La pollution a bon dos

Le Sacré-Coeur à Paris en février dernier (Photo AFP)

Le Sacré-Coeur à Paris en février dernier
(Photo AFP)

Une commission sénatoriale présidée par Jean-François Husson (les Républicains), a rendu public un rapport évaluant à plus de 100 milliards d’euros les dégâts causés par la pollution à la qualité de l’air. Autrement dit, la mauvaise qualité de l’environnement aurait des conséquences néfastes non seulement sur le plan sanitaire mais aussi sur le plan économique.
LA NÉCESSITÉ où je me trouve de me cantonner au politiquement correct et d’exprimer mon respect pour le Sénat me contraint à accueillir le rapport de la commission avec le plus grand sérieux, d’y trouver d’importants éléments d’information et de poser la question existentielle qui nous taraude tous : tout ira de plus en plus mal si nous ne prenons pas notre destin en main et ne luttons pas efficacement, en y mettant les moyens, pour améliorer la qualité de l’air. Je ne suis pas de ceux qui ignorent les appels au civisme, qui négligent les ravages dus à la pollution et qui préconisent, dans ce domaine, une coupable indifférence. Mais ce qu’il me reste d’esprit frondeur me suggère un minimum de scepticisme quant au nombre avancé par les sénateurs. Je veux bien qu’on entretienne par tous les moyens l’esprit écologiste, mais je crains que, en procédant de manière systématique et en cherchant à chiffrer les effets de la pollution, on en arrive à établir des équations insolubles.

Même le tout-électrique pollue.

Par exemple : les auteurs du rapport estiment à 45 000 le nombre de décès prématurés chaque année induits par les maladies liées à la pollution, bronchites, infarctus, asthme, cancers, AVC… Comment ne pas se demander si un asthme et, a fortiori, un infarctus ne sont pas dus à une autre cause que la pollution et comment les sénateurs ont-ils réussi le tour de force de séparer les maladies provoquées par un dysfonctionnement de l’organisme ou par l’âge de ceux qui seraient déclenchés par l’environnement ? Le plus paradoxal, dans cette étude, c’est le constat que les agriculteurs, grands pollueurs devant l’éternel, souffrent économiquement des dégâts qu’ils causent eux-mêmes à l’environnement. Alors, que doivent-ils faire ? J’admets qu’on doit les encourager à adopter un mode de culture respectant l’écologie. Mais est-il possible de planter des choux ou un vignoble sans protéger les semis par un minimum de produits chimiques ? Est-il possible de construire une automobile sans porter atteinte à l’environnement ? De la conduire sans polluer, même avec un moteur à essence ? Est-il possible de se convertir au tout-électrique sans fabriquer des batteries qui, elles-mêmes, exigent de l’énergie pour être produites et deviennent indestructibles quand il s’agit de s’en défaire ?

Produire, c’est polluer.

En d’autres termes, on peut, si on veut, chiffrer à 100 milliards les dommages causés à la qualité de l’air, mais on ne supprimera pas cette perte sans réduire la production de plusieurs centaines de milliards. On peut aussi établir un lien scientifique entre des maladies et la mauvaise qualité de l’air, mais personne ne nous explique pourquoi l’espérance de vie continue d’augmenter en France. On nous présente comme un enfer l’état d’une société qui, malgré la crise, n’a jamais été aussi vaillante. La leçon est que, même si nous prenons (enfin) des mesures draconiennes pour rendre plus respirable notre atmosphère, nous ne récupérerons jamais ces fameux cent milliards, dont la perte, supposée ou réelle, est l’avatar d’une production de plus de 2 000 milliards par an. On nous promet monts et merveilles avec une économie écologisée qui créerait des emplois inconnus à ce jour et contribuerait au produit intérieur brut. Pour ma part, je constate que le mot d’ordre est de réduire le chômage, et que, si on met la production aux normes environnementales, il est probable que, pour commencer, nous perdrons encore des emplois. Quel gouvernement accepterait ce genre de solution ?

RICHARD LISCIA

Ce contenu a été publié dans Non classé. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

3 réponses à La pollution a bon dos

  1. Num dit :

    Enfin ! Je pense comme vous et suis heureux de lire pour la première fois quelqu’un remettant en question la pertinence d’une telle étude.
    Cette étude est insignifiante, bâclée, partielle et partiale et n’a aucune valeur scientifique. On veut juste marquer les esprits avec des chiffres symboliques. 100 milliards ?!
    Votre dernier paragraphe est tout à fait juste: jusqu’à preuve du contraire, malgré l’apocalypse qu’on nous promet, l’espérance de vie continue de monter.

  2. Dr Jérôme Lefrançois dit :

    C’est bien dommage que vous vous laissiez polluer par le « politiquement correct », et par ce qui sert les lobbies industriels, en faisant partie des « négationnistes » de l’urgence à changer les comportements humains pour la sauvegarde de la planète qui nous fait vivre, et, en fin de compte, la sauvegarde de l’espèce humaine.
    Et là, je suis en vrai désaccord avec vous : aucun raisonnement économico-financier ne doit surpasser la nécessité pour la société du fric et des marchands dans laquelle nous vivons de changer ses comportements, de gré ou de force.
    L’urgence est vitale pour la survie des humains (qu’il s’agisse de la pollution des océans, du réchauffement climatique, de l’agriculture industrielle, etc….), car nous allons, à très brève échéance vivre de tels bouleversements, climatiques, météorologiques, ou liés à la pollution atmosphérique, par exemple, qu’ils vont engendrer (et c’est commencé) des mouvements de population (les raisons politiques n’en sont que des déclencheurs ou des prétextes) et des conflits majeurs.
    C’est donc la première urgence, et à l’échelon mondial.
    Ce qui n’empêche pas du réalisme et du pragmatisme; par exemple, la France a, avec son industrie nucléaire, une énergie à relativement bon marché, et sécurisée (si les conditions drastiques de sécurité ne sont pas mises à mal par des comportements d’amélioration de rentabilité à tout prix)…Et, le problème, en France, c’est que, comme disait Coluche, les « Verts » sont rouges, et que leurs prises de position anti-nucléaires sont politiques et non pas écologiques.

    Ne faites pas le jeu des puissances internationales d’argent, obsédées par des bénéfices à court terme, y compris aux dépens de la survie de l’espèce humaine.

    Dr Jérôme Lefrançois

    Réponse
    La société du fric avec un chômage à plus de 10 % et 2 000 milliards de dettes ? Le « jeu des puissances internationales de l’argent » ? C’est m’accorder une sacrée influence. En outre, j’ai inclus dans mon analyse tous les éléments qui me situent à l’opposé du « négationnisme » (quel mot scandaleux !). Je ne fais aucun « raisonnement économico-financier. Je dis la vérité : l’activité humaine pollue depuis que l’homme existe. Notre vrai problème, c’est la démographie.
    Bien à vous
    R.L.

  3. chemali guy dit :

    Logique imparable humainement.

    Merci

Répondre à Num Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.