Najat dans la fosse aux lions

La jeune ministre sait se défendre (Photo AFP)

La jeune ministre sait se défendre
(Photo AFP)

On n’est jamais à court d’une polémique en France (il y en a au moins une par jour) : au débat multi-tendances sur la réforme du collège s’en est ajouté un autre, beaucoup moins noble, sur la personne même de la ministre de l’Éducation, qui défend cette réforme. La gauche a jugé abusives les attaques dont Najat Vallaud-Belkacem a fait l’objet, allant même jusqu’à dire que la droite fait preuve en l’occurrence de xénophobie.

IL EST INCONTESTABLE que les commentaires de la droite n’étaient pas piqués des vers. Quant à voir dans des propos tenus par Nicolas Sarkozy, comme l’a fait le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, une forme suspecte d’intolérance, n’est-ce pas aller un peu loin et envenimer une discussion qui, pourtant, est utile, dès lors qu’elle porte sur l’avenir même de la jeunesse ? Les socialistes estiment que trois membres du gouvernement au moins, Christiane Taubira, Najat Vallaud-Belkacem et Marisol Touraine, toutes trois associées à d’importantes réformes, sont dans le viseur de la droite qui utiliserait, pour les combattre, les pires arguments sexistes ou hostiles aux minorités.

Paroxysme idéologique.

Il me semble que, en dramatisant la polémique de la sorte, la majorité instille un poison dans une discussion qui se suffit à elle-même et n’a pas besoin d’être portée à une sorte de paroxysme idéologique, toujours avec cette condescendance de la gauche : les bons, c’est nous, les méchants, c’est eux. Même si on a entendu des mots que la droite n’aurait pas dû prononcer, l’idée de transformer en martyrs des ministres qui savent très bien se défendre tout seuls et devraient accorder assez d’importance au travail qu’ils accomplissent pour ne pas faire déraper le débat dans un marécage, aboutit à l’inverse de l’effet recherché. Que je sache, Mme Taubira ou Mme Vallaud-Belkacem ne sont pas de fraîches colombes que terrifierait le combat politique. On peut même dire de la première qu’elle affiche souvent un mépris souverain pour la critique et ne fait jamais son mea culpa. Si on l’agresse verbalement, elle dispose, pour riposter, d’une artillerie rhétorique impressionnante.

Grande ou médiocre ?

Najat Vallaud-Blekacem projette d’elle-même une image d’une grande douceur et évolue, dans cet univers impitoyable qu’est la politique, avec une grâce très séduisante. Elle n’est pas désarmée pour autant et jusqu’à ce qu’elle ait décidé (aujourd’hui) de soumettre le contenu de sa réforme à un organisme indépendant, elle n’a jamais fait mine de reculer. Elle a même reçu le soutien inconditionnel de Manuel Valls, qui voit en elle une « grande » ministre de l’Éducation. D’une façon générale, les critiques de M. Sarkozy et de Bruno Le Maire portaient sur le fond. Le premier, loin de concourir aux éloges du Premier ministre, a accusé, il est vrai, Mme Vallaud-Belkacem de « médiocrité », ce qui est un jugement que l’on peut porter sur à peu près tout le monde, y compris l’ancien président. C’est regrettable. En revanche, déceler un soupçon de dénigrement raciste chez lui, c’est faire un procès parfaitement injuste à un homme qui a nommé dans son premier gouvernement plusieurs femmes, l’une d’elle étant noire et deux autres musulmanes.

Non seulement il est consternant que le débat sur le fond ait dévié vers le superficiel ou l’injuste, mais on se demande à quoi servent de tels artifices polémiques qui jettent, une fois encore, une lumière crue sur le comportement excessif de la classe politique. On devine qu’il y a des raisons purement électorales à cette ambiance tendue et mortifère et que chacun se place en accusant l’autre d’être un monstre. La seule question qui vaille porte sur la réforme du collège : ou bien elle est bonne, ou bien elle ne l’est pas. Permettez qu’on y réfléchisse sans avoir besoin pour autant de s’adresser des invectives.

RICHARD LISCIA

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6 réponses à Najat dans la fosse aux lions

  1. boussemart christian dit :

    Que Najat Vallaud-Belkacem soit soutenue par Manuel Valls, quoi de plus normal ? Que Mme Taubira la soutienne aussi, c’est évident. Quant aux propos de Roselyne Bachelot, qui vole à chaque occasion au secours de ces trois ministres femmes socialistes, rien ne peut plus nous étonner venant d’elle. Je vous parie que, si la droite revient aux affaires, Mme Bachelot sera à nouveau ministre ou nommée à un poste bien payé. On aura oublié tout ce qu’elle a pu dire à Sarkozy ou à ses ex-copains de l’UMP. Nous n’avons pas de séisme de force 7,5, mais, avec les lois que ce gouvernement nous pond, c’est notre société qui est détruite. Loi Macron et Taubira, loi Touraine sur la santé, étatisation de la santé, fonctionnarisation des médecins, médecine à deux vitesses, et, cerise sur le gâteau, la réforme de Belkacem.

  2. grillon dit :

    Elle mérite bien.
    Je ne ferai pas de commentaires, ils sont inutiles.
    Destruction totale de la culture voire de la société actuelle, je crois que c’est le but.
    Or la culture est ce qui nous permet de survivre quand tout va mal.
    Culture ne voulant pas dire d’ailleurs forcément diplômes.
    Dans les catastrophes, ceux qui survivent sont souvent ceux qui on une culture, une éthique, une tradition familiale…
    On tente de nous ôter tout cela
    En principe, à la porte !
    Malheureusement, pour moi, la france (f minuscule volontaire) n’est plus une démocratie, mais un pays où une poignée de politiciens à la fois dogmatiques et démagogues tentent une révolution par voie législative et insidieuse pour des électeurs qui n’en veulent pas.
    C’est bien pour cela, je pense, qu’en période électorale, il n’y a plus de débat. Les programmes seraient violés sitôt les urnes refermées.
    La solution ? Aucune. Ne pas voter, c’est laisser faire, voter aboutit à l’impuissance.
    La seule semble être, une contre-révolution violente.
    Puisque la voie réglementaire, démocratique et non violente est bafouée tous les jours.

  3. Delteil christian dit :

    Ne pas voter? Non. Au contraire. Voter à droite toute pour que l’on abroge vite fait ces lois scélérates, dogmatiques, destructrices.

  4. JMB dit :

    En français, il est d’usage de dénommer une femme mariée par son nom d’épouse, complétée éventuellement par son nom de jeune fille. Des exceptions se rencontrent notamment dans les milieux artistiques lorsque des femmes ont acquis une notoriété sous un nom différent.
    Qualifier la ministre de l’Éducation nationale de son nom de jeune fille d’origine étrangère est hautement significatif. Mais chasser le naturel il revient au galop.

  5. JMB dit :

    Les ministres de l’Éducation nationale, comme les enseignants, ne sont pas en dehors de la société dans laquelle ils vivent.
    En particulier, il y a plusieurs décennies que le philosophe Günther Anders a distingué le temps avant et après la télévision. Celle-ci est omniprésente comme “pratique culturelle” dans les classes modestes, son importance est faible dans les classes aisées. Ainsi, le foyer d’un (récent) professeur du Collège de France, fils de polytechnicien, ne disposait pas de la télévision. Les lectures furent le socle de son goût pour l’histoire.
    Ce média privilégie les résultats sportifs, et suggère implicitement que les membres des classes populaires devraient d’abord ambitionner de devenir sportifs professionnels. L’évaluation est valorisée quand il s’agit de sport, discriminante quand il s’agit d’études. La segmentation en divisions est jugée licite quand il s’agit de sport, discriminante quand il s’agit de classes scolaires. L’effort est louable quand il s’agit de sport (“se faire mal”), repoussoir quand il s’agit d’études ou de culture.
    Au cours des dionysies, les Athéniens votaient pour les pièces qui leur étaient présentées, et ont distingué Eschyle, Sophocle, Euripide. Nos contemporains se voient proposer à la télévision de voter pour le Loft, Star Academy, etc… On mesure le progrès accompli.
    Valéry Larbaud souhaitait une société aristocratique pour tous, celle où par exemple Mme de Lafayette serait plus considérée que Marc Lévy. Mais dans notre société consumériste, c’est le contraire qui se produit.

  6. clovis dit :

    Raclée mediatique meritée : celle qui traite de pseudo-intellectuels des sommités avérées dans leur domaine est une pseudo-ministre, manque de culture et de discernement, incompétente pour traiter de programme et de reforme, qui veut détruire la culture française et préfère un nivellement par le bas pour nos enfants.
    De surcroit, elle est très imbue de sa personne pour quelqu’un d’expérience très limitée pour ne pas dire nulle.

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