Femmes au pouvoir

La reine Letizia et Mme Royal (Photo AFP)

La reine Letizia et Mme Royal
(Photo AFP)

La féminisation de la classe politique est un principe irréversible que François Hollande, depuis le début de son mandat, a mis en vigueur en produisant de bons résultats. Il ne faut pas en conclure que la présence de plus en plus nombreuse des femmes au sein du gouvernement ou du Parlement et des autres assemblées doit inévitablement apporter une pacification de la vie politique ou une amélioration de la gestion. Le principe est d’autant plus sacré qu’il ne sera pas lié à un mythique rôle de la femme que rien ne prouve et dont elle n’a pas besoin pour faire reconnaître ses droits.

BEAUCOUP d’hommes politiques n’ont pas encore assimilé l’idée que les femmes, en accédant à tous les postes offerts par la République, ne bénéficient d’aucun privilège. Beaucoup continuent de croire qu’il y aurait des comportements, des jugements, des postures liés à la féminité et contre lesquels la masculinité nous protègerait collectivement. Les plus célèbres de nos femmes politiques, de Cécile Duflot à Martine Aubry, de Nathalie Kosciusko-Morizet à Ségolène Royal, d’Anne Hidalgo à Nadine Morano font l’objet de remarques sexistes, comme si la société n’avait encore rien appris et qu’il fallait lui imposer la parité par la loi, c’est-à-dire par des moyens démocratiques mais coercitifs, et comme si tous les hommes ne s’étaient pas rendus à l’évidence, à savoir qu’une femme vaut un homme.

Le coup de la pastille.

J’en viens aujourd’hui à ce sujet parce que, bien qu’ils s’en défendent, les hommes politiques déversent en ce moment sur Ségolène Royal et sur Nathalie Kosciusko-Morizet des tombereaux de critiques. L’ancienne candidate à la présidence de la République n’a jamais été aussi à l’aise, semble-t-il, que dans son rôle de ministre de l’Écologie, n’a jamais fait l’objet d’autant d’articles ou d’interviews, n’a jamais produit autant d’effets d’annonce. À noter que, pour être femme, elle sait aussi s’opposer aux femmes et compliquer la vie d’Anne Hidalgo ou de Cécile Duflot en répétant partout que l’écologie ne doit pas être punitive et en proposant diverses mesures, par exemple pour Paris, où elle vient de réinventer la pastille anti-pollution pour les automobiles, après avoir empêché Mme Hidalgo d’instaurer la circulation alternée.
Mais Mme Royal qui, comme chacun sait, n’a pas froid aux yeux, sait aussi se dresser contre un homme expérimenté tel que Laurent Fabius dont elle vient de critiquer, dans un entretien avec « le Monde », la gestion de la COP 21, le sommet environnemental qui aura lieu à la fin de l’année à Paris et dont François Hollande veut faire un des points forts de son mandat. D’aucuns voient dans ces diverses initiatives l’incorrigible liberté d’une femme qui refuserait de se soumettre aux précautions valables pour tout membre du gouvernement. En réalité, la seule question qui se pose est de savoir si Ségolène Royal a raison ou a tort et si le chemin adopté par la France en direction de la COP 21 est le bon. Ce qui n’a rien à voir avec le sexe de Mme Royal.

Connivence avec Hollande.

On lui reproche aussi de jouer, grâce à une connivence retrouvée avec le président de la République, un rôle plus important que celui qui lui a été attribué, au point qu’elle ne tiendrait aucun compte de l’autorité conférée à Manuel Valls. Pourtant, si elle dépasse les bornes fixées par ses compétences ministérielles, il appartient à M. Hollande de la ramener à la raison. C’est à lui en tout cas de lui rappeler que son statut de femme et, surtout, d’ancienne compagne, n’est pas censé lui accorder un surcroît de pouvoir. Il fait juste le contraire puisqu’il a trouvé logique de l’associer à la visite officielle du roi Felipe d’Espagne, venu avec son épouse, de sorte que Ségolène Royal a acquis aussitôt la fonction de première dame.
Quant à NKM, elle a réussi à garder ses fonctions au sein des Républicains, mais a été privée du projet politique, confié à Éric Woerth. Les gazettes racontent qu’elle agace prodigieusement Nicolas Sarkozy, d’autant qu’elle a toujours l’intention de présenter sa candidature à la primaire. Là encore, les hommes de droite dénoncent son caractère fantasque, qu’ils sont prompts à attribuer à sa beauté, à son look, à sa féminité, alors que personne ne juge bizarre que Bruno Le Maire ou Xavier Bertrand soient candidats eux aussi à la primaire. Si l’ancien président, qui a souvent joué la carte féminine et ne cesse d’approuver la parité, ne donne pas toute sa confiance à NKM, ce n’est pas parce qu’elle est une femme, mais parce qu’elle lui fait de l’ombre, nuisance que des hommes lui font subir tout autant que Mme Kosciusko-Morizet.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Femmes au pouvoir

  1. Ces articles sont passionnants ! Je les ai vraiment aimés?

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