien on arrive en pleine décadence: nous assistons, partout, à des Guerres de Religions, finalement, alors que ces religions devaient offrir l’Amour du Prochain, si l’on sait lire entre les lignes. En France, on monte les Français contre eux-mêmes : il y a les  » de souche » les Juifs, les Musulmans, en les obligeant à se tolérer mutuellement, alors qu’ils s’entendaient bien « avant », en les obligeant aussi à tolérer les nouveaux-venus, qui étaient invités à s’insérer, avant, et qui ne trouvent qu’à s’imposer, voyant que les politiciens les poussent à cela. Bof, tout cela est triste, cela m’a enlever toute foi, et susciter mon sentiment de naïveté en mon « Humanisme primaire » qui animait ma vocation professionnelle. Sans rancune….

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