Républicains : le parti et l’opinion

Partie difficile pour Juppé (Photo S. Toubon)

Partie difficile pour Juppé
(Photo S. Toubon)

« Il a le parti, j’ai l’opinion ». En huit mots, Alain Juppé a fort bien résumé la situation politique telle qu’elle a été établie à droite par le congrès des Républicains, nouveau nom de l’UMP. La question, aujourd’hui, porte sur la capacité de la droite à franchir les étapes qui jalonnent son parcours jusqu’à l’élection présidentielle de 2017 et si, en décidant de procéder à une primaire, elle ne risque pas d’exploser.

L’UNITÉ des Républicains n’est qu’apparente. Le parti est furieusement sarkozyste et ses militants n’ont pas hésité, une fois encore, à huer et siffler Alain Juppé lorsqu’il est monté à la tribune. On retrouvera cette passion pour l’ancien président, assortie du rejet des autres candidats à l’investiture, dans le vote des primaires. M. Juppé, et M. Fillon, s’il a encore une chance de l’emporter, ce que n’indiquent pas les sondages, ne peuvent compter que sur l’élargissement de la primaire au centre pour maintenir leur candidature. Cette primaire élargie a été acceptée par Nicolas Sarkozy dans le cadre d’un aggiornamento au nom duquel il a changé ses manières, même s’il n’est pas allé jusqu’à empêcher les sifflets contre M. Juppé, a donné des gages pour que le rassemblement du parti soit assuré, et semble avoir réussi la refondation du mouvement.

Du temps au temps.

Fort du travail qu’il a accompli à ce jour, il ne semble pas douter de sa victoire à la primaire, pas plus qu’il ne craint son adversaire à la présidentielle, quel qu’il soit. Il a fort bien expliqué, dimanche soir sur France 2, qu’il ne peut pas annoncer tout de suite son programme de gouvernement, que ce programme ne peut être que celui de l’homme qui aura remporté la primaire et que, en quelque sorte, il faut donner du temps au temps. On veut bien le croire, et, dans la même pensée, on mesure la tâche écrasante qu’il lui faut accomplir : il a choisi la voie démocratique, mais il ne serait pas malheureux que ses deux principaux adversaires finissent par se désister, par manque d’argent ou de soutiens. Ils ont tous deux juré de se maintenir quoi qu’il leur en coûte, de sorte qu’il faudra bien que le combattant Nicolas Sarkozy laisse apparaître sa vraie nature, qui n’est pas tendre. En 2012, la primaire du PS, qui s’est déroulée dans d’excellentes conditions, a tout de même creusé des sillons dans la chair du parti et, au moment de gouverner, la gauche a trouvé les frondeurs, Martine Aubry, des ministres qui se battaient contre le président et le Premier ministre, une surenchère des Verts et de l’extrême gauche qui ont beaucoup contribué au délitement du pouvoir.

Juppé : pas sans le centre.

On ne voit pas pourquoi les Républicains ne reproduiraient pas le même schéma. Quand M. Juppé dit qu’il a l’opinion avec lui, il indique qu’il est le meilleur candidat de la droite à l’élection présidentielle. Quand il dit que M. Sarkozy a le parti avec lui, il montre que, élu triomphalement à la primaire, M. Sarkozy risque de faire une piètre performance lors de la présidentielle. Non seulement M. Sarkozy ne renoncera pas à la légitimité que lui confère son statut d’ancien président, non seulement il dispose de forces considérables au sein de l’ex-UMP, mais il n’a consenti à passer par les fourches Caudines de ses adversaires que pour reprendre le parti en main et s’assurer ainsi une base logistique puissante dans la perspective de la présidentielle.
M. Juppé voit bien que, dans la course, M. Sarkozy a quelques longueurs d’avance et, s’il veut garder un espoir, il faudra bien qu’il malmène ce noyau dur de militants qui lui barre la route et ne se résignera d’ailleurs pas facilement à une primaire élargie. Il sait qu’il échouera à la primaire si le ces centristes ne votent pas massivement pour lui. Il doit inlassablement répéter ce qu’il a dit dimanche : il ratissera plus large que M. Sarkozy. S’il n’est pas le meilleur candidat pour la primaire, il est le mieux placé pour la présidentielle.

RICHARD LISCIA

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2 réponses à Républicains : le parti et l’opinion

  1. CHEYRE dit :

    Je ne veux plus voter pour Juppé, qui n’est pas capable de se dresser contre l’envahisseur islamique,

  2. Beaumont Sylvie. dit :

    Attention Mesdames et Messieurs, les esclavagistes reviennent, ça va faire mal !

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